Avec le réchauffement climatique, ces vagues de chaleur seront plus nombreuses et plus fortes. Le réchauffement climatique amplifie la fréquence et l’intensité des évènements climatiques extrêmes, et en particulier des incendies, alertent des experts.
Canicule inédite en Afrique du Nord depuis début juillet où le mercure a frôlé les 50 degrés en Tunisie, en Algérie et au Maroc provoquant des feux violents.
Le pays le plus touché est l’Algérie dont le dernier bilan publié par le ministère de l’Intérieur fait état d’un total de 34 morts, dont dix militaires.
Outre les pertes humaines, des milliers d’hectares de forêts et de cultures ont été détruits, des centaines d’habitations sont effondrées, des dizaines de sinistrés sont sans eau et ni électricité. Au moins 90 personnes y ont été tuées dans des incendies en 2021.
En Tunisie, les autorités ont fait état de 16 incendies qui se sont déclarés simultanément dans des zones forestières, touchant 8 gouvernorats, tels que Bizerte, Jendouba, Siliana, Beja (nord) et Kasserine (centre -Ouest). Les écosystèmes de la région ont subi des dégâts énormes, selon des sources locales.
Depuis le 5 juillet, la Tunisie connaît une vague de chaleur, avec des températures dépassant les 50 degrés dans certains gouvernorats.
Au Maroc, les feux de forêts ont ravagé 3.900 hectares en 2023, a affirmé le directeur général de l’Agence nationale des eaux et forêts (ANEF), assurant que 222 feux ont été recensés dans différentes régions du pays.
Même si la principale cause de ces sinistres à répétition reste l’action humaine, qu’elle soit criminelle ou involontaire, il n’en demeure pas moins que les pays du Maghreb sont confrontés depuis quelques années à l’aggravation des conditions météorologiques favorisant les feux de forêts de grande ampleur, à l’image de ceux enregistrés en Algérie. Les incendies deviennent chaque année plus fréquents et plus graves en raison des changements climatiques.
L’Afrique du Nord subit déjà de plein fouet les impacts des changements climatiques, comme l’aridification croissante des sols qui devrait s’amplifier dans les prochaines décennies.
La hausse des températures combinée au manque de pluie menace la sécurité alimentaire des habitants et l’économie des pays de la région, avait alerté l’Agence française de développement (AFD) dans son dernier rapport. Cette organisation qui finance, accompagne et accélère les transitions vers un monde plus juste et durable en Afrique du Nord y est engagé sur deux axes stratégiques face aux changements climatiques. Le premier vise l’atténuation de la crise climatique par la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le second vise l’adaptation, par le renforcement de la résilience des systèmes naturels et humains face aux effets des changements climatiques tels que les inondations ou les sécheresses. Très beau projet écologique en somme. Mais dans la pratique, ces principes demeurent des vœux pieux face à l’inaction des gouvernements et des gouvernés.
« Le pire est à venir… »
Depuis 1900, les températures à la surface du globe ont déjà augmenté de 1,1 °C, un phénomène causé sans équivoque par les activités humaines et principalement par les émissions de gaz à effet de serre. L’augmentation de la température est plus importante sur les terres (1,59 °C) que sur les mers (0,88 °C).
La concentration mondiale de gaz à effet de serre a continué à augmenter, atteignant 410 ppm (parties par million) en 2019, un niveau jamais atteint au cours des deux derniers millions d’années. Le taux de croissance des émissions de gaz à effet de serre a été plus faible entre 2010 et 2019 qu’entre 2000 et 2009. En 2019, 79 % des émissions mondiales provenaient des secteurs de l’énergie, de l’industrie, des transports et des bâtiments, et 22 % de l’agriculture, de la sylviculture et des autres utilisations des terres (AFOLU en anglais).
Les 10 % de ménages dont les émissions par habitant sont les plus élevées contribuent à hauteur de 34 à 45 % aux émissions mondiales, tandis que les 50 % les moins bien lotis y contribuent à hauteur de 13 à 15 %, selon les indications du GIEC.
Entre autres changements observés , les climatologues citent l’ élévation à un rythme croissant du niveau moyen de la mer de 0,20 m depuis 1900 ; pertes humaines dues à des vagues de chaleur extrême et davantage de maladies liées au climat ; migrations de population en Afrique, en Asie et en Amérique du Nord en raison du climat et des conditions météorologiques extrêmes ; préjudices économiques dans les secteurs de l’agriculture, de la sylviculture, de la pêche, de l’énergie et du tourisme ; répercussions négatives sur la santé humaine, les moyens de subsistance et les infrastructures essentielles dans les zones urbaines .
Pour les scientifiques, les vagues de chaleur ont déjà battu des records cette année et l’arrivée confirmée du phénomène climatique El Niño pourrait se coupler au réchauffement climatique pour produire des températures encore plus extrêmes.
Pour les vagues de chaleur, les changements climatiques augmente leur durée, leur intensité et aussi leur portée géographique, affirment les scientifiques. « Toutes les vagues de chaleur dans le monde sont désormais plus fortes et plus susceptibles de se produire en raison des changements climatiques causé par l’humain », pointe Friederike Otto, scientifique à l’Imperial College de Londres. Le réseau Attribution du climat mondial (WWA) abonde dans le même sens affirmant que les changements climatiques, causé par les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine, « a rendu les canicules plus chaudes, plus longues et plus fréquentes ».
Une étude en mai 2023 a alerté sur le fait qu’un cinquième de la population mondiale serait exposé à des chaleurs extrêmes et potentiellement mortelles d’ici la fin du siècle, en particulier en Inde ou au Nigeria, si l’humanité reste sur sa trajectoire climatique actuelle.
Par Ahcène Tahraoui pour Maghreb Canada Express , Vol. XXI, N°08, Page 02, Édition du mois d’août 2023.