Les dernières semaines de 2013, et les premiers jours de la nouvelle année, furent marqués par des phénomènes météorologiques extrêmes qui viennent rappeler aux Humains que seule la nature détient le Monopole de la Force… Seule la Nature peut encore avoir le dernier mot .

Comme pour faire un croque-en-jambe à cette vérité universelle, les spécialistes y sont allés avec leurs explications rassurantes ; car ce qui fait paniquer le plus c’est le fait de se trouver plongé dans l’épaisse obscurité de l’ignorance !

Et du coup, on se sent rassuré d’apprendre que tout ce qui s’est passé n’est dû qu’au déplacement, vers le sud, de ce que certains qualifient de « pôle météorologique » (ou vortex polaire) généralement situé aux alentours du pôle Nord, déplacement qui provoqua des vagues de froid exceptionnelles (aux USA par exemple) et des vents tourbillonnaires ailleurs.

EST-CE GRAVE DOCTEUR ?

Ce serait la bonne question à poser à ceux qui tentent de rassurer la population avec de simples explications quant à la nature du phénomène et non à ses origines. Car ce qui se passe (à répétition, soulignons-le) pourrait être un signe (encore un) de réchauffement climatique !

Quoi ?  Exploseront les sceptiques. «On nous parle de réchauffement climatique alors que l’hémisphère nord est plongé sous un froid sibérien ! »

Hélas, quand on parle de réchauffement, c’est de réchauffement global de la planète dont il s’agît. Faut-il rappeler qu’au moment où le Texas grelottait sous le froid, il a fait des températures “printanières” en Alaska ? ! Et c’est toute cette circulation des masses d’air, du sud vers le nord, qui serait responsable de ce que nous pourrions qualifier de dérèglement climatique: Vagues de froid, précipitations (liquides et solides) records par endroit, sécheresses de plus en plus prolongées ailleurs, extrêmes météo drastiques et raz-de-marée seraient les conséquences de ce dérèglement climatique (lequel est le signe avant-coureur du réchauffement global); conséquences auxquelles il faut s’habituer dorénavant.

LE MALHEUR DES UNS…

Et si la tendance se maintient, on va avoir un Sud de plus en plus désert et un Nord de plus en plus vert. Le tout avec de plus en plus de paradoxes météo.
Tenez par exemple, alors que la planète va se réchauffer globalement, l’Europe pourrait connaître une mini ère glacière !

Comment donc ?

Hé bien, ce qui atténuerait le froid en Europe présentement c’est la circulation océanique (Gulf-stream) qui fait pomper l’eau chaude au niveau des tropiques, la fait monter tout au long de la côte-Est américaine, la fait passer vers le Groenland puis l’Irlande, la fait descendre vers les Açores pour la renvoyer vers les Bahamas . Et le cycle recommence !
Cette pompe naturelle de chaleur va s’essouffler avec la Hausse de la température globale de l’océan. Et plus la température au Nord tend vers celle des tropiques, plus la trajectoire du Gulf-stream pourrait migrer vers le sud; laissant l’Europe sans cette source régulatrice de sa température.

Conséquence : Davantage de neige et de froid l’hiver et plus de tempêtes et d’orages les autres saisons.

ET DES PAYS COMME LE MAROC DANS TOUT CELA ?

La métaphore voulant que “le Maroc serait pris entre le Marteau de la hausse du niveau moyen de la mer et l’enclume de la désertification” n’aurait jamais été plus d’actualité que maintenant; Somme toute, deux océans : L’un solide et l’autre liquide qui pourraient gruger de plus en plus de terrains utiles.

La mini tempête qui avait frappé les côtes marocaines, le 7 janvier dernier, serait un wake up call qu’il ne faudrait pas prendre à la légère : La mer, en un temps très court (et avec des vagues somme toute modestes), a rejeté sur les routes et les espaces côtiers des tonnes de pierres et de détritus ; Une sorte de “retour à l’expéditeur” de toutes les immondices qu’on y jette (…)

Morale de l’histoire ? Le Maroc est chanceux (économiquement) d’avoir 3500Km de côtes. Mais « climatiquement » parlant, cette chance pourrait devenir un cauchemar pour le pays. D’où la nécessité de lancer une étude globale (De Saidia à Lagwira) sur la vulnérabilité de la côte marocaine face aux changements climatiques. J’ai personnellement défendu cette idée dans toutes les rencontres scientifiques auxquelles j’ai pu assister au Maroc. Ce qui vient de se produire en souligne peut-être la nécessité (et l’urgence) et met en exergue le fait que des pays, comme le Maroc, sont beaucoup plus concernés par des politiques d’adaptation que par des politiques dites d’atténuation (ou de mitigation) face aux aléas des changements climatiques.

Longtemps on n’a pas cru aux changements climatiques, et quand on a commencé à y croire, on perd davantage de temps à camoufler la responsabilité des Hommes qu’à passer à l’action pour éviter le pire.

Est-ce grave ? Mon père est mort sans jamais admettre que la Terre soit ronde et tourne sur elle-même. Cela n’a pas empêché la Terre de continuer de tourner après sa mort…
Nous passerons, nous aussi, de vie à trépas et certains, parmi nous, emporteront avec eux leur scepticisme quant aux changements climatiques… Ce qui n’empêchera pas la planète de se réchauffer.

Où est le problème ? Dirait-on. Le problème c’est que le principe de Précaution s’applique dans le cas du réchauffement de la planète et non dans celui de la rotondité et du mouvement de la Terre sur elle-même.

Par précaution nous devons agir (qu’on y croit ou qu’on soit sceptique). Car nous n’avons pas le droit de mettre en péril l’Avenir des générations à venir par notre simple entêtement.

Abderrahman El Fouladi / Maghreb Canada Express.<

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