En parlant de masques, il y en a ceux qui les portent transparents. Il y en ceux qui naissent avec. Il y en a ceux qui n’en ont pas besoin car ils ont « sab3 oujouh » (plusieurs faces). Et… il y en a (les pires) ceux qui oublient leur masque et se comportent stupidement comme s’ils en ont un sur le visage ! Ceux là me font penser au parachutiste téméraire qui saute dans le vide tout en oubliant son parachute dans le cockpit !

Et dans ce débat autour du projet de charte des valeurs québécoises, tous les masques furent permis un certain temps. Mais voilà qu’en fin de parcours, les masques qui tombent , qui s’envolent ! Pour laisser la place à un dialogue de sourds. Pour laisser les portes grandes ouvertes à l’incompréhension, voire à une sorte de xénophobie teintée de haine !

DE LA DISCUSSION JAILLISSENT LES ÉTINCELLES

Loin de moi l’idée de vouloir accuser le gouvernement, lui aussi, de porter un quelconque masque : J’ai récolté assez d’ennuis avec ces éditoriaux et je viens même, tout récemment, de recevoir sur la gueule l’étiquette d’intégriste (il ne manque plus que ça!), avec en prime l’aimable invitation, très citoyenne, de plier bagages et de retourner d’où je suis venu, il y a plus de 22 ans ! Mais retourner où après tant d’années ?

Inutile de dire que j’ai décliné courtoisement cette aimable invitation. Quant à l’étiquette d’intégriste, les rides sculptés sur mon visage, par une vie où j’ai vu des vertes et des pas mures, empêchent cet autocollant d’élire domicile sur mon front.

Toutefois, une question ne cesse de me brûler les lèvres: Lequel est le plus dangereux pour notre pays d’accueil ? Un masque ou un Hijab? Autant se masquer la tête, que de se masquer ce qu’il y a dedans !

Et qu’en est-il de ce message du gouvernement ;’’le temps est venu de nous rassembler autour de nos valeurs communes’’ . Certains pures et durs se croient seuls visés et ils ont ajouté au message les mots ’’Contre les musulmans’’ !

J’avais longtemps rêvé d’une intégration bidirectionnelle où on prend ce qu’il y a de mieux chez notre prochain et où on lui donne, en retour ,ce que nous avons de plus cher.

Le réveil fut brutal ! Et du haut des réseaux sociaux on m’interpella : « Soit vous acceptez nos valeurs et que vos femmes enlèvent leur hijab, soit vous allez dans une société qui accepte vos valeurs !»

Mon contradicteur ne parlait ni de Kippa ni de kirpan ! Et pour cause: Il croit dur comme fer que le Québec n’a jamais eu de problèmes avec ses minorités… Jusqu’à l’arrivée des musulmans qui profitent « de nos lois et de nos chartes pour demander des accommodements révoltants !» Et de message en message (on en a échangé plus de 150), voilà que mon contradicteur me jeta à la gueule : ‘’On ne vous entend pas, vous les musulmans modérés… À moins que mon ami serbe ait raison: un musulman modéré, ça n’existe pas’’.  Il ne manquait que le Serbe ! Et pourquoi pas Srebrenica pendant que nous y sommes ?

Et du coup je me demandai  s’il n’y a pas derrière toute cette haine un agitateur, du genre de ceux qui agitent les peuples, comme on agite un médicament avant de s’en servir ? Car sinon, pourquoi ne pas tabler sur les forces vives des minorités religieuses ainsi que sur leur différence pour donner un essor économique et diplomatique au Québec dans les pays d’origine de ces minorités ?

LOGIQUE DE CONFRONTATION

Mais dans le Québec de cette fin d’année, les extrêmes semblent inconciliables. Et ce serait de l’hérésie que de dire aux uns que le hijab ne remplit plus sa mission; du moment qu’il attire beaucoup plus l’attention sur la femme qu’il ne lui permet d’être discrète.

Ce serait également de l’intégrisme que de dire aux autres que ce bout de tissu avilit moins la femme que les panneaux publicitaires arborant des corps de femmes quasiment nues !

Qui a tort ? Qui a raison ? Quand il y a le feu, on ne perd pas un temps précieux à chercher le pyromane . Il faut d’abord éteindre le feu.

L’instant est historique et, à tout chacun de prendre ses responsabilités devant notre histoire commune , l’histoire du Québec d’aujourd’hui, le Québec de demain.

Et devant ce feu de passions qui risque de devenir incontrôlable, la neutralité de l’État n’est pas de mise, n’est plus permise car ce sont les plus démunis, les handicapés économiquement des minorités qui vont écoper : Les plus nantis auront vite fait de s’envoler vers des cieux plus accueillants.

Joyeuses fêtes, joyeux Noël et que la Nouvelle année 2014 nous apporte la Paix sociale dans son sillage !

Fait à Montréal, le 5 décembre 2013, Par A. El Fouladi

Pour Maghreb Canada Express.

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du mois de Décembre 2013 :

 


 

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