Propos recueillis par Naoufal ENHARI (MAP), le 23 janvier 2019 à New York
La Présidente de l’Assemblée Générale des Nations-Unies, Maria Fernanda Espinosa, a salué le rôle “extrêmement important” joué par le Royaume du Maroc dans l’adoption du Pacte de Marrakech sur la migration, un document historique de référence visant à promouvoir une coopération internationale renforcée sur la question migratoire.
“Le rôle du Maroc, non seulement dans l’organisation de la conférence de Marrakech, mais dans tout le processus de négociation du Pacte, était extrêmement important et reconnu par la communauté internationale et les États membres des Nations-Unies”, a affirmé Mme Espinosa dans un entretien à la MAP.
Pour elle, le Pacte de Marrakech sur la migration a été “l’une des plus grandes réalisations” des Nations-Unies et de l’Assemblée générale au cours de l’année écoulée. “C’était le résultat d’un processus de négociation très intense” avec comme point culminant la conférence de Marrakech et l’adoption du Pacte mondial, a dit la Présidente de l’instance la plus représentative des États membres de l’ONU.
Mme Espinosa, ancienne ministre des Affaires étrangères de l’Équateur qui avait aussi occupé plusieurs postes de responsabilité internationale et pris part à de nombreuses conférences tout au long de sa longue carrière, a confié que la conférence de Marrakech était, de ce point de vue, “organisée de manière impeccable, tant sur le plan politique que sur le plan logistique”.
“Je pense que le rôle du Royaume du Maroc était absolument louable, en ce sens qu’il a joué un rôle de premier plan dans le succès de la conférence de Marrakech”, a-t-elle dit, soulignant que ce succès tient en grande partie à “l’engagement politique du Royaume du Maroc pour le Pacte sur la migration, en particulier, et en faveur de l’agenda international de la migration, en général”.
Évoquant, par ailleurs, la question de la mise en œuvre du Pacte de Marrakech, la Présidente de l’Assemblée Générale a rappelé que quelque “260 millions de migrants à travers le monde attendent que nous livrions” des résultats.
Si le point culminant a été l’adoption formelle du Pacte de Marrakech et son approbation par l’Assemblée générale en décembre dernier, il s’en suit aujourd’hui un processus de consultation et de négociation en vue de l’examen de la mise en œuvre du Pacte sur la migration, a-t-elle noté.
A cet égard, Mme Espinosa a indiqué avoir désigné deux pays qui vont diriger et coordonner ce processus, à savoir l’Espagne et le Bangladesh, dont les ambassadeurs au niveau des Nations-Unies se chargeront de mener cette action de coordination.
“Ils vont ainsi être chargés de façonner le Forum international d’examen des migrations, la prochaine étape étant donc la négociation entre les États membres afin de mettre en place une architecture pour le suivi et la mise en œuvre du Pacte de Marrakech”, a-t-elle déclaré.
“Je pense que cela va être difficile, en tout cas pas toujours facile. Je pense aussi que si nous considérons que le Pacte n’est pas un instrument juridiquement contraignant, mais plutôt une sorte d’orientation politique, un parapluie pour encourager la coopération, alors cela ne sera pas aussi difficile, d’autant plus que nous constatons qu’une majorité importante d’États membres est pleinement attachée au Pacte et à sa mise en œuvre”, a-t-elle assuré.
Autre étape dans ce processus sera la tenue du Débat de haut niveau sur les migrations internationales et le développement, qui se tiendra le 27 février à New York, a poursuivi Mme Espinosa, estimant que cette rencontre sera “une excellente occasion de continuer sur notre lancée après Marrakech”.
“L’idée est de disposer d’un ensemble de bonnes pratiques, de success stories, de conseils et d’idées de la part des États membres sur la manière d’améliorer la mise en œuvre du Pacte. Nous aurons donc une discussion de deux jours sur la manière de mieux mettre en œuvre le pacte de Marrakech sur la migration, mais New York sera également le lieu idéal pour présenter les bonnes pratiques réussies, et il en existe plusieurs à travers le monde”, a-t-elle expliqué.
Interrogée sur l’importance du multilatéralisme pour la résolution des grandes questions et défis auxquels est confrontée la communauté internationale, la Présidente de l’Assemblée Générale a noté que l’organisation des Nations-Unies reste l’endroit par excellence du multilatéralisme.
“Nous sommes un espace qui rassemble des gouvernements et des États membres pour prendre des décisions affectant l’avenir de l’humanité. La vérité est que le seul moyen de relever les défis de l’heure, tels que les changements climatiques, la migration et le terrorisme, consiste à mener une action collective, à assumer des responsabilités convenues et partagées, et à exercer un leadership mondial. Et l’endroit pour ce faire reste évidemment l’ONU”, a dit Mme Espinosa.
“Lorsque les temps sont durs et l’atmosphère internationale est très tendue, il faut plus de coopération et non pas moins, et par conséquent un multilatéralisme plus renforcé et développé”.
Selon elle, “il n’y a pas ainsi moyen de lutter contre la migration si on ne travaille pas ensemble – pays d’origine, pays de transit et pays de destination-, étant donné que la migration reste foncièrement une question transfrontalière”.
“Si vous prenez encore l’exemple des changements climatiques, un pays ne peut pas à lui seul résoudre le problème de la réduction des émissions de CO2. Et un pays seul ne peut pas non plus lutter contre le terrorisme, car il s’agit d’un phénomène transfrontalier”, a-t-elle ajouté.
“Il nous faut donc plus de multilatéralisme, mais aussi une ONU pertinente, efficace et réellement adaptée à ses objectifs. Et nous travaillons collectivement dans ce but”, a conclu la Présidente de l’Assemblée Générale.