Le rideau est tombé sur l’affaire de Gdeim Izik de Laâyoune. Le Tribunal militaire de Rabat a rendu son verdict dans la nuit de samedi à dimanche. Il a condamné neuf accusés à la perpétuité (dont un en état de fuite) et 14 autres à des peines allant de 20 à 30 ans de prison. Deux mis en cause ont été condamnés à la peine correspondant à la durée de la détention préventive. Le Tribunal a aussi ordonné la saisie de 300.000 dinars algériens, 5.000 euros, 10.000 dollars américains, 500 dirhams et la destruction d’armes blanches et d’objets divers.
Les prévenus étaient poursuivis pour «constitution d’une bande criminelle, violences contre les forces de l’ordre ayant entraîné la mort avec l’intention de la donner et participation». Les événements, liés au démantèlement du camp Gdeim Izik, remontent aux mois d’octobre-novembre 2010. Ils avaient fait 11 morts parmi les forces de l’ordre, y compris un élément de la Protection civile, 70 blessés parmi ces mêmes forces, dont plusieurs grièvement atteints et quatre autres blessés parmi les civils, outre des dégâts matériels conséquents et dommages à des bâtiments publics et biens privés.
Le dernier mot des accusés a été prononcé samedi matin, niant encore toutes les accusations portées contre eux. Vendredi 15 février, le Tribunal avait entendu les plaidoiries de la défense qui a requis l’acquittement de tous les accusés pour manque de preuves à charge, absence de l’intention criminelle et inexistence d’éléments constitutifs du crime. Dans sa réponse aux plaidoiries de la défense, le représentant du ministère public a insisté sur la validité et la légalité des procès-verbaux de la police judiciaire, précisant que les éléments du crime sont réunis, notamment la présence d’un plan minutieux, d’instruments du crime, de fonds et du lieu de crime.
Selon des observateurs nationaux et internationaux qui avaient suivi le procès, «le verdict prononcé est juste et équitable». «Les jugements cadraient avec la culpabilité avérée des accusés sur la base des preuves établies par le parquet général», a indiqué à la presse Rouaida Marwi, directrice exécutive du Centre international de développement, de formation et de règlement de différends. Et d’ajouter: «Le procès n’était pas exceptionnel, mais légal dans une affaire où les victimes sont des membres des forces de l’ordre». «Il est exemplaire, puisqu’il s’est déroulé dans des conditions de transparence et de manière équitable», considère, pour sa part, un observateur français. «Les peines ont été étalées selon les responsabilités des accusés», renchérit-il, rappelant que le procès a été destiné à juger des actes criminels odieux et barbares quasiment terroristes. L’on estime aussi que le jugement répond aux conditions de probité, de transparence et de respect des droits de l’Homme. Notons que les accusés ont bénéficié d’une grande marge de liberté d’expression et du temps nécessaire pour répondre aux chefs d’accusation. Au terme de quatre jours d’audition, le Tribunal militaire a écouté l’ensemble des mis en cause, dont chacun a donné sa version des faits, exprimé ses opinions et répondu aux questions du ministère public et de la défense.
Source: L’Économiste