Comme le rapporte le quotidien français « Carrefour Matin » du 27 août, la loyauté de Najat Belkacem envers le chef de l’État a payé. A seulement 36 ans, N.Belkacem poursuit son ascension au sein du gouvernement. Laissant la ville, la jeunesse et les Sports à Patrick Kanner et les Droits des femmes à Marisol Touraine, celle qui se définit comme un pur produit de la République débarque rue de Grenelle pour prendre les rênes de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Un poste particulièrement exposé, comme en témoigne sa troisième place, hier, dans l’ordre d’annonce du gouvernement. Première femme à occuper la fonction, Najat Belkacem aura fort à faire puisque la rentrée, et avec elle la généralisation de la réforme des rythmes scolaires, arrive à grands pas. Attaquée auparavant sur les ABCD de l’égalité, et non experte en matière éducative, elle pourra néanmoins s’appuyer sur un sens aigu de la communication.
Évidemment la nomination d’une Franco-Marocaine à un poste aussi lourd et important, a suscité des jalousies, surtout au sein de la droite. Et dans certains médias, on peut lire que Najat Belkacem a gardé des chèvres dans son pays d’origine avant de rejoindre ses parents en France. Et bien entendu, aucun mot sur son parcours exceptionnel, et sur ses études brillantes à Sciences politiques entre autres.
Cette fille d’immigré marocain née à Beni Chiker, dans le Nord du Maroc, est partie à l’âge de 3 ans avec sa famille en Picardie. En 1995, élève au lycée Delambre d’Amiens, elle obtient son baccalauréat économique et social. Diplômée de sciences po, ex-assistante parlementaire, elle a commencé sa carrière politique à seulement 26 ans comme conseillère régionale en Rhône-Alpes, après le choc du 21 avril 2002 et la présence du Front national au second tour de l’élection présidentielle. Elle a ensuite intégré l’équipe de Ségolène Royal dont elle est restée proche pendant plusieurs années, avant d’entrer au gouvernement comme porte-parole. Elle a gravi peu à peu les échelons depuis l’arrivée de François Hollande à l’Élysée. D’abord ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, elle est propulsée en avril dernier ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports dans la première version du gouvernement Valls.
myriam-principal2Myriam El Khoumri a le même âge que Najat. Elle est native du Maroc, à Rabat d’une mère bretonne et d’un père marocain, mais passe son enfance à Tanger, dans le nord du pays où sa maman est professeur expatrié. Elle revient à l’âge de 9 ans dans la ville de Thouras, dans les Deux-Sèvres. Dans un portrait qui lui a été consacré en 2009 par « Jeune Afrique », elle déclare : « Ma mère m’a appris à ne compter que sur moi. » Et c’est ce qu’elle fait en finançant elle-même ses études jusqu’à obtenir un DESS d’administration. Elle intègre ensuite l’équipe de Bertrand Delanoë en 2001, et devient chargée de mission pour les affaires scolaires, la prévention, la sécurité et la toxicomanie.
Ce deuxième remaniement du gouvernement va-t-il apporter ses fruits ?
D’après Yves-Marie Cann, directeur de l’Opinion à l’institut CSA, les événements de ces derniers jours notamment les propos d’Arnaud Montebourg et de Benoît Hamon, ont mis en évidence une contestation de la ligne politique du gouvernement. Il était difficile pour Manuel Valls et François Hollande de laisser faire, sauf à miner durablement leur autorité par rapport à l’ensemble de l’équipe gouvernementale de la majorité parlementaire. Mais cela comporte des risques, surtout dans le contexte actuel, où les indicateurs économiques ne sont pas bons.
François Hollande et Manuel Valls ont joué leur va-tout. Avec la nomination d’Emmanuel Macron à Bercy, ils affirment très clairement leur ligne économique. Mais avec le risque de fragiliser la majorité parlementaire nécessaire pour appliquer cette ligne.

Par Mustapha Bouhaddar,

Maghreb Canada Express, Vol. XII, N°9, Septembre 2014.

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