Comme on peut le lire dans le quotidien français « Libération » du 7 septembre dernier, La chasse aux taupes au sein de l’administration américaine est ouverte après la publication d’une tribune par le « New York Times » accablant le chef de la Maison Blanche. Déjà visé par les révélations du journaliste Bob Wood Woodward, ce nouvel épisode risque de renforcer la paranoïa de Trump.

Il y a 40 ans, Bob Woodward et Carl Bernstein, avaient révélé l’affaire du Watergate, en 1972. Une affaire qui avait mené à la démission du républicain Richard Nixon. Woodward réussira-t-il à remettre ça avec Trump ? Ce n’est pas sûr !

Une procédure d’impeachment n’est pas impossible

Comme le rapporte « L’OBS » du 22 aout dernier, Donald Trump a vu, mardi 21 août, deux acteurs centraux de sa campagne présidentielle être mis en cause par la justice. Le premier, Michael Cohen, proche et ex-avocat du président américain, a violé la loi sur le financement électoral « à la demande de son client ». Le second, Paul Manafort, ancien directeur de campagne, a été condamné pour fraude fiscale et bancaire. « L’étau se resserre sur le plan juridique » pour le locataire de la Maison-Blanche, même si « rien n’est encore décisif », estime Nicole Bacharan, historienne et politologue, spécialiste des Etats-Unis.

Un autre coup judiciaire pour Donald Trump son avocat l’a personnellement impliqué devant un juge et, simultanément, son ex-chef de campagne a été reconnu coupable de fraudes à son procès.

La campagne des « midterms » sera centrée sur la question de l’impeachment. Si les Démocrates obtiennent une majorité signifiante à la Chambre des représentants, la probabilité d’une procédure d’impeachment augmente. Parce que la Chambre a des pouvoirs d’enquête considérables. Surtout, la Constitution ne précise pas la nature des « délits » qui amènent à une possibilité d’impeachment. Elle mentionne les cas de « haute trahison » ou de « crimes et délits majeurs ». C’est une définition qui semble juridique, mais qui, au fond, est essentiellement politique.

En tout cas, politiquement parlant, rien n’est encore décisif pur Trump. Ses électeurs connaissent le personnage. Les autres, ceux qui ont voté Trump faute de mieux ou parce qu’ils détestaient Hillary Clinton, vont peut-être le lâcher. Donc oui, il risque de piquer du nez dans les sondages, mais il y a peu de chance, qu’il soit abandonné par son électorat en rase campagne. En revanche, l’étau se resserre sur le plan juridique.

Premier verdict de l’enquête russe

D’après le quotidien « Marianne » du 22 aout, une autre affaire très embarrassante pour le président des Etats-Unis s’approchait de son dénouement. Paul Manafort, ex-directeur de campagne de Donald Trump, a été reconnu coupable de huit chefs d’accusation sur dix-huit, dont fraude bancaire et fiscale. Le feuilleton judiciaire est toutefois loin d’être terminé : cette décision n’est que le premier verdict de la tentaculaire enquête russe menée par le procureur spécial Robert Mueller.

En marge d’un déplacement en Virginie-Occidentale, Donald Trump a pour sa part choisi de garder le silence sur les évènements de la journée. Descendant d’Air Force One, il a simplement affirmé se sentir « très mal » pour Paul Manafort et a une nouvelle fois critiqué les enquêtes visant son entourage. « Ceci n’a rien à voir avec une éventuelle collusion russe. C’est une chasse aux sorcières et c’est une disgrâce », a-t-il affirmé.

Quel est le but recherché de la publication de la tribune du Times ?

Corentin Sellin spécialiste et politologue américain, dans une interview qu’il a donnée à « Libération » du 7 septembre dernier, trouve que le texte de la tribune est construit sur un énorme paradoxe. L’auteur de la tribune a l’air fier de contrôler le président et de permettre au pays d’éviter, prétendument, les travers de Trump. Mais dans ce cas, pourquoi écrire cette tribune et la sortir maintenant tout en sachant que cela va sûrement l’empêcher de continuer cette « résistance » ? L’une des hypothèses est que l’auteur vise à faire disjoncter Trump pour démontrer sa thèse.

Ce sera l’un des grands enjeux de la réaction du président. Par ailleurs, au point où on en est, on pourrait même se demander si cette tribune n’est pas un coup monté par Trump pour discréditer le New York Times. Plusieurs fois des médias ont semblé se laisser avoir par des pseudo-révélations sur des crises de conscience au sein de l’administration. Combien de fois le site politique Axios ou le Times ont-ils écrit par exemple que John Kelly, le chef du cabinet de Trump voulait partir ?

Dans l’heure qui suivait, il apparaissait avec Trump pour démentir. Cela ressemblait à de fausses informations distillées pour discréditer la presse. Il ne faut pas oublier que le milliardaire est engagé dans une lutte à mort avec les médias. D’autant que cette tribune génère du spectacle, des tweets, ce que Trump adore. Il y  a chez lui une forme de néronisme politique. Il aime quand ça crame, quand les institutions brûlent. Il aime le chaos.

Comme l’écrivait Georges Orwell, les masses ne se révoltent jamais de leur propre mouvement, et elles ne se révoltent jamais par le seul fait qu’elles soient opprimées. Aussi longtemps qu’elles n’ont pas d’élément de comparaison, elles ne se rendent jamais compte qu’elles sont opprimées.

Par Mustapha Bouhaddar, pour Maghreb Canada Express,, page 13, Vol. XVI, N° 09, Septembre-Octobre 2018.

Pour lire  l’édition de Septembre-Octobre 2018, cliquer sur l’image:

By AEF