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violence-conjVoilà un sujet qui mérite toute l’énergie et la concentration de nos politiques. Au lieu de ça, ils ont fait une fixation sur le port du foulard et du burkini, cette dernière décennie. Stigmatiser les musulmans de ce pays, ça rapporte des voix.

100ème féminicide de 2019: un rassemblement à Paris contre les violences conjugales

Alors que les féminicides ont déjà fait plus de 100 morts depuis le début de l’année, le gouvernement a lancé, le 3 septembre, à Matignon, un « grenelle sur les violences conjugales », que les associations et proches de victimes de féminicides espèrent voir déboucher sur des mesures immédiates et des moyens accrus.

Le Premier ministre, Édouard Philippe, doit annoncer « les premières mesures d’urgence visant à renforcer la protection des victimes« , ont indiqué ses services. « Des mesures supplémentaires concertées de manière collective arriveront plus tard », a ajouté son entourage.

Devant des responsables associatifs, acteurs de terrain, policiers, gendarmes, magistrats ou encore avocats, plus de 10 membres du gouvernement, dont Marlène Schiappa (Égalité femmes-hommes), Nicole Belloubet (Justice) et Christophe Castaner (Intérieur), animeront des « ateliers » sur la prévention des violences, la « mise à l’abri et l’accompagnement » des victimes, ou la « sanction » des auteurs violents. « On souhaite avoir un vrai travail interministériel mais surtout collectif avec les associations », a-t-on indiqué à Matignon.

Les premières mesures du gouvernement

Première mesure d’urgence, le gouvernement va mobiliser 5 millions d’euros pour créer, à partir du 1er janvier 2020, 1 000 nouvelles places d’hébergement et de logement d’urgence destinées aux femmes victimes de violences conjugales. Ces places, qui s’ajouteront aux quelque 5 000 existantes, se déclineront en 250 places « dans les centres d’hébergement d’urgence, pour assurer des mises en sécurité immédiates », et 750 places de « logement temporaire », pour des périodes comprises entre 6 mois et un an, a précisé le chef du gouvernement en ouvrant le Grenelle consacré à la lutte contre les violences conjugales. Le gouvernement va également « généraliser la possibilité de porter plainte à l’hôpital » pour les victimes de violences conjugales. « Quand une femme se rend aux urgences pour coups et blessures, c’est déjà suffisamment pénible. Si elle doit retourner chez elle avant de porter plainte, elle retrouvera son conjoint qui risque de la menacer », a fait valoir le chef du gouvernement. La possibilité de porter plainte à l’hôpital sera généralisée « à partir du 25 novembre », date de la fin de ce Grenelle a-t-il précisé.

Autre annonce, des « procureurs référents spécialisés » dans les violences conjugales seront identifiés « dans les 172 tribunaux de France métropolitaine et outre-mer », et des chambres d’urgence seront expérimentées. « Nous expérimentons ces chambres d’urgence pour que les dossiers soient traités en 15 jours avec une meilleure articulation des différents acteurs judiciaires. La première expérimentation aura lieu à Créteil », a précisé le chef du gouvernement. Il a évoqué en outre une proposition de loi portée par le groupe LREM pour une mise en place effective du « bracelet électronique anti-rapprochement », y compris « avant toute condamnation » dans le cadre d’un contrôle judiciaire ou d’une ordonnance de protection.

Les associations se veulent néanmoins également « vigilantes », notamment face au risque que l’événement se résume à une « opération de communication de la part du gouvernement ». « On ne veut pas un Grenelle des fake news. […] On souhaite que ce qui va être annoncé soit budgété, soit concrètement réalisé. L’attente est énorme. Les 100 femmes qui ont été assassinées [depuis le début de l’année] nous obligent », a souligné Anne-Cécile Mailfert.

Il faut dire qu’en France, la femme a toujours eu une place à part.

Avant, elle ne peut travailler sans l’accord de son mari ni ouvrir de compte en banque à son nom propre. Mais le combat ne s’est pas arrêté là. Il a fallu attendre très longtemps pour qu’elle ait l’autorisation de porter un pantalon ou avoir accès à toutes les écoles hexagonales.

1907 Les femmes mariées disposent de leur salaire. Avant ça, tout revient à son mari. C’est aussi cette même année que le conseil des prud’hommes autorise les femmes à siéger.

1924 Avant cette date, il est impossible pour une femme de passer le baccalauréat. Une femme l’a pourtant fait : Julie-Victoire Daubié, en 1861 qui fut autorisée à le passer. Léon Bérard, ministre de l’Instruction publique sous Raymond Poincaré, institue le même enseignement secondaire que ce soit pour les filles ou les garçons. Tout le monde peut désormais passer le bac.

1946 Ouverture du statut de juge pour les femmes. L’une des premières sera Simone Rozès, en 1949, qui deviendra première femme président de la Cour de cassation, en 1984.

1970 Le gouvernement Chaban-Delmas apporte une autre pierre notoire à la reconnaissance du statut de femme indépendante : il supprime le «chef de famille». Le couple régit de concert le ménage dans les dépenses et les choix de vie et d’éducation. L’autorité parentale vient de naître. Pourtant, 45 ans plus tard, la pilule ne passe toujours pas.

1972 Polytechnique devient complètement mixte, tout comme HEC. La même année, huit femmes y entrent et l’une sera major de promotion : Anne Chopinet. Les autres grandes écoles se sont déjà ouvertes à la mixité : Chartres (1906), les Ponts et Chaussées (1959), les Mines (1969).

1975 La mariée a désormais droit à un peu d’intimité. Son mari ne peut plus ni lire ses lettres ni décider pour elle de ses relations. La même année, tout enseignement ou spécialité de l’enseignement supérieur est accessible pour les garçons et les filles.

Par Mustapha Bouhaddar pour Maghreb Canada Express, page 13, Vol. XVII, N°9 , SEPTEMBRE 2019

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