Abd-el-krim-9(Photo: Réddition de Abdelkrim)

Abdelkrim El Khattabi (de son vrai nom Mohammed ben Abdelkrim El Khattabi) s’était éteint au Caire en février 1963… Un cinquantenaire qui est passé inaperçu. Et pourtant…

L’homme est passé dans l’histoire comme celui qui aurait défait toute une armée espagnole en l’espace de deux jours et avec seulement 3000 hommes. L’Espagne  aurait laissé sur le champ de bataille  près de 16 000 soldats, 150 canons et 25 000 fusils, et ce, sans compter près de 24 000 soldats blessés et 700  prisonniers. Ce fût en 1921 durant la bataille d’Anoual, la première d’une guerre qui va durer 5 ans et où Abdelkrim et les guerriers du Rif (Nord du Maroc) vont tenir tête à l’armée espagnole puis à celle française.

Après une dernière offensive franco-espagnole (de 600.000 hommes; plus que la population rifaine), Abdelkrim finit par déposer les armes devant les français avec l’espoir de voir les civils épargnés. Mais les espagnols, qui n’arrivaient pas à digérer l’affront, auraient bombardé massivement les villages rifains et auraient fait des Marocains du Rif «les premiers civils gazés massivement dans l’Histoire». Le  nombre des victimes civiles durant les années 1925-1926 serait de 150.000.

Abdelkrim fut exilé, en 1926, par les français à l’Île de la Réunion où il este jusqu’en 1947. Lors de son transfert en mai 1947, vers la France, il profita de l’escale de son bateau à Suez pour s’échapper et s’établir avec sa famille au Caire où il mourut et fût enterré le 6 février 1963; loin de sa terre natale le Maroc . Et les Égyptiens lui avaient offerts des obsèques nationales !

Selon Hamid Barrada et Guy Sitbon (Source : Le Juif et l’Arabe : Dialogues de guerre, Plon 2004, p. 98) Azzam Pacha (Secrétaire général de la Ligue arabe) est allé voir Abdelkrim pour lui annoncer la création d’Israël et la décision des pays arabes de faire la guerre en vue de libérer la Palestine.  Abdelkrim lui aurait répondu : « Surtout pas, n’en faites rien. Cette guerre-là, nous ne pouvons pas la perdre, car il y a deux éventualités : ou nous sommes défaits par le petit État juif, et nous serons la risée du monde ; ou nous gagnons, et nous aurons le monde entier contre nous. Alors que faire ? Laisser les Juifs coloniser les Palestiniens. Nous aurons affaire à une situation coloniale classique, et les Palestiniens se libéreront, comme se libéreront un jour les Marocains, les Tunisiens et les Algériens ».

Par ailleurs, certains dirigeants d’un mouvement de libération arabe seraient allés voir Mao Tsé Dzong pour solliciter son aide en vue d’une formation aux techniques de la guérilla. Mao leur aurait répondu : «Pourquoi faire tout ce chemin alors que vous en avez le Maître : Abdelkrim ?»

Mounir El Atlassi

By AEF