Au terme d’un match décisif où la manière de jouer et le spectacle importaient très peu vu que l’enjeu était trop important pour être relégué au deuxième rang, l’équipe nationale marocaine a validé son billet pour la prochaine phase finale de la coupe du monde de football –Russie 2018, à la faveur d’une victoire amplement méritée, arrachée à Abidjan .
Ainsi, l’équipe nationale marocaine a pu décrocher son billet de qualification en battant les éléphants de la Côte d’Ivoire, chez eux, grâce aux deux buts marqués à la 25ème et la 30ème minutes, respectivement par Nabil Dirar et le capitaine d’équipe, Mehdi Benatia.
Cette victoire, à l’extérieur, a permis à l’équipe nationale marocaine de football de se maintenir à la première place, devançant l’équipe ivoirienne de 4 points. En remportant cette victoire par le score de 2-0, l’équipe nationale marocaine a conforté son statut « d’équipe invincible du groupe ». Outre cet exploit non négligeable, l’équipe marocaine est aussi la seule équipe qui n’a encaissé aucun but au cours des matches disputés par les quatre équipes du groupe C, car aucune équipe du groupe n’a pu, selon le jargon footballistique, « faire trembler les filets gardés » par Mounir El Mouhammadi. C’est une très bonne performance que seules les grandes équipes peuvent réaliser.
Le Maroc se qualifie donc à une phase finale de la coupe du monde, pour la 5ème fois dans son histoire footballistique, après une absence de 20 ans car la dernière apparition du Maroc en phase finale de la coupe du monde remonte à 1998, lors de l’édition accueillie par la France.
Après une longue période au cours de laquelle l’équipe nationale a accumulé des contreperformances, des résultats décevants voire frustrants, l’équipe nationale marocaine a pu mettre un terme à cette traversée du désert qui n’a fait que trop durer. Evidemment, cette période de « vache maigre » a été suspendue, mais brièvement, lorsque l’équipe nationale marocaine a pu se qualifier à la finale de la CAN 2004, une édition remportée par la Tunisie-pays organisateur- grâce à une victoire étriquée, mais précieuse, au dépens de l’équipe nationale marocaine, coachée à l’époque, par Badou Zaki.
Maintenant et après le sifflet final, c’est presque du passé. Mais, il faut le dire un passé tout récent qui garde toute sa valeur pour toutes les Marocaines et tous les Marocains. Mais c’est un passé qu’il faut absolument mettre à profit pour que le football marocain soit vraiment mis sur de bons rails et lui permettre de recouvrer la place qu’il mérite au sein de l’échiquier du football africain et mondial. A partir de cet instant il y a un passé, un souvenir heureux qui meublera notre mémoire collective, mais il ya aussi une réalité concrète : le Maroc sera parmi les grandes nations de football qui feront le déplacement en Russie, l’été prochain, à l’occasion de la prochaine phase finale de la coupe du monde.
C’est une performance qu’il faut fêter et célébrer comme il se doit. Comme toutes les nations du monde, les Marocaines et les Marocains ont le plein droit légitime d’exprimer leur joie, d’afficher leur fierté et de savourer cette victoire. C’est une occasion que nous devons saisir pour féliciter et remercier vivement tous les joueurs, le staff technique, le staff médical et les membres de la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF), sans oublier les supporters –femmes et hommes- qui ont contribué aux efforts ayant abouti à ce résultat historique.
Évidemment, il faut préciser que le fait d’être en mesure d’atteindre une phase finale de la coupe du monde n’est pas un exercice aisé et à la portée de n’importe qui. C’est le résultat d’un travail constant, soutenu et de longue haleine et qui requiert un effort physique bien dosé et épuisant, « beaucoup de sueur », une force mentale implacable, une stratégie efficace, une programmation scientifique qui ne laisse rien au hasard, ainsi qu’une bonne combinaison et une interaction optimale entre tous les facteurs de réussite.
Après la fête et l’immense joie que procure cette qualification amplement méritée, il faut « revenir sur terre » et amorcer un travail de fond pour éviter de retomber dans les mêmes erreurs du passé qui ont privé des générations marocaines de gouter à la joie que procure une participation à la phase finale de la coupe du monde.
