À peine la trentaine, Rajae Maouane s’apprête à incarner le nouveau visage féminin de la conscience politique verte en Belgique. Sauf coup de théâtre improbable, cette jeune élue bruxelloise d’origine marocaine serait la prochaine coprésidente d’Ecolo, la formation écologique qui a fait une percée en territoire francophone belge lors des élections de mai dernier.
En l’absence d’autres candidats, le duo qu’elle forme avec Jean-Marc Nollet est assuré de son élection à la coprésidence du parti vert.
La confirmation de leur candidature est attendue le 15 septembre. Et à en croire la presse belge, le verdict de l’assemblée générale d’Ecolo ne devrait pas réserver de surprise quant à l’identité des successeurs de Zakia Khattabi et Patrick Dupriez.
En attendant sa proclamation officielle, Rajae Maouane est déjà la coqueluche des médias. Des commentaires élogieux louant les compétences de la jeune militante écologiste issue de la diversité laissent entendre que la Belgo-marocaine est bien partie pour succéder dignement à celle qui a contribué à l’ascension fulgurante des Verts, Zakia Khattabi, également d’origine marocaine.
A l’instar de la coprésidente sortante d’Ecolo, cette éprise de justice sociale force l’admiration autant par son engagement et son jeune âge que par sa personnalité, sa force communicative et son expérience d’élue. Elle est devenue conseillère communale en octobre 2018 à Molenbeek, puis députée bruxelloise le 26 mai dernier.
Ce sont autant de compétences qui lui ont permis de s’imposer au sein du parti qu’elle intègre en tant que stagiaire chargée de la communication avant de faire ses preuves notamment sur les questions liées à la jeunesse. Ce parcours lui a fait gagner la confiance des siens pour finir par se faire remarquer peu à peu sur la scène politique belge.
A un moment où peu de femmes en Belgique, comme ailleurs, ont pu s’affirmer en politique et encore moins y atteindre les plus hauts postes de responsabilité, Rajae Maouane a aussi la chance d’évoluer dans un parti où la présence féminine n’est plus perçue comme un complexe, mais plutôt comme un atout, et non des moindres. Il est aujourd’hui incontestable qu’Ecolo a gagné en visibilité avec la très charismatique Zakia Khattabi aux commandes.
La Belgo-marocaine à l’accent bien tétouanais peut s’enorgueillir de pouvoir passer le relais sur un bilan des plus honorables à une compatriote, de surcroît d’origine tangéroise. La formation écologiste gardera à jamais l’empreinte de celle qui a mené d’une main de maître une campagne électorale irréprochable, donnant lieu à une vague verte sans précédent en Wallonie et à Bruxelles. Cet exploit a valu aujourd’hui au parti d’être un interlocuteur incontournable dans les négociations en cours pour la formation des gouvernements régionaux et fédéral.
Il faut dire qu’Ecolo a cette particularité de confier à deux personnes -un homme et une femme- la co-présidence “pour éviter d’abord la concentration de pouvoirs mais aussi pour assurer une parité dans la gestion de ce pouvoir”.
Miser sur Rajae Maouane ne pourrait, donc que conforter le parti dans ce choix stratégique, motivé par une quête de se différencier sur le paysage politique en tirant un meilleur profit du potentiel féminin et de la jeunesse en particulier, pour mieux représenter la diversité de la Belgique d’aujourd’hui.
Rajae, elle, évoque “un choix audacieux” pour Ecolo. Il s’agit de “faire confiance aux jeunes” et de “sortir des sentiers battus”, confie-t-elle à la MAP.
En briguant la coprésidence du parti, elle fait valoir sa capacité de faire entendre la voix de la jeunesse, capitalisant en cela sur son expérience en la matière.
Diplômée en communication de l’institut supérieur de formation sociale et de communication (ISFC), la jeune élue a débuté sa carrière politique auprès de l’ex-échevine (adjointe au maire) de Molenbeek Sarah Turine, travaillant dans le domaine de la jeunesse.
Dans le cadre de son action au sein du parti, elle a mis sur pied différents projets, comme le conseil communal des jeunes ou le dialogue interculturel.
Cette passionnée du football est également très active dans les associations des quartiers et mène diverses actions de bénévolat.
S’inscrivant dans la continuité du travail des coprésidents sortants, le projet qu’elle porte avec son partenaire Jean-Marc Nollet se veut “rassembleur”, dit-elle, en référence à la “complémentarité” du duo représentant des générations et milieux différents.
“Il incarne la volonté de créer du lien dans notre société : des ponts entre les générations, entre les vécus, entre les milieux. Une réponse à ceux qui divisent”, avait écrit sur Twitter le duo en annonçant sa candidature pour la coprésidence d’Ecolo.
Quand on lui parle de ses origines, Rajae Maouane tranche : « Aujourd’hui je me considère Belge tout en étant fière de mes racines que j’assume totalement ».
« La diversité, c’est ça la Belgique! », conclut-elle.
Source : Amal Tazi (MAP) / Maghreb Canada Express, page 6, Vol. XVII, N°9 , SEPTEMBRE 2019
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