Le verdict du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), dans le cadre d’une nouvelle évaluation de réchauffement global, vient de tomber ce 8 octobre 2018 aussi tranchant qu’un couperet de guillotine dans son rapport spécial sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5°C: ‘’Pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5 ºC, il faudrait modifier rapidement, radicalement et de manière inédite tous les aspects de la société’’.

Et le GIEC de préciser que ‘’Outre les avantages évidents pour les populations et les écosystèmes naturels, le fait de limiter le réchauffement à 1,5°C et non à 2 °C permettrait également de faire en sorte que la société soit plus durable et plus équitable’’.

Rappelons que l’élaboration de ce rapport spécial fut demandée par les Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) lors de l’adoption de l’Accord de Paris en 2015. 3 ans déjà à ne rien faire et à attendre un rapport qui semble venir confirmer ce qu’on sait déjà; À savoir que :

  • Les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1 °C (augmentation déjà atteinte) ‘’sont bien réelles, comme l’attestent l’augmentation des extrêmes météorologiques, l’élévation du niveau de la mer et la diminution de la banquise arctique’’;
  • Toute augmentation supplémentaire de la température, aussi minime soit-elle, a son importance, d’autant plus qu’un réchauffement de 1,5 ºC ou plus augmentera le risque associé à des changements pérennes ou irréversibles, tels que la disparition de certains écosystèmes», et ce, selon M. Hans-Otto Pörtner, coprésident du Groupe de travail II du GIEC qui tint d’ajouter que ‘’le fait de limiter le réchauffement planétaire donnerait la possibilité aux populations et aux écosystèmes de s’adapter et de rester en-dessous des seuils de risque pertinent’’ face à des changements inévitables dus  à l’inertie du système climatique qui continuera d’interagir malgré l’arrêt des émissions des gaz à effets de serre (NDLR).

Mission impossible

Par ailleurs, et selon un communiqué de presse du GIEC concernant ce rapport, la limitation du réchauffement planétaire à 1,5 °C nécessiterait des transitions «rapides et de grande envergure» dans les domaines de l’aménagement du territoire, de l’énergie, de l’industrie, du bâtiment, du transport et de l’urbanisme… Autant dire ‘’Mission impossible’’ pour les pays les plus démunis qui auront à subir de plein fouet les impacts des changements climatiques.

Et le scepticisme de voir un Monde meilleur pour les génération à venir de se rétrécir comme une peau de chagrin quand on lit dans ce communiqué que ‘’les émissions mondiales nettes de dioxyde de carbone (CO2) d’origine anthropique devraient être réduites d’environ 45 % par rapport aux niveaux de 2010 d’ici à 2030, et il faudrait atteindre un «bilan nul» des émissions aux alentours de 2050, ce qui signifie que les émissions restantes devraient être compensées en éliminant du CO2 de l’atmosphère’’ !

M. Jim Skea, coprésident du Groupe de travail III du GIEC croit peut-être nous rassurer en déclarant que «Du point de vue des lois de la physique et de la chimie, la limitation du réchauffement planétaire à 1,5 ºC est possible» .

Bien-sur  M. Skea ! Ce n’est pas la science qui est contre l’homme, mais c’est l’homme qui s’acharne contre lui-même ! Faut-il le rappeler à M. Trump qui s’est retiré de l’Accord de Paris et aux grands pollueurs qui détiennent les moyens de faire les réductions qui s’imposent? Mais qui détiennent aussi la force létale pour ne pas se laisser dicter leur conduite!

On exagère ? Qu’on attende la Conférence sur les changements climatiques qui se tiendra dans la ville polonaise de Katowice en décembre prochain et lors de laquelle les gouvernements feront le point sur l’Accord de Paris concernant les changements climatiques; Conférence pour laquelle ce nouveau rapport du GIEC va servir d’Élément scientifique clé.

Et en attendant un réchauffement autour des tables des négociations, chaque minute qui passe verrait 60 personnes se déplacer à cause du réchauffement climatique à travers le monde. D’autres sources parlent d’environ 140  millions de réfugiés climatiques d’ici 2050.

Les pays les plus nantis doivent agir !

Mais ironie du sort, le Québec connu jusqu’à présent pour ses énergies propres, semble maintenant aller de l’avant pour lutter davantage contre les conséquences des changements climatiques que contre leurs cause, et ce, en mettant de l’avant une politique de réduction de 20% de son immigration sous prétexte de bien intégrer les 80% restants… Une intégration qui ressemble davantage à une assimilation quand on voit l’intransigeance affichée par le nouveau parti au pouvoir (CAQ) à l’encontre des minorités religieuses qui devraient se départir de leurs signes religieux pour accéder à certains emplois d’autorité… Comme si c’est le Turban, la Kippa ou le Hijab qui prennent la décision et non le cerveau qui est en dessous !

Par A. El Fouladi, pour Maghreb Canada Express, page 3, Vol. XVI, N°10 , Octobre-Novembre 2018.

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