Malgré les tensions diplomatiques à travers l’histoire, le peuple marocain et le peuple algérien s’entendent bien et s’apprécient beaucoup. Mais malheureusement, il y a la politique et les politiciens qui sèment la discorde. Dernier en date,  la déclaration du ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, qui a accusé des entreprises marocaines de « blanchir l’argent du haschich » en Afrique.

Intervenant la veille à Alger lors de l’université d’été du Forum des chefs d’entreprise, le chef de la diplomatie algérienne a évoqué la montée en puissance des investissements marocains sur le continent au cours des dernières années, et la rivalité entre voisins maghrébins dans ce domaine.

« Les banques marocaines, c’est le blanchiment de l’argent du haschisch, ça tout le monde le sait. C’est des chefs d’États africains qui me le disent », a affirmé Abdelkader Messahel, selon des extraits de l’intervention largement partagés samedi matin sur les réseaux sociaux et Internet.

Une simple affaire politique

Tout a débuté dans les années 1840 au moment de la colonisation française en Algérie. A

Cette époque le sultan du Maroc Moulay Abderrahmane soutient la résistance de l’Emir Abdelkader, la France rentre en représailles et décide de faire la guerre au Maroc, ce qui se solde par l’échec des Marocains. Le sultan est obligé de signer un traité où il reconnait la présence française en Algérie et accepte les délimitations des frontières imposées par la France et s’engage à ne plus soutenir la rébellion algérienne. Du côté algérienne, c’est perçu comme une trahison, mais du côté marocain, au contraire, on voit ça comme une preuve de solidarité qui n’a pas aboutie. La France administre le territoire algérien comme elle le veut, elle annexe aussi certains territoires comme Tindouf, lorsqu’elle découvre des gisements de pétrole et de minerai.

Dans les années 50, le Maroc obtient son indépendance, et l’Algérie cherche la sienne. Le roi du Maroc Hassan II soutient les combattants algériens, la France lui propose de revoir les frontières, Hassan II refuse, car il estime que ça serait un coup de poignard dans le dos des frères algériens.

Il passe un accord avec Ferhat Abbas du gouvernement provisoire algérien qui prévoit des négociations pour revoir les frontières. Mais quand l’Algérie obtient son indépendance, c’est une autre faction qui prend le pouvoir, celle de Ben Bella qui n’est pas concernée par l’accord qui a été signé par le roi du Maroc. Ben Bella refuse catégoriquement de rétrocéder des territoires pour lesquels  des Algériens sont morts. Les Algériens y voient une tentative de déstabilisation alors que le pays vient tout juste d’acquérir son indépendance, qu’il est affaibli, et qu’il ne contrôle pas encore tout son territoire. Les Marocains de leur côté accusent les Algériens d’ingratitude, ils espéraient au moins un geste de la part des Algériens, sachant que le Maroc, était une base arrière pour les combattants du FLN.

Le principal parti politique de l’époque « Al Istiklal » rêve du grand Maroc, et demande la restitution de certaines villes de son territoire comme Tindouf entre autre. Les tensions montent, un coup d’état échoue contre Hassan II, une rébellion a eu en Algérie, les deux pays s’accusent mutuellement.

Une guerre éclate, le conflit était inévitable, c’est la guerre des sables, et elle durera environ un mois, les frontières restent inchangées. Plus de deux cent morts pour rien !

Dans les années 70, l’Espagne qui occupait le Sahara occidental décide de se retirer, le Maroc revendique son territoire, le dossier est confié à la communauté internationale qui juge qu’il y a des liens juridiques d’allégeance, mais pas de souveraineté territoriale.

Les Algériens qui n’ont pas été consultés décident de soutenir les indépendantistes et de soutenir le Polisario. Mais le Maroc décidé à récupérer son territoire, appelle tous ses sujets à marcher en direction du Sahara occidental, c’était la marche verte.

Les deux pays rompent leurs relations jusqu’aux années 90, mais manque de chance un attentat s’est produit à Marrakech en 1994, le gouvernement marocain décide d’imposer un visa aux ressortissants algériens, en représailles, l’Algérie décide de fermer ses frontières.

Des  différences politiques

Le Maroc l’allié traditionnel des monarchies, la Jordanie et l’Arabie Saoudite, qui elles-mêmes sont pro-occidentales, l’Algérie de son côté est plutôt l’héritière de l’Egypte nassérienne, et se range du côté des régimes bassistes et de l’OLP.

Pendant ce temps, des Marocains ont été chassés d’Algérie, des familles sont séparées ce qui donnait des situations insupportables.

Le Maroc et l’Algérie rentrent dans une spirale dans laquelle ils se disputent pour à peu près n’importe quoi, la moindre chose eut viré en incident diplomatique.

Aujourd’hui les choses changent un petit peu, avec l’immigration, on se côtoie, il y a même des métissages.

Une union maghrébine serait-elle utopique ?

En France, avec mes frères algériens, on refait le monde, et on rêve d’un Maghreb uni, à l’image de la communauté européenne. Nous parlons la même langue, nous avons les mêmes coutumes, le même physique, et la même religion. Pourquoi ne construisons-nous pas un Maghreb uni, où chaque citoyen algérien, tunisien, marocain, libyen, peut pénétrer juste avec sa carte d’identité, et même s’y installer tout le temps qui lui plaira ?

Nous avons des jeunes diplômés et talentueux dans le monde entier, pourquoi ne les ferons pas venir et construire un Maghreb fort de sa technologie et de son savoir-faire ?

Ce rêve se réalisera un jour, car c’est justement la possibilité de réaliser un rêve qui rend la vie intéressante.

Mustapha Bouhaddar pour Maghreb Canada Express, p. 12, Vol. XVI, N° 1 et 2, Janv.-Février 2018

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