La réponse à la question ‘’Voter pour qui?’’ est intimement liée à celle concernant la question ’’Voter pourquoi ?’’. Et plus on comprendra pourquoi on a intérêt à aller voter, plus il sera facile de trouver pour qui voter… Transparence de la campagne électorale (et des face-à-face des chefs ) oblige.
Perdus déjà ? Attendez de voir le machiavélisme ‘’présumé’’ de ceux qui cassent ‘’du vote’’ sur le dos des musulmans d’ici pour l’être complètement!
Une provocation payante
On ne provoque pas un(e) électeur(ice) dans un régime démocratique, à la veille d’une élection cruciale, où chaque voix pèse de son poids dans la balance électorale… À moins que cet électeur ne vote pas! Et qu’on le veuille ou non, des communautés comme la nôtre votent peu ou pas du tout.
Et pour cause ! Bon nombre parmi nous ont fui des régimes totalitaires, des démocraties de façade ou des pays où le simple fait d’afficher ses préférences pour un club de soccer adverse peut coûter au téméraire, au moins, un œil en beurre noire…
Que dire d’afficher (et d’exprimer) ouvertement ses convictions politiques!
Le Canada fut choisi par ces immigrants comme le havre de paix où il fait si bon voir ses enfants grandir et où il est si délicieux de rêver pour ces enfants d’un avenir meilleur. Et quand ce que certains qualifient de tempêtes politiques éclatent , nous courbons l’échine, convaincus qu’au lendemain le calme reviendra et que le voisin viendra nous serrer la main.
Mais la tempête semble être là pour durer
Mario Dumont l’avait-il compris en 2007; quand il avait déclenché sa campagne électorale sur fond polémique d’accommodements raisonnables ?
Que ce soit un calcul machiavélique de la part de son état major ou un accident de l’Histoire, les résultats sont là : Mario Dumont, qui a failli devenir le Premier ministre du Québec en misant sur la peur d’une des composantes les plus vulnérables de la société québécoise, vient de mettre à jour une autre fragilité : Celle d’un bon nombre de nos concitoyens canadiens face à une propagande de peur de l’autre savamment orchestrée .
Il est vrai que Pauline Marois avait échouée, tout récemment en voulant rééditer un coup à la Mario Dumont. Il est vrai aussi que bon nombre de notre communauté croient avoir été pour quelque chose dans ce camouflet politique infligé au PQ. Rien ne serait moins sur ! Car voilà que le Niqab débarque en plein milieu de la campagne électorale fédérale pour en aveugler plus d’un !
Le corbeau qui annonce la tempête
Si une hirondelle ne suffit pas pour annoncer le printemps, il aura suffit d’un seul Niqab pour déclencher toute une tempête lors de cette campagne électorale; tempête qui a réduit à néant les chances du favori de ces élections dans… les sondages bien-sûr; sachant que le seul sondage indiscutable est celui qui sort des urnes.
Mais tout est-il que des kangourous venant de très loin, semblent avoir apporté dans leur poche une potion de peur de l’autre si magique que le matin en me rasant, j’ai moi-même peur de me faire agresser par l’image que me renvoie le miroir de ma propre salle de bain. Et pourtant je trimbale cette image avec mois depuis plus de 60 ans sans que jamais on avait à nous plaindre l’un de l’autre.
Or si moi je commence à douter de moi-même, que dire de mon voisin qui me voit en chaire en os et non en tant qu’image !
Faut reconnaître qu’ils sont forts
Et il n’y a plus de raison d’en vouloir à mon voisin s’il sursaute en voyant ma main sortir de ma poche pour serrer la sienne… Croyant sans doute que je vais sortir une grenade.
Quand j’entends ceux du camp de la peur dire, dans leurs spots publicitaires, aux québécois qu’ils partagent avec eux les mêmes valeurs; les valeurs du rejet de son prochain au nom de la peur et d’un injustifiable « principe de précaution »; et sachant que ces gens sont le Pouvoir, je perds mon latin et mon arabe avec. Car c’est un désaveu pour eux-mêmes ! C’est une insulte pour tout le système sécuritaire canadien ! C’est une offense à tous ces fonctionnaires qui ont veillé à la sélection de ces immigrants soupçonnés d’être une menace pour nous tous !
Or si notre système sécuritaire est efficace, si nos fonctionnaires à l’immigration sont à la hauteur de leur mission, toute cette campagne de dénigrement menée tambours battants contre une composante de la société canadienne, ne trouve sa justification que dans le fait de faire gagner les voix des crédules sans risque de perdre les voix des salis; du moment qu’ils ne sont pas portés sur le vote; du moment qu’ils ont la phobie des urnes; du moment qu’ils ne sont pas conscients de la force de leur vote !
Et nous… Sommes-nous si forts que ça ?
Il est temps qu’on le vérifie une fois pour toute. On parle de châteaux forts électoraux, conservateurs, libéraux et néo démocrates. On parle aussi de châteaux forts ethniques. Longtemps Fatima Houda Pépin a profité du château fort asiatique avant de s’enfarger dans ses ambitions ou, au choix, de ses convictions.
Il est temps qu’on fortifie nos propres châteaux forts au Petit Maghreb, à St-Léonard, à Saint Michel ou ailleurs. Il est temps qu’on mette fin à ce néo-terrorisme dont nous sommes victimes et qui se fait au nom d’un insensé Principe de précaution. Il est temps qu’on aille chacun de son côté exprimer sa voix. Car ne pas aller voter, ou à la limite exprimer un vote blanc, cela revient à signer un chèque en blanc à ceux qui auraient pu échouer, mais une fois aux commandes vont prendre en otage le Canada des années durant; les années de leur mandat.
Conclusion : Je vote donc j’existe
Voter, c’est exister pour la classe politique. Et quand un groupe ne prend pas la peine de faire parler les urnes, les élus ne prendront pas le temps de l’écouter. Il suffit de regarder autour de nous.
Donc… Aux urnes citoyens !
Pour Référencer cet article ::
Abderrahman El Fouladi, Éditorial, Maghreb Canada Express, Vol. Xiii, N°11, page 3, Spécial Élections, Montréal (Canada), Octobre 2015.
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