Ali Marzouki est un artiste visuel, pédagogue et médiateur culturel d’origine tunisienne. Il arrive au Canada en 2012 et il s’installe à Montréal où il fonde la Ligue des Artistes Tunisiens du Canada.
Comme il est diplomé (Master) en Sciences et techniques des Arts, de l’institut supérieur des Beaux-Arts de Tunis et qu’il avait déjà enseigné tout en participant à différentes rencontres locales et internationales en tant qu’artiste peintre, sculpteur ou conférencier Ali Merzouki se trouve le plus naturellement du monde en milieu scolaire, collégial et universitaire quebécois à y exposer ses œuvres ou à y animer des ateliers en rapport avec l’art et la culture arabe.
Eh bien croyez-le ou non, dans cette partie du Canada, ou la loi oblige qu’on affiche en Français plus gros que l’anglais, M. Merzouki a choisi de raconter des histoires en Arabe s’il vous plaît ! pourquoi ? M. Merzouki nous l’explique dans cet entretien :
C’est une idée originale que de conter en arabe dans un milieu francophone. Comment cette idée avait-elle germé et grâce à qui elle a abouti ?
Étant né et grandi dans une société occidentale francophone, et imprégné de la culture du pays arabe dont je suis issu et où j’ai vécu, j’ai irrémédiablement été affecté, de façon à ne pas percevoir de frontières nettes entre ces deux mondes, et, j’ai compris assez vite que, quoiqu’apriori si différents, voire antagonistes, nous sommes tous semblables. Le conte est lieu de rêverie et de réflexion. Il porte en lui fantaisie et imaginaire, mais aussi enseignement et morale, c’est une invitation à relaxer et à méditer. C’est cette compréhension que j’essaye de partager à travers mes ateliers.
Le travail de l’artiste ne peut pas s’accomplir seul; sans l’aide de responsables dont l’ouverture d’esprit et l’écoute sont indispensables. La bibliothèque du boisé en est le parfait exemple, ses bibliothécaires et gestionnaires ont non seulement l’œil pour reconnaitre les gens de talents, ils ont aussi le regard porté sur leur public, sur ses traits caractéristiques et sur ses besoins, mais aussi ils se chargent d’une vision plus globale et avant-gardiste visant ainsi l’usager de l’avenir.
Quelles sont les thématiques abordées par vos contes ?
Les contes que je choisi de partager avec mon public sont des petites histoires, des fables, des récits extraits de recueils ou d’œuvres littéraires célèbres ou parfois de légendes de la mémoire populaire ou du patrimoine d’une telle région du monde arabe. Ces histoires dont les origines sont parfois si éloignées ont un commun qui regorge de valeurs universelles collectives : tolérance, courage, altruisme, générosité, entraide, partage, humilité…
Quel est votre public cible ?
Mon travail est adapté aux enfants de 05 à 12 ans mais il s’adresse à un plus large public de tout âge et de toute origine, et mon atelier a les portes toujours grandes ouvertes à toute personne dont la curiosité guide les pas avec le désir de découvrir la culture et la langue arabe.
Quels sont les objectifs à travers ces contes et quels sont leurs impacts sur la construction de ponts entre les différentes composantes culturelles de la société québécoise ?
Je conte en arabe, mais je traduits mon texte en français et je présente mon récit dans les deux versions.
Ma deuxième langue est étrangère, mais ma présence ne doit pas l’être.
Mon objectif est le dialogue, et non pas le discours hermétique.
L’heure du conte est un moment de divertissement, c’est aussi une occasion de se remettre en question et de resserrer, à travers une fiction, sur l’essentiel : sur l’humain, en cherchant à l’intérieur de chacun ce qui permettrait de devenir une meilleure personne, la société québécoise est un environnement pluriel par la diversité de sa population et y lire des contes dans une langue autre que le français ou l’anglais est une expérience originale et enrichissante. Ainsi, au-delà de la barrière de la compréhension et du jugement, et contre toute attente, se dressent des ponts d’acceptation et d’appréciation.
Que doit faire un enfant d’origine maghrébine pour assister à vos séances ?
Je propose une activité dont le contenu est en lien avec la langue et la culture arabe.
Cependant, il ne s’adresse pas exclusivement à un public arabophone mais plutôt un public qui a la curiosité de découvrir cette langue et cette culture. Ainsi, mes ateliers sont ouverts à tout le monde.
Il suffit de s’y inscrire préalablement, car les places sont limitées.
Propos recueillis par Abderrahman El Foulkadi pour Maghreb Canada Express, Vol. XXI, N°09, Page 05, Édition du mois de septembre 2023.