Volkswagen signifie en allemand « la voiture du peuple ». C’est l’un des fleurons de l’industrie allemande. Et désormais, comme pour Jésus Christ, on parlera d’avant et après Volkswagen.
Par Mustapha Bouhaddar
Avec cette affaire de moteur truqué, l’industrie allemande de l’automobile a subi un grand coup. Et Angéla Merkel qui distribue des bons et des mauvais points aux autres pays de la CEE, va faire profil bas.
Dans un article publié dans Le Figaro du 08/10/15, sous le titre « Volkswagen : la facture s’annonce vertigineuse », la tricherie pourrait coûter des dizaines de milliards d’euros à une entreprise traumatisée et qui se prépare à une cure d’austérité sans précédent. Une chose est sûre, la facture sera très salée pour le constructeur qui s’apprêtait à investir dans les voitures électriques, et les voitures hybrides. Toujours d’après le quotidien français cité ci-dessus, « Mathias Muller, bombardé patron opérationnel du groupe la semaine dernière, a déjà reconnu que les 6,5 milliards d’euros immédiatement provisionnés pour faire face, n’y suffiront pas. »
C’est vrai, quand on a affaire à la justice américaine, il faut s’attendre à tout.
La banque française BNP Paribas, en a fait les frais. Car elle a dû payer plus de 8 milliards d’euros d’amende pour avoir omis de signaler la fraude concernant certains clients infréquentables proches des réseaux de la drogue et du blanchiment d’argent.
On peut citer aussi le pétrolier BP, responsable de la marée noire jadis. Ce groupe avait estimé en 2010, le préjudice à 10 milliards de dollars. Cette affaire lui a finalement coûté plus de 50 milliards de dollars.
Volkswagen doit d’abord rendre des comptes à l’EPA, l’agence américaine de protection de l’environnement, qui a soulevé le lièvre du logiciel de trucage installé sur les modèles diesel de différentes marques.
L’EPA peut exiger pour chacun des 482000 véhicules concernés sur le territoire américain jusqu’à 3750 dollars d’amende civile pour la tricherie, et 37500 dollars pour avoir vendu des voitures de facto non conformes. La facture maximale serait de 16 milliards d’euros. En la matière, les plafonds sont rarement atteints, mais les soupçons de dissimulation qui pèsent sur Volkswagen seront un facteur aggravant. Au pénal, le département de la justice a ouvert une enquête criminelle. A la clé, une amende qui peut aller jusqu’à deux fois le bénéfice retiré de la fraude, soit, dit-on, de 2 milliards de plus.
De plus en plus de plaintes d’automobilistes en France
D’après le journal Le Monde du 02/10/2015, le parquet de Paris a ouvert, vendredi 2 octobre, une enquête préliminaire pour « tromperie aggravée sur une marchandise susceptible d’être dangereuse pour la santé ».
Tests aléatoires
Toujours d’après Le Monde, le gouvernement avait déjà indiqué que le constructeur serait appelé à rembourser une partie des aides publiques versées dans le cadre du bonus-malus. Et les vérifications aléatoires sur des véhicules diesel toutes marques confondues, annoncés après la révélation des tricheries du groupe allemand pour tromper les contrôles antipollution, ont commencé en France le 1er octobre.
Au total, une centaine de voitures devraient être testée en France, choisies au hasard dans le tout venant de la circulation, sur la base du volontariat de leurs propriétaires, et choisies en respectant un équilibre entre tous les types et toutes les marques de véhicules représentatifs du parc diesel.
Au point de vue juridique
Selon le parquet, le but des perquisitions était de saisir des documents et des supports informatiques, susceptibles d’identifier les employés impliqués dans le trucage de 11 millions de véhicules dotés d’un logiciel trompant les contrôles anti-pollution.
La police allemande a perquisitionné le siège de Volkswagen à Wolfsburg, ainsi que d’autres sites du constructeur automobile en lien avec le scandale des moteurs truqués.
Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Il est évident que cette affaire de Volkswagen est du pain béni pour les constructeurs de voitures américains. Ces derniers vont pouvoir exporter plus de voitures à l’étranger. Ce qui n’est pas le cas des constructeurs français.
En effet, les ventes des voitures Renault et Peugeot ont baissé ces derniers mois.
Reste à savoir comment Angéla Merkel va gérer cette crise de Volkswagen, car elle a déjà de quoi faire avec l’affaire des migrants qu’il va falloir intégrer en Allemagne. La chancelière qui brigue un autre mandat et qui était populaire en Allemagne, il y a quelques mois, voit sa cote de popularité prendre la tangente. Affaire à suivre….
Pour Référencer cet article ::
Mustapha Bouhaddar, Maghreb Canada Express, Vol. Xiii, N°11, page 20, Spécial Élections, Montréal (Canada), Octobre 2015.
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