Certes, cette qualification est un événement de très haute importance et ayant une grande valeur pour tous les Marocaines et Marocains. La liesse et l’immense allégresse devraient continuer pour une période plus ou moins longue. De leur côté, la Fédération Royale Marocaine de Football( FRMF) et toutes les instances marocaines concernées ont le droit de fêter cet exploit sans oublier le devoir de mettre le cap sur l’avenir en lançant, et dès les prochaines semaines , la phase intensive de préparation de l’équipe nationale pour la Russie 2018 , mais aussi pour les prochaines échéances internationales et continentales. Dans ce cadre, la FRMF et les autorités marocaines compétentes doivent mettre en place une stratégie visant la réalisation de deux objectifs prioritaires.
Dans le court et le moyen-terme, le Maroc doit faire de la -Russie 2018- une étape décisive dans la campagne de promotion de sa candidature pour accueillir l’édition 2026 de la coupe du monde. A cet effet, les autorités et les instances marocaines concernées doivent adopter une bonne stratégie pour la préparation d’une équipe nationale très compétitive capable de faire face aux meilleures équipes du monde. La figuration risque de porter préjudice aux efforts qui seront déployés pour relever les défis et s’adjuger l’honneur d’accueillir une phase finale de la coupe du monde. En 1986, l’équipe nationale marocaine a pu accéder au deuxième tour dans un groupe composé de l’Angleterre, du Portugal et de la Pologne. Le Maroc a été ainsi la première équipe africaine qui a pu passer à ce niveau de compétition. L’équipe nationale marocaine ne doit pas rater ce rendez-vous avec l’histoire. Elle est dotée de tous les moyens qui lui permettent, au moins, de récidiver l’exploit réalisé en 1986. Il suffit juste d’y croire. Enfin, il ne faut pas perdre de vue le fait que le choix du pays qui aura le privilège d’organiser la coupe du monde 2026 sera opéré en mai 2020, soit deux ans seulement après la Russie 2018.
Dans le long terme, la FRMF doit faire du championnat national un championnat vraiment professionnel capable de « produire » des joueurs de très haut niveau, et de préparer la relève qu’il faut pour éviter les cauchemars , la discontinuité et l’absence prolongée, comme c’est le cas depuis 1998.
Le Maroc a la chance que plusieurs pays africains n’ont pas. L’ossature et les piliers de l’équipe nationale peuvent être fournis par les Marocains résidant à l’étranger ou les binationaux qui bénéficient d’une formation de très haut niveau, ce qui leur permet d’évoluer dans les grands clubs européens et autres. Le championnat national pourrait être appelé à combler des lacunes qui pourraient découler d’une mauvaise adaptation aux conditions africaines (climat difficile- chaleur caniculaire et taux élevé d’humidité, état des pelouses, engagement physique souvent exagéré et même, parfois, l’arbitrage … ), sinon le championnat national n’aura aucune raison d’être.
Pour que la Botola ( championnat national ) puisse jouer pleinement son rôle, il suffit de quelques mesures et quelques actions dont notamment l’intransigeance qui devra exclure tout compromis et toute indulgence concernant les centres de formation, une programmation qui gère, au lieu de subir, le calendrier de la CAF ( Confédération Africaine de Football),l’amélioration des conditions d’accès aux stades -en recourant aux volontaires en cas de besoin – pour permettre à certaines catégories de supporters des clubs de revenir aux stades après une longue absence, l’amélioration de la qualité de la prestation des joueurs ( la recherche d’alibis et des prétextes pour perdre du temps et casser le rythme de l’adversaire, parfois sans qu’il y ait contact direct avec l’adversaire, doit être sévèrement sanctionnée) etc ….
La qualification à la Russie 2018 ne doit pas servir comme « de la poudre aux yeux ». Elle ne doit pas, non plus, nous amener à oublier que l’équipe nationale marocaine de football a raté 4 éditions successives de la coupe du monde (2002, 2006,2010 et 2014). Une mauvaise et amère expérience qu’il faut absolument éviter à l’avenir.
Par Ahmed Saber pour Maghreb Canada Express.
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