Voilà un peu plus d’une année que les journaux communautaires marocains du Canada sont interdits au Consulat général du Maroc . Le premier numéro de notre journal jeté à la poubelle le fut en mars 2014. Les faits :
(Photo : Ironie du Sort, le Premier numéro jeté à la poubelle par le Consulat général de Montréal fut celui consacré à la visite Royale de 2014 en Afrique)
En entrant déposer à la salle d’attente le numéro de mars 2014, l’agent de sécurité est venu me signifier l’ordre qu’il à reçu de ne plus laisser un journal entrer au consulat.
J’ai alors pris mon cellulaire et j’ai appelé devant lui l’un des vice-consuls. Ne l’ayant pas trouvé, je lui ai laissé un message dans sa boîte vocale lui précisant que je laisse les journaux à l’agent de sécurité au cas où ce serait une mauvaise interprétation de sa part des ordres reçus.
J’ai laissé donc une centaine de copies à la réception et je suis parti.
Le lendemain comme je n’ai pas reçu de retour d’appel, j’ai envoyé un courriel à ce vice-consul dont voici un extrait copié-collé: Je vous serais reconnaissant de bien vouloir me faire part de la suite qui a été réservée à mon message téléphonique d’hier; message par lequel je vous avais signalé l’interdiction (qui m’a été signifiée) de déposer le journal au consulat. Il va de soit que je me plierais à toute décision venant de la part de Madame la Consule Générale. J’aimerais juste voir le numéro de ce mois-ci profiter d’une exception.
Le numéro en question n’a pas profité de l’exception escomptée et je n’ai plus reçu d’explication jusqu’au mois de septembre dernier lors d’une rencontre organisée, à la maison du Maroc de Montréal, avec la communauté et M. Anis Birou, ministre chargé de la communauté marocaine à l’étranger.
Aux limites de la diffamation
Devant une audience nombreuse de marocains et marocaines, Madame Zailachi, consule générale du Royaume du Maroc expliqua que les journaux communautaires marocains furent interdits parce que l’un (Atlas-Mtl pour ne pas le citer) est financé par un pays étranger et l’autre (le notre) a insulté le consulat.
« L’INSULTE »
Dans un de ses articles, notre journal avait défini les consulats mobiles comme étant : «un ensemble d’agents consulaires, en mal de déplacement pour échapper à la routine quotidienne, qui donnent l’ordre aux problèmes de tous les ressortissants MRE, installés dans des villes lointaines, d’arriver tous en même temps (les problèmes bien-sûr) afin de pouvoir aller sur place les résoudre d’un coup et en un seul jour» (Fin de citation)
Et de conclure (ce que Mme Zailachi considère comme une insulte méritant la censure d’un journal, son exclusion des activités consulaires et je ne sais quoi encore) : « Notre espoir est grand de voir les responsables (Consuls, ambassadeurs ou ministres concernés) nous confirmer que de tels consulats relèveraient plutôt du symbole (que le Maroc n’oublie pas ses ressortissants, même les plus isolés) et non du remède-miracle à un problème qu’ils savent être beaucoup plus complexe».
En clair, nous croyons qu’une grande partie de la solution, pour répondre aux attentes des ressortissants marocains éloignés des consulats, résiderait dans le développement des NTI, dans la création de permanences les jours de congé et (pourquoi pas?) dans la délégation de certaines opérations consulaires à des présidents d’associations assermentés.
C’est notre opinion; que nous exprimons en tant que citoyens d’un Maroc Nouveau promoteur de toutes les libertés et droits y compris la liberté d’expression et du droit de ne pas voir sa renommée, ses intérêts et ses biens menacés après avoir usé de cette liberté qui caractérise toute vraie démocratie.
DROIT DE RÉPONSE
Mme Zailachi est libre, en tant que citoyenne, de juger comme une insulte, ce que nous croyons être une liberté d’expression. Elle est libre à ce titre de nous bouder et de refuser de nous voir. Mais en tant que Consule, elle aurait dû avoir la présence d’esprit d’exiger un droit de réponse pour mettre les pendules à l’heure, expliquer la nature réelle des consulats mobiles à notre lectorat, descendre notre thèse en flammes… Et non de céder à des réflexes anachroniques dans ce Maroc Nouveau qui se veut tout changement et dont nous saluons et défendons tous les acquis démocratiques qu’il a pu capitaliser ces dernières décennies !
LA CHARRUE AVANT LES BOEUFS
L’explication avancée par Mme Zailachi pour justifier la censure des journaux maroco-canadiens n’est hélas pas convaincante, ne serait qu’en ce qui concerne notre journal.
Mme Zailachi a eu, en effet, ce qui semble être un trou de mémoire quant à l’insulte : L’article incriminé n’a été publié hélas qu’au mois de juillet 2014. Comment pourrait-il alors justifier une interdiction qui a eu effet à partir de mars 2014; soit 4 mois auparavant!
À ce que je sache, personne au Consulat n’est extra-lucide et l’interdiction de notre journal aurait donc d’autres raisons.
Notre espoir est donc grand de voir la plainte que nous avions déposé auprès de qui de droit aboutir afin que nous puissions nous consacrer, dans le respect mutuel et la sérénité à ce qui nous rassemble : Le bien de notre communauté et le rapprochement entre le Maroc et le Canada. Affaire à suivre…
Par Abderrahman El Fouladi
(Référence : Maghreb Canada Express, Vol. xii, N°04, page 5. Avril 2015)
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