Ce dernier cru de la coupe du monde 2018 a chamboulé tous les paris, malgré une grande injustice d’arbitrage en vers les pays africains et asiatiques. Les meilleurs joueurs du monde, à l’image de Cristiano Ronaldo, Messi, Neymar, Cavani et beaucoup d’autres, sont rentrés chez eux.
Il y a vraiment une justice sur cette terre, et je suis heureux que cette coupe du monde finisse avec des équipes qui échappent à toutes les règles.
Maroc-Portugal
Hervé Renard, l’entraineur de l’équipe marocaine de football, était très remonté contre les erreurs de l’arbitrage sur le match qui opposa le Maroc et le Portugal. Comment motiver un groupe qui doit jouer l’Espagne, l’un des favoris de la compétition, « en sachant qu’ensuite, on doit préparer (ses) bagages » ? « Je vais jouer ce dernier match comme si on doit jouer notre qualification. Mon métier, c’est de faire en sorte de poser des problèmes à l’Espagne et rendre plus fier le peuple marocain. J’ai cette responsabilité et je dois l’assumer le mieux possible », a-t-il déclaré.
« Quand on regarde tous les faits de jeu qui se sont produits contre le Portugal, c’est une injustice totale. Sur le but encaissé, il y a une faute énorme de Pepe au 1er poteau. Pourquoi ne l’a-t-on pas vu ? », a déploré l’entraineur de l’équipe du Maroc, tout en faisant référence à « une main » du défenseur portugais qui n’a pas été sanctionné, alors qu’un cas similaire avait profité à « l’Australie contre le Danemark ». Le Maroc, qui a perdu ses deux premiers matchs dans le Groupe B contre l’Iran et le Portugal (1-0), est déjà éliminé du Mondial-2018, compétition dans laquelle il n’avait plus participé depuis 1998.
De son côté, le gardien de but marocain Munir El Kajoui, l’un des binationaux hispano-marocain des Lions de l’Atlas avec Achraf Hakimi, a insisté sur la « fierté » de ne pas quitter la Russie avez un zéro pointé. « Cela va être un match très important pour notre fierté, pour notre nom, parce qu’il faut donner cette joie à nos supporters. L’Espagne, c’est l’une des meilleures équipes du monde, qui a de grandes ambitions. Nous espérons partir avec une victoire qui nous permettra de partir la tête haute », a-t-il déclaré.
La suite on la connait, le Maroc a fait match nul avec L’Espagne (2-2), et ce score prouve à quel point l’équipe marocaine était forte. Elle a dû juste subir des erreurs d’arbitrage à quoi s’ajoute la malchance de sa première rencontre contre l’Iran ; un joueur marocain a marqué contre son camp. A souligner aussi que l’équipe de l’Iran était remarquable ! Il n’y a qu’à regarder le match qu’elle a fourni contre le Portugal.
Arbitrage vidéo, le grand chamboulement.
Comme on peut le lire dans le numéro du « Point » du 29/06//18, sous le titre : « Dans ce Mondial, l’assistance vidéo à l’arbitrage a éteint des polémiques mais en a créé d’autres. »
« L’arbitrage vidéo, c’est n’importe quoi ! » À elle seule, cette phrase prononcée sur le terrain par le Marocain Nordin Amrabat résume le problème rencontré par la nouvelle technologie du football. Censée éteindre les polémiques autour de l’arbitrage, l’assistance vidéo a déplacé les débats. Elle a néanmoins prouvé son utilité à quelques reprises, ce qui ravit ses partisans. « Dans l’ensemble, le bilan est plutôt positif, assure Stéphane Lannoy, ancien arbitre international, qui scrute chaque match pour LCI et TF1. L’assistance vidéo a permis de corriger des erreurs flagrantes. Et, chaque fois, c’est une polémique de moins. » Mais, malgré des points très positifs avec des injustices évitées, cette nouvelle vision du foot reste rejetée par une partie des acteurs, et des spectateurs. Certaines polémiques durant ce Mondial ont aussi donné du grain à moudre aux conservateurs.
