La constitution marocaine (article 58) accorde au Roi le droit de grâce qui en fait bénéficier certains détenus, dont la liste est purgée au préalable par des responsables dûment désignés, lors de certaines fêtes nationales. Parmi les élus à cette grâce royale, lors de la fête du trône de cette année, figure un pédophile notoire  !

Il n’en fallut pas plus au peuple pour crier haut et fort son indignation légitime (selon même le Palais royal); indignation exacerbée pas toutes sortes d ‘accusations (quelquefois fondées, souvent relevant de la pure fabulation) ayant inondé les médias sociaux dont notamment facebook.

Parmi les fabulations, contentons-nous de citer la plus grave, et sans doute la plus farfelue : Celle que le pédophile serait un ancien espion d’origine irakienne (ce qui pourrait être vrai), protégé par des services secrets étrangers qui ont demandé sa libération au Roi du Maroc lors de la grâce royale; ce qui relève de la stupidité et décrédite cette version car les services secrets sont bien capables (entre autres) de « suicider » le prévenu dans sa cellule et de le faire ressusciter quelque part dans le Monde, dans un petit paradis 4 étoiles pour espions retraités !

Mais les choses se seraient déroulées autrement et selon un concours de circonstances qui avait conjugué malchance et incompétence !

En effet,  selon des sources espagnoles cités par des médias sociaux (dont lakome.com) les événements se seraient déroulés comme suit :

(…) Le 19 juillet alors que le Roi Juan Carlos venait juste de monter dans l’avion qui va le ramener à Madrid, le chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, informa  le Roi d’une requête faite par le souverain espagnol au sujet du transfert d’un septuagénaire pour purger le reste de sa peine de prison en Espagne, et ce, vue, l’état de sa santé.

Le Souverain marocain ordonna à son de gouvernement de donner suite favorable à la requête du Roi d’Espagne.

Mais voilà que quelques jours plus tard, le plus proche conseiller du Roi appelle l’ambassadeur d’Espagne pour lui faire remarquer que la demande faite au chef du gouvernement doit se faire à Sa Majesté le Roi, seul habilité d’accorder même la grâce à ce détenu !

Selon lakome.com, «Décontenancé, l’ambassadeur espagnol explique qu’en fait, la maison royale a parfaitement respecté le protocole puisqu’il s’agit d’une demande de transfèrement, légalement du ressort du ministère de la justice marocain, et non pas d’une demande de grâce royale, auquel cas elle aurait été adressée au cabinet royal.

Le conseiller de SM le Roi (…) n’en démord pas et insiste auprès du diplomate pour que des listes des demandes de grâce et de transfèrements soient envoyées au cabinet royal. Les six consulats espagnols du royaume seront mis à contribution pour compiler la liste de tous les prisonniers de nationalité espagnole incarcérés au Maroc. Les services de l’ambassade dresseront deux listes. La première de 30 individus concernent les demandes de transfèrement, la deuxième composée de 18 individus concernent les demandes de grâce.

Fusion des listes

Notre source (espagnole NDLR) affirme que les autorités espagnoles ont été surprises en prenant connaissance de la décision du cabinet royal marocain. D’abord ce ne sont pas deux listes qui sont annoncées mais une seule. Une liste unique qui annonce la grâce de la totalité des 48 noms contenus dans les deux listes initiales, y compris donc les demandeurs de transfèrement.

La réplique royale

Sitôt l’affaire bruitée, le Palais royal réagit par un premier communiqué soulignant que les crimes du pédophile n’ont jamais été portés à la connaissance du Souverain marocain lequel réagit tout de suite en ordonnant une enquête approfondie pour identifier les coupables.

Cette enquête aurait localisé rapidement la défaillance au niveau de la Délégation générale de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion  dont le patron fut aussitôt limogé.

Le souverain a ensuite décrété le retrait de la grâce au pédophile espagnol et a ordonné à son Ministre de la Justice d’examiner avec son homologue espagnol les suites judiciaires à donner au retrait de la grâce. Le Souverain  a voulu signifier que «le Royaume n’entend pas abandonner les poursuites judiciaires contre ce dangereux criminel au nom des principes universels du Droit et de la justice».

Par ailleurs, et dans le premier communiqué du Palais royal, le Souverain a ordonné d’entamer «une réflexion sur les conditions d’octroi de la grâce à ses différentes étapes; Réflexion qui survient dans le contexte d’un vaste chantier de réformes de la justice au Royaume, initié sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi I, que Dieu L’assiste, à l’image de la Haute Commission Chargée du Dialogue National sur la Réforme de la Justice. Des réformes qui visent à renforcer l’Etat de Droit, de la justice et des valeurs morales au Royaume». (Fin de citation).

Il ressort aussi de la réaction royale que « Hormis les réactions indignées et légitimes d’un nombre de citoyens marocains qui ont eu le mérite d’attirer l’attention sur cette défaillance, certains milieux malintentionnés ont cherché insidieusement à instrumentaliser cette affaire pour concrétiser des objectifs vils n’ayant aucun rapport avec la mesure de grâce en faveur de ce criminel. Leurs slogans en disent long sur leurs véritables intentions. Ces mêmes milieux qui se sont vus rejetés par le peuple marocain qui n’a jamais adhéré à leurs principes subversifs, ont été les premiers à tenter sans succès de torpiller les réformes constitutionnelles qui ont consolidé l’Etat de Droit au Maroc et fait de ce pays un exemple à suivre dans un monde arabe, jusqu’ici secoué par des révoltes populaires (…) En somme, en décrétant une série de mesures courageuses et ambitieuses dans le sillage de cette affaire, Sa Majesté le Roi a prouvé avec humilité qu’Il est toujours à l’écoute de ses concitoyens et qu’il demeure le principal rempart contre toutes les formes d’injustice, ainsi que le principal garant des droits de la justice et de l’équité et des valeurs morales.» (Fin de citation)

Aux dernières nouvelles, L’Espagne aurait donné suite à la réplique marocaine et le pédophile se trouve maintenant derrière les barreaux en détention préventive.

Du côté marocain, et selon une dépêche de la MAP datée du 6 août courant, SM Le Roi Mohammed VI a accordé une audience aux familles des victimes au Palais royal. «Au cours de cette audience, le Souverain a réitéré ses sentiments de compassion et son empathie à l’égard de leurs souffrances, tant à cause de l’exploitation exécrable dont leurs enfants ont été victimes, qu’en raison de la libération de l’individu concerné et de son impact psychologique sur eux, souligne le communiqué».

Et la dépêche de la MAP de souligner que «Cette audience royale vient consacrer le souci de SM le Roi quant au respect des droits et des sentiments des victimes, ainsi que son ferme engagement de protéger les droits des enfants et de préserver leur dignité (…)» 

Notes compilées par la Rédaction de MCE.

 

 

 

 

 

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By AEF

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