Cet été pour endormir les Français et les distraire, afin que les députés qui siègent dans l’hémicycle puissent passer leurs lois sans être inquiétés, l’affaire Benalla tombe à pic. Tous les journaux ne parlent que de ça. C’est devenu une affaire nationale !

Qui est Benalla ?

Depuis les révélations du Monde, le 18 juillet dernier, au sujet d’Alexandre Benalla, nombreux sont ceux qui cherchent à en savoir davantage sur l’ex-garde du corps d’Emmanuel Macron. Ce serait donc par sa mère qu’Alexandre Benalla aurait rejoint à 19 ans le Mouvement des jeunes socialistes. C’est là, en 2010, qu’il va faire la rencontre d’Éric Plumer, surnommé Jaurès, et ancien chef du service d’ordre du parti. C’est ce proche de François Hollande qui intronisera Alexandre Benalla auprès de Pascale Boitard, la secrétaire nationale du PS avant qu’il ne gravisse – rapidement – les échelons auprès de Martine Aubry ou Arnaud Montebourg notamment. Et ce, jusqu’au plus haut sommet de l’État où il semblait être devenu indispensable.

Alexandre Benalla a travaillé dès 2011 à la sécurité du PS, avant d’être nommé responsable de la sécurité du candidat Emmanuel Macron en 2016, puis adjoint au chef de cabinet du nouveau président. Un parcours émaillé de plusieurs incidents.

Une ascension fulgurante

Fin 2016, Alexandre Benalla trouve un point de chute auprès d’En Marche qui le nomme responsable de la sécurité du candidat Emmanuel Macron. Un poste pour lequel il est rémunéré 3 500 euros nets par mois, selon le quotidien Le Monde. Or, plusieurs incidents émaillent son parcours. En mars 2017, lors d’un meeting d’Emmanuel Macron, Alexandre Benalla soulève un photographe au-dessus du sol parce qu’il s’était trop approché du fondateur d’En Marche ! Et, lors de cette campagne présidentielle, le responsable de la sécurité aurait commandé «deux pistolets lanceurs de balles en caoutchouc, un Flash-Ball et des boucliers anti-émeutes», d’après les informations liées à la campagne publiées dans «MacronLeaks», citées par Le Monde. Des équipements qui auraient été refusés par la direction du mouvement.

Après avoir remporté la présidentielle, Emmanuel Macron promeut Alexandre Benalla au poste de chargé de mission, adjoint au chef de cabinet du président, François-Xavier Lauch. Depuis que l’affaire a éclaté, il a été mis à pied pendant 15 jours avec suspension de salaire et démis de ses fonctions en matière d’organisation de la sécurité des déplacements du président, selon le porte-parole de l’Elysée, Bruno Roger-Petit.

Une accusation discutable

Au lendemain des révélations du Monde, un jeune militant communiste de 27 ans a accusé Alexandre Benalla de l’avoir frappé en 2016. Le jeune homme se trouvait sur les lieux d’un meeting d’Emmanuel Macron dans un atelier automobile à Bobigny le 16 novembre 2016, où il annonçait sa candidature à la présidentielle.

Les faits rapportés par Buzzfeed font état d’une discussion avec les forces de sécurité présentes, Alexandre Benalla et un de ses collègues, qui ont ce jour-là empêché le jeune militant d’entrer dans la salle où se trouvait l’ancien ministre de l’Economie, alors qu’il demandait à lui poser une question.

Non seulement les deux hommes l’en ont empêché mais ils l’ont ceinturé et l’ont expulsé, selon le témoignage du jeune homme. «Lorsqu’ils m’ont attrapé, j’ai crié car je ne comprenais pas pourquoi je n’étais pas autorisé à entrer dans la salle.

Ils m’ont ensuite emmené dans un couloir et c’est là qu’ils m’ont frappé», a-t-il affirmé à Buzzfeed. «Alexandre Benalla m’a donné un coup sur la tête et une béquille. Son collègue aussi m’a frappé à la tête. Il n’y avait rien qui justifiait cela, je n’étais pas violent. Une fois dehors, j’ai crié « allez-y, frappez-moi devant tout le monde »», a expliqué le militant.

La scène d’expulsion de la salle, relayée par Buzzfeed, a été filmée par un autre militant, tandis que le reste de l’altercation aurait échappé aux regards, selon le jeune malmené.

La chute

Benalla est, depuis le 19 juillet, visé par une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris, notamment pour « violences par personne chargée d’une mission de service public » et « usurpation de fonctions », après la diffusion d’images le montrant, grimé en policier, molestant un manifestant lors d’une manifestation le 1er-Mai à Paris.

La sanction que lui a infligée l’Elysée deux jours après les faits paraît sans commune mesure avec la gravité de ses actes : une mise à pied de quinze jours avec suspension de salaire et une réaffectation à un poste moins prestigieux… mais toujours au Palais. Lundi soir, par exemple, Benalla accompagnait l’équipe des Bleus sur les Champs-Elysées. On a déjà vu des « placards » plus sombres. Ce n’est que ce vendredi 20 juillet, 36 heures après les révélations du « Monde », que l’Elysée a annoncé avoir engagé une procédure de licenciement.

Témoignages

Je ne peux pas m’empêcher de m’interroger : Pourquoi tout ce pataquès sur une affaire ordinaire et banale ?

Car comme le montre les témoignages ci-dessous, des personnalités qui ont  côtoyé Benalla, ce dernier est loin d’être le monstre que nous décrit la presse.

Contactée par « l’Obs », Martine Aubry se souvient :

« C’était un membre du service d’ordre, pas mon garde du corps car je n’en ai jamais eu. C’était un jeune homme plutôt réservé qui m’avait dit qu’il avait repris des études de droit. »

Quand la maire de Lille perd la primaire, Benalla se rapproche de l’équipe d’Arnaud Montebourg. « C’était un mec plutôt dynamique, qui était venu nous voir, nous dire qu’il nous aimait bien », se souvient un Montebourgeois.

Un ancien du SO se souvient

« Alex est un mec bien, gentil, loyal pour son patron, sur qui tu peux compter. J’ai toujours continué à être en contact avec lui. »

Un de ses anciens camarades confirme…

« C’était une tête bien faite, qui semblait capable de pouvoir résister à la mise en valeur excessive de la virilité que peut offrir ce genre de poste. »

Je pense sincèrement que le tort de Benalla,  est d’être proche du Président de la République, et le fait qu’il soit d’origine marocaine ne plait pas aux communs des mortels CQFD.

Par Mustapha Bouhaddar, pour Maghreb Canada Express,, page 7, Vol. XVI, N° 08, Août-septembre 2018

 

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