Selon une source diplomatique à Bruxelles, les États-Unis pourraient forcer le rapatriement de 35.000 militaires américains des bases de l’Otan situées sur le territoire allemand, en réponse au refus de l’Allemagne d’augmenter son budget militaire.

Selon le site d’information russe « SPUTNIK » du 05/07/18, Si Berlin refuse d’augmenter son budget militaire, les États-Unis, pourraient menacer l’Allemagne de retirer 35.000 unités militaires américaines postées sur des bases de l’Otan en territoire allemand.

Le sommet de l’OTAN se tiendra à Bruxelles les 11 et 12 juillet prochains et comme prévu, le président américain Donald Trump devrait exiger que les alliés s’engagent à augmenter leurs dépenses dans le domaine de la défense d’ici le milieu de l’année 2020 afin d’atteindre l’objectif requis de 2% du PIB.

La décision d’augmenter les dépenses en matière de défense pour les pays de l’Otan avait été prise lors du sommet de Bucarest en 2014 et Trump a d’ores et déjà exhorté à plusieurs reprises ses alliés à tenir leurs engagements, menaçant de réduire la participation américaine aux programmes de sécurité générale en représailles.

Mi-juin, la chancelière allemande Angela Merkel avait déclaré que l’Allemagne augmenterait ses dépenses en défense sur les dix prochaines années: en 2019, le budget militaire allemand atteindra 1,34% du PIB, 1,5% d’ici à 2025.

Les USA et l’Allemagne ne sont-ils plus des alliés?

Selon ses sources, le Washington Post indique que face à l’escalade des tensions entre Trump et Merkel, le Pentagone analyserait déjà le coût et les conséquences d’un retrait ou d’un rapatriement à grande échelle des troupes américaines basées en Allemagne. Selon les interlocuteurs du journal, lors d’une réunion avec ses conseillers Donald Trump a été impressionné par le volume du contingent américain et s’est plaint que d’autres pays investissent si peu dans la sécurité générale en ne dépensant pas assez pour la défense. Des sources ont souligné que le Pentagone étudiait encore les différentes sanctions possibles.

Une information qui n’a pas tardé à alarmer les responsables européens qui, toujours selon le journal, tenteraient désormais de comprendre si Trump a réellement l’intention de retirer du personnel militaire du sol allemand ou si ce n’est qu’une simple tactique de négociation avant le prochain sommet de l’Otan.

La Maison Blanche a déclaré qu’ils n’avaient pas demandé au Pentagone de mener une analyse des conséquences du retrait des troupes d’Allemagne, une telle étude étant pourtant la norme. Le porte-parole du ministère de la Défense a à son tour a déclaré que de telles analyses étaient bien en cours, mais a cependant nié la possibilité d’un retrait total ou partiel des troupes américaines en Allemagne.

Selon les médias, les Etats-Unis compteraient à l’heure actuelle près de 60.000 militaires basés en Europe, notamment en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique, au Luxembourg et en Italie.

L’Europe humiliée par Trump

A chaque nouvelle décision « coup de poing » du président américain, il apparaît de plus en plus clairement que les relations transatlantiques sont en difficulté. Malgré cela, l’Europe ne semble pas prête à s’opposer à Donald Trump, préférant peut-être croire que l’homme changera d’avis avec le temps.

Mais il y a des signes que la patience s’amenuise et que beaucoup cherchent des solutions. Trump, de par son « America First » qu’il ne cesse de marteler à qui veut l’entendre, a créé un vide de leadership transatlantique que les Européens sont incapables de remplir. « Les Européens sont engagés dans une voie qui consiste à essayer de plaire au président Trump, non pas par conviction mais par espoir qu’ils le convaincront », a indiqué Jeremy Shapiro, fonctionnaire du Conseil européen des relations étrangères, au Financial Times.

Les ministres des Affaires étrangères de Grande-Bretagne, de France et d’Allemagne doivent rencontrer des responsables iraniens « pour examiner l’ensemble de la situation ». La vraie question n’est donc pas de savoir si les Européens vont rester dans l’accord iranien, mais de savoir s’ils vont résister aux efforts américains pour le mettre à terre et prendre des mesures actives pour protéger leurs entreprises et leurs banques en Iran.

Une attitude qui pourrait être jugée hostile par l’allié américain qui garde un certain pouvoir moral sur les dirigeants du Vieux continent, alors que les entreprises européennes tenteront d’éviter de se voir fermer les portes du marché US dans le cas de possibles mesures de rétorsion.

Côté européen, la stratégie à adopter divise. Alors que la France ne cesse de répéter qu’il faut continuer à tout prix le dialogue avec Trump dans l’espoir de le convaincre un jour de la nécessité de la solidarité transatlantique, la Grande-Bretagne se place davantage dans une situation de rupture. Emily Thornberry, la porte-parole du Parti travailliste pour les affaires étrangères, a déclaré mardi qu’il était temps pour les Européens d’arrêter « cette indulgence longue et inutile avec Donald Trump ».

Une Europe qui ne veut pas reconnaitre sa faiblesse

Dans les faits, les gouvernements européens ne semblent pas encore prêts à passer le pas de la séparation. Il y a un an, la chancelière allemande Angela Merkel parlait d’une Europe plus autosuffisante: « Nous devons savoir que nous, Européens, devons-nous battre pour notre avenir et notre destin », et que « nous, en Europe, devons prendre notre destin en main, nos propres mains. » Elle en a d’ailleurs remis une couche ce jeudi. « Le temps où l’on pouvait compter tout simplement sur les Etats-Unis pour nous protéger est révolu », a-t-elle déclaré. « L’Europe doit prendre son destin elle-même en main, c’est notre défi pour l’avenir. »

Par Mustapha Bouhaddar pour Maghreb Canada Express,, page 13, Vol. XVI, N° 07, Juillet 2018

 

 

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