Au moment où nos faits et gestes, notre mode de vie et même notre façon de mourir deviennent suspects dans les pays d’adoption, au moment où certains citoyens des pays d’accueil nous crachent leur haine et leur mépris sans gêne aucune comme, à titre d’exemple, cet ancien soldat (probablement  de ceux qui sont allés civiliser l’Irak et l’Afghanistan) qui écrivit ‘’une terroriste de moins’’, en commentant la mort tragique d’une marocaine au métro de Montréal, le 30 janvier dernier, et au même moment où ce nouveau croisé se dit “content” que cette mère de famille soit morte d’une façon si horrible,  à ce moment-même, et du fin fond du parlement marocain,  l’USFP (*) nous fait miroiter, à nous MRE, 30 députés à la chambre des représentants marocaine et le vote, à domicile, pour défendre nos intérêts !

Faut-il en rire ou exploser de rage?

Trêve d’opportunisme politico-politique ! Ces ’’initiatives’’ répondent-elles vraiment aux attentes des MRE ou juste à celles d’une poignée de présidents de (certaines) associations (toujours les mêmes) en mal de finir leur carrière dans le confort douillet des fauteuils du parlement marocain ?

Je me trompe ? Qu’on fasse une consultation populaire sur la question (en utilisant ces mêmes techniques avec lesquelles on compte nous accorder le vote à domicile) et on sera surpris à tel point les MRE sont scandalisés de voir certains politiciens de leurs pays d’origine ainsi que certains leaders MRE autoproclamés se mettre en connivence pour dilapider l’argent du contribuable marocain !

On sera surpris à tel point on est consterné de voir ces leaders monter aux barricades, quand leurs propres intérêts sont menacés, et devenir aphones quand les intérêts des MRE (et c’est le cas actuellement dans certains pays comme le Canada) sont menacés !
L’histoire est en train de se répéter avec la proposition de l’USFP .

Pour cette Histoire nous avons déjà répondu en novembre 2011 par ce qui suit:

Pour la majorité silencieuse, et la minorité qui n’arrive pas à se la fermer (et dont nous faisons partie) : Se prévaloir de nos droits d’être électeur et éligible au Maroc, pour les législatives, pourrait être un cadeau empoisonné, qui risque de diluer nos problèmes dans ceux de la majorité écrasante des marocains et marocaines restés au pays. En effet, les quelques députés que nous pourrons avoir proportionnellement à notre nombre, vont être bâillonnés par l’écrasante majorité.

Il ne sert donc à rien d’écraser le pauvre contribuable marocain sous le poids, très lourd soulignons-le, des frais conséquents à notre représentativité pour aller somnoler sur les fauteuils douillets du parlement ou pour aller crier des slogans ou passer des messages qu’il serait plus aisé de passer par le biais de notre Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME)… qui est maintenant constitutionnalisé et à qui il ne reste que le fait d’être une structure démocratique et représentative.

Et c’est dans ce chantier que nous devons nous investir !

Et pour cause ! Car le CCME pourrait devenir notre parlement ou, à la limite, un fort lobby qui va directement traiter avec les membres du gouvernement, au lieu d’aller brûler nos cartes devant des partis politiques (qui , eux, ont le sens de la comptabilité électorale) ou d’essayer de se faire entendre dans la cacophonie parlementaire sur des questions qui ne concernent ni routes à construire, ni politique d’emploi, ni soins de santé. Les questions qui nous intéressent sont comment régler nos problèmes avec les administrations locales et surtout Comment pourrions-nous devenir un pont humain qui va rendre fluides les échanges économiques, politiques et sociaux entre nos pays de résidence et notre pays d’origine, dans un monde qui ne cesse de se globaliser !

À la lumière de ce qui est en train de se passer actuellement en terre d’accueil, nous invitons nos leaders associatifs à s’investir davantage dans le débat sur place, au lieu d’afficher un silence (qui sonne) calculé et au lieu de conduire leur destinée (et la notre)  les yeux rivés sur le rétroviseur de leur folie des grandeurs.

Le fait d’avoir des “fauteuils” (on ne parle pas de sièges !) dans le parlement marocain ne résoudra en rien nos problèmes ni là-bas ni sur place. C’est dans les instances politiques des pays d’accueil où il faut exercer son leadership, et ce, dans l’intérêt et des pays d’accueil, et du pays d’origine !

Et qu’on se le dise une fois pour toute : Le pays d’origine a déjà assez donné ! Il est temps de se sevrer et il est temps de renvoyer l’ascenseur !

Par Abderrahman El Fouladi (Maghreb Canada Express)

Note:
(*) USFP : Union socialiste des forces populaires (Parti marocain de gauche)

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