Le Maroc fait partie des pays où les grandes multinationales françaises aiment investir à  l’image de Total qui a délocalisé ses boites de service à Casablanca. Il faut dire que le Maroc peut compter sur les jeunes des deux dernières générations qui sont souvent des ingénieurs très brillants. Pour pasticher les Français, on peut dire que le Maroc n’a pas le pétrole, mais il a des idées.

Dans un dossier le « Point » du 11/07/19, annoncé en couverture sous le titre : « Maroc, la nouvelle puissance», la publication note, dans un article introductif, que le Royaume qui «n’a que peu de ressources naturelles à sa disposition, à part les phosphates», s’est mis tôt à l’œuvre pour se construire de ses mains.

L’hebdomadaire évoque dans ce cadre un dernier rapport «au ton positif pour le Royaume» dans lequel le directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), Mutsuhito Furusawa, a indiqué que «le Maroc a considérablement progressé dans la réduction des vulnérabilités nationales au cours des dernières années».

Le Maroc a pour lui l’avantage d’une histoire multiséculaire, affirme la publication sous la plume de son envoyé spécial, Luc de Barochez, qui a relevé «les bons choix politiques» faits par le Maroc. «Son pluripartisme date du début des années 1930, bien avant l’indépendance de 1956; il a perduré même dans les périodes les plus tendues», a notamment écrit le journaliste en rappelant le choix fait par le Maroc pour le camp occidental et l’économie de marché.

Le Point évoque, par ailleurs, l’adoption par référendum de la Constitution de 2011 et l’avènement au gouvernement du Parti de la justice et du développement (PJD), qui s’en est suivi. S’agissant des « fragilités » dont souffre néanmoins le Maroc, l’hebdomadaire les situe notamment au niveau du poids de l’économie informelle, des systèmes publics d’éducation et de santé, des inégalités et de la fuite des cerveaux vers l’Europe et l’Amérique.

Sous le titre : « Ici se dessine le Maroc de demain», la publication traite également des grandes réalisations urbanistiques du Maroc, notant que «de Rabat à Casablanca en passant par Tanger, les grands studios d’architecture rivalisent d’audace». Le dossier réservé au Maroc par l’hebdomadaire comporte aussi un reportage sur la formation des imams, dont l’auteur relève notamment que face aux fondamentalistes, le Royaume promeut un Islam de «juste milieu».

Performances économiques remarquables

Le Maroc fait désormais figure de laboratoire d’une trajectoire de développement intéressante à analyser, notamment de par son positionnement euro-africain et son ambition de devenir le « hub » économique en direction du continent. Il n’y a qu’à observer la transformation structurelle de l’économie marocaine au cours des vingt dernières années.

Dans un environnement global caractérisé par un ralentissement de la croissance de l’économie mondiale ayant notamment impacté celle de l’Union européenne depuis la crise financière de 2008, l’économie marocaine a progressé en termes réels à un taux annuel moyen de 4,2% entre 2000 et 2019.

À partir de 2014, le premier produit exporté par le Royaume devient l’automobile. Plusieurs experts estiment que « le Maroc devrait même dépasser la production automobile de l’Italie à partir de 2021, avec une capacité de mise sur le marché d’environ un million de véhicules par an ».

S’agissant de l’aéronautique, la présence de Safran, ou encore Bombardier et des services délocalisés permettent au secteur de connaitre une trajectoire similaire à celle de l’automobile.  C’est en devenant une nouvelle puissance exportatrice industrielle que le Maroc a pu accroître considérablement ses importations.

L’entrée du Maroc dans la CEDEAO pourrait ainsi lui permettre d’augmenter son niveau de commerce avec la zone et de confirmer ses excédents commerciaux. Cela aurait pour conséquence une amélioration de sa balance des paiements.

Le renforcement de ces partenariats permettrait au pays de bénéficier de plusieurs clauses commerciales pour l’extension de son réseau industriel et de sa clientèle commerciale. L’ouverture vers l’Afrique subsaharienne permettrait aux entreprises marocaines d’avoir de nouvelles opportunités.

Le temps des grandes décisions

D’après une tribune dans « les Echos » (22//08/19)  de Sébastien Laye (chercheur associé en économie à l’Institut Thomas More), « Ce n’est pas l’ambition publique qui fait défaut à l’économie du Maroc. Il suffit pour s’en convaincre d’apprécier Tanger Med, ce port (et plate-forme industrielle) récemment étendu, accueillant 8.000 entreprises et porte logistique ouverte sur l’Afrique par le détroit de Gibraltar : rares sont les pays africains qui peuvent s’enorgueillir d’une telle infrastructure.

C’est avant tout la commande publique et le tourisme qui ont alimenté un taux de croissance moyen aux alentours de 3-4 % ces dernières années : un taux certes appréciable, mais en deçà des taux africains miraculeux qui conféreraient au Maroc le statut d’une véritable puissance économique émergente. Porte d’entrée vers l’Afrique pour les entreprises occidentales à la remarquable stabilité politique, facilité de recrutement et de talents, dynamisme des banques et de l’export vers le reste du continent, solidité des secteurs touristiques et immobiliers : les atouts de l’économie marocaine sont bien connus ; mais il convient aussi de se demander quelles en sont les faiblesses et surtout comment le Maroc peut accéder au rang de vraie puissance émergente africaine. »

Mohamed VI, vingt ans de règne

Les succès de l’économie marocaine sont indéniables, comme le traduit le recul impressionnant de la pauvreté, passée, en vingt ans, de 15 % à 4 % de la population. Le Maroc de Mohammed VI s’industrialise, se modernise et projette sa puissance vers l’Afrique de l’Ouest, devenue terre de conquête pour les entreprises du royaume.

Mais, les déséquilibres sont territoriaux – la richesse se concentre dans les villes au détriment des campagnes – et ils sont aussi éducatifs. L’école publique est souvent défaillante et les classes aisées se ruent sur le privé. Les femmes restent largement moins alphabétisées que les hommes.

Les inégalités se retrouvent aussi dans le système de santé. Les Marocains doivent payer, en soins, ce que l’État ne dépense pas pour eux. En cause, une fiscalité qui, au lieu de répartir les fruits de la croissance, les concentre sur les classes aisées. Résultat, le Maroc est 123e pays sur 188 à l’indice de développement humain calculé par les Nations unies. L’Algérie est 83e et la Tunisie 97e..

Par Mustapha Bouhaddar pour Maghreb Canada Express, page 11, Vol. XVII, N°9 , SEPTEMBRE 2019

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