Après l’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo, plusieurs mosquées ont été saccagées, parce que les frères Kouachi responsables de ces assassinats ont commis leur acte soi-disant pour défendre le prophète. Alors on s’attaque aux mosquées symboles de l’islam.

Après tout, s’il n’y avait pas eu de musulmans en France, il n’y aurait pas eu d’attentas.
Le dernier incendie date du 23 août dernier, et a endommagé la mosquée d’Auch dans le Gers. Comme le rapporte « Le Figaro », le feu s’est déclaré, et « a lourdement endommagé la mosquée d’Auch dans la nuit de samedi à dimanche et une enquête a été ouverte pour savoir s’il s’agit d’un accident ou d’un acte criminel, a déclaré le procureur de la République. »
Ce n’est pas un hasard, si on a brûlé cette mosquée juste après l’affaire du Thalys où un terroriste d’origine marocaine a essayé de commettre un attentat. Heureusement, des touristes américains ont réussi à maîtriser le forcené en le rouant de coups, jusqu’à ce qu’il perde conscience. Alors on s’indigne, et on crie haut et fort que c’est la faute des musulmans.
D’ailleurs, un des membres du gouvernement a proposé un contrôle de voyageurs aléatoire dans les trains. Désormais, pour les fouilles, on ne s’intéressera qu’aux voyageurs d’origine maghrébine, et aussi ceux qu’on soupçonne par leurs apparences, appartenir à la communauté musulmane. Un des héros du Thalys a la peau mate et porte une barbe. Il a l’allure d’un musulman, on le fouillerait sûrement un jour, s’il prend le train en France. Quant au terroriste norvégien qui a tué 76 personnes à Oslo, on ne l’aurait pas fouillé à Paris où on a décidé récemment de faire un contrôle au faciès.
Un journaliste de « Libération » du 25 août, est allé à la rencontre des musulmans qui fréquentent cette mosquée du Gers. Parmi eux, « Salah, solide gaillard de 65 ans aux mains larges, il est bouleversé de tristesse mais tente de dissimuler ses émotions pour rester digne. Il ne veut rien laisser transparaître : ni sa douleur, ni sa colère.
Pour lui, comme pour les autres membres de la communauté musulmane d’Auch, l’incendie d’origine criminelle qui a ravagé leur mosquée dans la nuit de samedi à dimanche est une catastrophe à laquelle il ne s’attendait pas. Pas plus que les 25 000 habitants de la cité gersoise, choqués par cet acte volontaire qui a abouti à la destruction d’un lieu de culte. Comme si ses auteurs avaient voulu signifier leur hostilité à une partie de la population : la communauté musulmane. »
Il y aussi Ahmed Mouhouche qui souligne : «Sans ces fidèles, pour la plupart algériens, marocains, tunisiens, nous n’aurions jamais eu de mosquée». Toujours, d’après le journaliste de « Libération », Ahmed Mouhouche, est l’un des anciens présidents du lieu de culte. Inauguré en juin 2007.
Il accueillait jusqu’à la semaine dernière 250 fidèles en moyenne pour la prière du vendredi. Hommes, femmes, enfants : «C’est une mosquée familiale»,raconte Salah. En arabe et en français, le prêche de l’imam porte «généralement sur le bon comportement et le respect de tout le monde. Le vivre ensemble», ajoute t-il. «Le lien que nous avons avec la mosquée crée cet énorme sentiment d’abandon, que nous ressentons tous», intervient Mohamed Jilali, 32 ans, trésorier de la mosquée.
Ce jeune père de famille, venu de Nantes pour s’installer à Auch en 2004 a lui aussi travaillé sur le chantier. La veille de l’incendie, il était encore là, lui aussi, «pour filer un coup de main». «Celui ou ceux qui ont fait ça, étaient bien renseignés. Ils savaient où passer», dit-il, sans pour autant désigner une quelconque piste. «Il fait plutôt bon vivre ici. Les différentes communautés se respectent et nous avons toujours eu l’écoute des autorités.»
Quant aux frères Kouachi, comme l’a analysé Emmanuel Todd dans son dernier livre sous le titre de « Qui est Charlie ?  Sociologie d’une crise religieuse » : « Ce ne sont pas les djihadistes qui ont abattu en janvier 17 personnes de sang froid, mais des victimes d’un système inique et retors, d’une France moisie et sûre d’elle-même autant que dominatrice. La France du néorépublicanisme, plus proche de Vichy dans son concept que de la troisième République. »

Par Mustapha Bouhaddar,

Source : Maghreb Canada Express, N°09, Vol. Xiii, , page 19, Septembre 2015

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