Par Dr, Ing. Mohamed Alaoui, (Expert Senior en eau et développement durable) pour Maghreb Canada Express
Abstraction faite des tenants et aboutissants de la dernière secousse ayant récemment touché quelques personnalités politiques marocaines, il y a lieu de saluer son timing qui tombe à point nommé et de rappeler qu’elle est sensée également secouer la conscience de toutes les forces vives de notre chère patrie pour s’inscrire dans la dynamique de la nouvelle ère de bonne gouvernance insufflée par Sa Majesté le Roi. Construire le Maroc de demain, prospère, stable et équitable est du ressort de tout un chacun qu’il soit responsable institutionnel, du secteur privé, de la société civile ou simple citoyen car l’acte de bâtir est par essence collectif. La fédération de nos efforts, nonobstant nos convictions et nos divergences, est le meilleur moyen d’accélérer le rythme du développement socioéconomique durable escompté et de contrer ceux qui voudraient torpiller les efforts louables déployés par le pays pour améliorer les conditions de vie de ses citoyens et de rayonner à l’international comme modèle de pays prônant la tolérance et le codéveloppement avec ses partenaires notamment africains sur une base « Win-Win ».
Il n’y a aucun doute que le Maroc, par le succès de ses profondes réformes et son modèle de développement inclusif, attise les convoitises de ses détracteurs qui le dénigrent outrageusement, preuve en est la dernière sortie hasardeuse du chef de la diplomatie algérienne, pour le moins puérile et condamnable. Mais cela ne peut que nous booster, nous marocains, et nous donner du tonus pour aller de l’avant sous la direction éclairée de notre Roi et interpelle notre fibre nationale pour mutualiser nos moyens et nous focaliser sur notre objectif commun, un Maroc fort, prospère et ouvert sur son environnement.
La concrétisation de cette vision ambitieuse est tributaire d’une convergence et d’une complémentarité des actions de l’État moyennant une gestion parcimonieuse de nos ressources, somme toute limitées, dans un cadre équitable et de solidarité interrégionale et intergénérationnelle. Cependant, quelque soit la nature et la pertinence des stratégies de développement socio-économique à adopter, elles ne sauraient atteindre les objectifs escomptés si elles ne sont pas accompagnées de l’élaboration d’outils de suivi et d’évaluation de l’efficacité des actions engagées par l’État. Le cas du programme « Al Hoceima Manarat Al Moutawassit » qui a défrayé les chroniques ces derniers jours est symptomatique du manque crucial de système efficient de suivi des actions étatiques qui fourniraient de l’information pertinente à même d’aider les pouvoirs publics à évaluer les progrès des programmes mis en œuvre ainsi que leurs impacts sur les bénéficiaires et de les alerter, le cas échéant, pour prendre les mesures de redressement nécessaires.
Avec l’avènement de la mondialisation, les Gouvernements subissent des pressions croissantes pour répondre aux demandes des parties prenantes, internes et externes, en matière de bonne gouvernance, de responsabilité, de transparence, d’efficacité et de résultats tangibles sur les bénéficiaires. L’approche classique d’évaluer les actions de l’État sur la base de leur mise en œuvre n’est plus d’actualité et a évolué vers une nouvelle approche axée sur les résultats qui juge l’efficience des programmes étatiques à l’aune de leurs impacts directs et indirects sur les bénéficiaires. Cette nouvelle démarche offre un puissant outil de gestion publique à même d’améliorer la manière dont les institutions gouvernementales atteignent les objectifs fixés. Le système Suivi et Évaluation (S&E) axé sur les résultats aide à répondre à la question pertinente « et après »? En fait, la réalisation des actions de L’État n’est pas une finalité en soit, mais c’est leurs impacts directs et indirects sur les bénéficiaires qui sont sensés être évalués. En d’autres termes, le Gouvernement peut réussir à mettre en œuvre des programmes ou des politiques sans pour autant s’assurer de la production des résultats escomptés. A titre d’exemple, il ne suffit pas simplement de mettre en œuvre des programmes de santé et de supposer qu’une mise en œuvre réussie équivaut à des améliorations réelles de la santé publique.
En cette période de mue de l’administration marocaine, il est opportun d’attirer l’attention du Gouvernement sur la nécessité absolue de l’instauration systématique de systèmes S&E axés sur les résultats qui ont prouvés leur efficacité dans les pays développés et qui sont hautement recommandés par la Banque Mondiale. De tels systèmes sont devenus une composante essentielle de la bonne gouvernance puisqu’ils fournissent un flot continu d’information utile aussi bien pour les pouvoirs publics que pour le Parlement, les citoyens, le secteur privé, les organisations non gouvernementales, la société civile, les organisations internationales, les bailleurs de fonds et les donateurs.
De multiples obstacles sont à surmonter pour mettre en place des systèmes de S&E axés sur les résultats. Cependant, lorsqu’ils sont convenablement conçus et mis en œuvre, ils fournissent un flux continu de rétroaction de l’information dans le système et permettent d’avoir un outil performant d’aide à la décision qui permet de mieux conceptualiser et de clarifier les finalités et les objectifs des programmes étatiques. Ils permettent en outre de développer une base de connaissances sur les types de projets, de programmes et de politiques qui réussissent, et plus généralement sur ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas, et pourquoi.
En somme, concevoir et mettre en place de tels systèmes, capables de produire de l’information fiable, pertinente et opportune sur la performance des projets, programmes et politiques globales du Gouvernement nécessite de l’expérience, des compétences, mais surtout une prise de conscience de leur importance cruciale pour le pays.
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