Coup de coude de Ronaldo
En deux semaines et 48 matchs, les discussions se sont multipliées et, surtout, les arbitres et leurs décisions sont toujours contestés, à la fois sur le terrain, dans les tribunes et en conférence de presse. Carlos Queiroz, sélectionneur de l’Iran a été particulièrement virulent après le visionnage d’une faute de Ronaldo sur l’un de ses joueurs, sanctionnée seulement d’un carton jaune. « Vous stoppez le jeu pour visionner l’action, et il y a coup de coude. Un coup de coude, c’est carton rouge dans les règles. Dans les règles, il n’est pas précisé si c’est différent pour Messi et Ronaldo… »
Trop de penaltys
Autre fait marquant : le nombre exponentiel de penaltys sifflés dans cette Coupe du monde : du jamais-vu ! Avec 24 penaltys sifflés, le record de 2002 (18 penaltys) est déjà largement battu, alors que les huitièmes de finale n’ont pas débuté. Arbitre lors du Mondial 2010, Stéphane Lannoy s’en réjouit : « J’ai noté 9 penaltys indiscutables qui auraient échappé à la vigilance de l’arbitre, sans la vidéo. S’ils n’avaient pas été sifflés, cela aurait amené des polémiques. » L’impression d’impunité des défenseurs qui ceinturent dans la surface est effacée. Les mains sont scrutées. Et les buts hors-jeu, de l’histoire ancienne.
Interdit de faire pression
Enfin, l’arbitre de la demi-finale de l’Euro 2012 (Allemagne-Italie) tient à rappeler à ses successeurs leurs obligations : « Dans le règlement, il est écrit noir sur blanc que, si un joueur dessine avec ses mains le rectangle de la vidéo pour mettre la pression sur l’arbitre, il doit recevoir un carton jaune. Et, si un entraîneur le fait, il doit être exclu ! » Un règlement jusqu’ici non suivi par les arbitres du Mondial 2018, alors que les provocations des joueurs et des sélectionneurs ont été nombreuses. « Les arbitres vont devoir être fermes et forts. Sinon, on va se retrouver dans la même situation qu’avant ! » Ce serait bien triste, en effet, d’avoir introduit la technologie dans le monde du football sans lui en avoir retiré ses principaux défauts.
Mes espoirs
A l’heure où j’écris cet article, la France vient de battre l’Uruguay, et la Belgique le Brésil. En tant que Français d’origine marocaine, j’ai soutenu le Maroc qui a malheureusement quitté trop tôt ce Mondial. Je soutiendrai donc la France contre la Belgique, et si La France perd, je soutiendrai l’équipe belge, ne serait-ce que parce qu’il y a deux joueurs belges d’origine marocaine qui y jouent.
Si par un heureux hasard, la France gagne cette coupe du monde 2018, j’espère que les Français se souviendront que cette victoire est due en grande partie à des jeunes joueurs français certes, mais issus de l’immigration africaine en grande partie.
Oui l’Afrique, ce continent que la France a colonisé et à qui elle a pris toutes ses richesses dans le passé.
« Contrairement à ce que certains disent, nous ne sommes pas aujourd’hui confrontés à une vague d’immigration. […] Le sujet de l’immigration ne devrait donc pas inquiéter la population française. […] Nous ne devons pas mentir à nos concitoyens : l’immigration n’est pas quelque chose dont nous pourrions nous départir. De surcroît, l’immigration se révèle une chance d’un point économique, culturel, social. Dans toutes les théories de la croissance, elle fait partie des déterminants positifs. Mais à condition de savoir la prendre en charge. Quand on sait les intégrer, les former, les femmes et les hommes renouvellent notre société, lui donnent une impulsion nouvelle, des élans d’inventivité, d’innovation. » Emmanuel Macron.
Par Mustapha Bouhaddar pour Maghreb Canada Express,, page 10, Vol. XVI, N° 07, Juillet 2018