Par Abderrahman El Fouladi, Ph.D., Climatologue.
Des changements climatiques, la Terre en a connus sous toutes les formes et à tous ses âges géologiques. Pour faire simple, et sans plonger dans des explications scientifiques élaborées et indigestes, on peut classer grosso modo ces causes de perturbations en deux catégories :
1) Les causes extérieures (dues au bombardement de la Terre par des météorites, au changement de l’intensité du rayonnement solaire, au rapprochement de l’orbite de cette planète bleue de l’astre-barbecue qui est le soleil, etc.) et …
2) Les causes terrestres proprement dites (dues au changement de l’inclinaison de l’axe des pôles par rapport au plan orbital, aux éruptions volcaniques intenses, à la perturbation des puits des gaz à effet de serre qui sont le couvert végétal et forestier ainsi que les océans…)
Ces causes ont un impact direct sur le bilan énergétique qui nous garantit une température vivable.
Comment ? Diriez-vous !
Encore pour faire facile, la Terre est physiquement un corps « gris », car contrairement aux corps noirs, elle absorbe une partie du rayonnement solaire à onde courte et en réfléchit une partie sous l’effet de son albédo régional (fort là où il y a une couverture neigeuse; moins fort là où c’est sombre).
La partie du rayonnement solaire absorbée est transformée en chaleur et elle est réémise vers l’espace sous forme de rayons à onde longue (infrarouge).
Or si les rayons à onde courte traversent allègrement l’atmosphère pour faire ‘’bronzer’’ la Dame-Terre (qui se prélasse autour de son axe 24 heures durant et qui déambule 365 jours autour du soleil), il n’en va pas de même pour les rayons infrarouges dont une bonne partie est retournée ‘’à l’expéditeur’’ en butant sur les molécules des gaz à effet de serre en suspension dans l’atmosphère; véritable grille qui ne permet pas d’être traversée par n’importe quelle (longue) longueur d’onde.
Et comme le malheur des uns fait le bonheur des autres, c’est justement ce refus de la part des gaz à effet de serre de se faire ‘’violenter’’ qui garantit une température confortable sur notre planète; ayant permis à la vie (y compris à la nôtre) de se développer grâce au ‘’bon’’ effet de serre; l’effet de serre naturel.
Or (comme pour le cholestérol), il y a le bon et le mauvais… effet de serre !
Le mauvais effet de serre
Quand les causes citées ci-dessus viennent perturber l’arrivée du rayonnement solaire (ondes courtes), il n’y a pas assez d’absorption, donc pas assez d’infrarouge. La planète devient blanche; Ère glacière oblige !
Mais quand ces causes injectent des cochonneries allant des particules fines en suspension, au dioxyde de Carbonne (CO2), en passant par le méthane (plus de 20 fois plus fort que le CO2), la planète Terre tend à devenir un désert.
Youpi ! S’écrieraient les sceptiques. Et d’ajouter : « Pourquoi s’en faire du moment que la Terre a déjà connu des déboires et que ce n’est qu’une question naturelle de cycles? »
Ouais.. Sauf que depuis le début de l’ère industrielle, aucune des causes majeures mentionnées ci-dessus n’est rentrée sur la piste de dance… à l’exception des causes, hélas, anthropiques !
Il y a eu, certes, ici et là, quelques irruptions volcaniques, mais rien d’inquiétant. Il y a eu aussi quelques bombardements de météorites mais rien de comparable à celles anthropiques lors de toutes ces guerres depuis la première guerre mondiale jusqu’à celles conséquentes aux malheureux événements (oh combien regrettables !) ayant suivi la destruction des tours jumelles du World Trade Center.
Toutes les bombes, toutes les minutions employées dégagent des gaz. Et plusieurs armées ont des services spécialisés pour étudier « L’environnement des champs de bataille »… Y compris celle des États-Unis. Mais c’est top secret et ce n’est pas notre modeste journal qui va lever un lièvre aussi gros et qui relève d’une chasse aussi bien gardée… Même si nous ne croyons absolument pas à la théorie du complot et que nous nous contentons de croire juste … au complot.
Heureux cependant de constater que la communauté internationale tend vers l’unanimité quant à la réalité du réchauffement de la planète ainsi qu’à la nécessité d’agir sans délai pour y mettre un terme. C’est du moins la mission que s’est fixée la COP21 dont les travaux vont débuter ce 30 novembre et dont le scoop fut hélas occulté par les attentats abjects perpétrés par des illuminés qui ne voient pas plus loin que des considérations bassement de bas étage.
La COP21, Mission impossible ?
La COP21 ‘’rêve’’, soulignons-le, d’obtenir un accord universel et contraignant pour faire face à la première problématique des changements climatiques : Celle concernant son atténuation; La seconde problématique étant l’adaptation et l’augmentation de la résilience des populations et des systèmes face à ces changements.
Bonne chance… Sauf qu’un rêve reste un rêve et que la Terre n’a pas un thermostat en quelque part qu’on règle à la température voulue pour que le tour soit joué. Et, à supposer qu’au lendemain de la COP21, tout les pays arrêteraient leurs émissions de gaz à effet de serre, le système climatique fera des décennies; voire deux ou trois siècles à se stabiliser. Rêver d’arrêter le processus, c’est comme croire que le mécano peut arrêter, rien qu’en traînant dehors son pied, un train qui a perdu ses freins et qui commence à descendre la pente… Inertie de la mastodonte oblige… Et c’est physique; Point.
Il devient donc de plus en plus urgent de s’occuper sérieusement du sort des populations directement exposées dans les zone vulnérables et qui risquent de connaître une mobilité humaine allant en s’aggravant. Ceci bien-sûr sans renoncer aux stratégies d’atténuation.
La solution serait peut être dans les mains de la COP22, dont le Maroc, pays organisateur, est sur la ligne de feu; du fait qu’il subit une pression migratoire aussi bien interne que régionale.
La COP22 aura la charge de sauver les meubles d’une planète comparable à un immeuble en flammes: S’attaquer à l’adaptation et mettre en œuvre les moyens d’augmenter la résilience des pays touchés en mettant de l’avant (pourquoi pas?) une convention onusienne qui reconnaît le statut de réfugié aux déplacés climatiques… Au même titre que le statut reconnu par l’ONU aux réfugiés politiques.
À suivre…