On nous a souvent reproché de ne pas être trop critique vis-à-vis de ce qui se passe au Maroc. Deux raisons nous poussent à ne pas le faire et à nous concentrer plutôt sur la position internationale du Maroc ainsi que sur le renforcement de ses liens avec notre pays d’accueil : la première raison, en tant qu’individu, je n’ai pas (ou j’ai peu) de rancune contre le Maroc; non pas parce que je n’ai rien à reprocher aux autorités (je suis parmi les rares MRE qui ont traîné des institutions marocaines en justice. Et -toujours personnellement- j’en avais traîné deux institutions, plutôt qu’une, devant les tribunaux) et la deuxième raison , c’est que les adversaires du Maroc le critiquent mieux que nous, allant même jusqu’aux insultes et à la diffamation ces dernières années. Pourquoi devrions-nous les aider dans leur entreprise vindicative? Et ce, même s’ils justifient leur dessein par une lutte contre le ‘’Makhzen’’. Or le Makhzen, c’est la spécificité marocaine, c’est le symbole d’un empire de plus de douze siècles; Bref c’est le Maroc. Et le Maroc, c’est chaque Marocain et chaque Marocaine.
Donc, et à mon humble avis, si ce système (le Makhzen) présente des défauts ou fait des ratés, c’est aux Marocains et Marocaines de laver leur linge sale en famille; entre eux. Et soutenir toute tentative de l’extérieur (surtout en période de tension) relèverait plutôt de la trahison. Et… c’est valable, non seulement pour le Maroc mais aussi pour tous les États en période de conflit; États dont les lois prévoient des peines variables pour cette trahison.
Il serait divertissant pour les justiciers en herbe ; voire très utile de connaître les lois des pays auxquels ils s’attaquent , ne serait-ce que pour être efficaces dans la transmission de leur message révolutionnaire… sans y laisser des plumes.
Nous avons fait l’exercice avec la loi marocaine et nous avons découvert que le ‘’Makhzen’’ ne badine pas avec la sûreté de l’État : Le document que nous avions consulté (disponible sur le Net) s’intitule ‘’Code Pénal’’ édité par le Ministère de la Justice et des libertés du Royaume du Maroc (Direction de législation).
La section II de ce code (Articles 181 à 200) traite des crimes et délits contre la Sûreté extérieure de l’état ainsi que des peines qui leurs sont applicables. Nous avons jugé opportun d’en mettre en exergue les articles qui suivent (et qui pourraient s’appliquer à certains cas spécifiques durant les temps qui courent)
Article 187 (Extrait) : Sont réputés secrets de la défense nationale pour l’application du présent code : 1° Les renseignements d’ordre militaire, diplomatique, économique ou industriel qui, par leur nature, ne doivent être connus que des personnes qualifiées pour les détenir, et doivent, dans l’intérêt de la défense nationale, être tenus secrets à l’égard de toute autre personne (…) Une question se pose d’elle-même : À partir de quel grade ou de quel degré de responsabilité, la vie privée d’un Big Boss, dans les secteurs ci-dessus mentionnés, pourrait-elle être qualifiée de ‘’secret défense nationale’’ ?
L’avis d’un avocat serait le bienvenu
Article 191 : Est coupable d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat, quiconque entretient avec les agents d’une autorité étrangère des intelligences ayant pour objet ou ayant eu pour effet de nuire à la situation militaire ou (même NDLR) diplomatique du Maroc. Lorsque l’infraction a été commise en temps de guerre, la peine est celle de la réclusion de cinq à trente ans. Lorsqu’elle a été commise en temps de paix, la peine est celle de l’emprisonnement d’un à cinq ans et une amende de 1.000 à 10.000 dirhams.
Il est à souligner que le Maroc n’est pas en temps de guerre certes, mais certaines pressions externes, par les temps qui courent, pourraient le pousser à se considérer en état de guerre (froide).
Nous ne cherchons à faire peur à personne ni même à dissuader quiconque de s’attaquer aux gros bonnets ‘’ayant pignon sur décision’’ s’ils les jugent être des ‘’malfrats’’: Notre objectif est juste la clarification de certaines zones d’ombre et l’incitation de ceux et celles qui prennent la tangente, à ne pas le justifier par le fait qu’ils défendent l’intérêt de la Nation. Certains nous diront qu’ils agissent en tant que français, belges ou canadiens, tout en leur rappelant que ni la France, ni la Belgique, encore moins le Canada… ne sont en guerre contre le Maroc, l’Article 198 est clair et spécifie que la loi marocaine s’applique aux crimes et délits contre la sûreté extérieure de l’État commis à l’intérieur ou à l’extérieur du territoire du Royaume. Et de préciser que ‘’la tentative du délit est punie comme le délit consommé’’.
Nous tenons à souligner tout de suite que tout n’est, ni n’était, rose au Maroc et que beaucoup avaient quitté le pays avec le cœur plein de rancune. Il fut, en effet, un temps où ouvrir sa gueule pour critiquer, ne serait-ce qu’un mokhazni (agent de l’ordre), pourrait conduire le téméraire à une cellule bien fermée. Durant ces années de plomb, des gens courageux ont parié sur la Liberté en misant leur vie.
Beaucoup ont été condamnés à mort, d’autres à de lourdes peines de prison, mais d’autres ont pu s’évader et se réfugier à l’étranger. Et puis deux tentatives de coups d’État militaires successifs ont secoué le Royaume qui se serait isolé du peuple. Et puis vint le coup de génie de la Marche Verte qui a pu satisfaire une demande séculaire du peuple : la réalisation de l’unité territoriale du Maroc. Et c’est ainsi que le peuple Marocain a récupéré son Sahara et la Monarchie marocaine a pu récupérer son Peuple.
De grandes figures de l’opposition marocaine (le vraie) (tel que Fquih Basri) revinrent de l’exil. D’autres ont regagné ou ont formé des gouvernements. Une page sombre de l’Histoire marocaine fut tournée grâce à l’instance Équité et Réconciliation. Les langues se sont déliées et la contestation (justifiée ou non justifiée) est montée en flèche à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, et ce, sans que le prisons ne se remplissent de nouveau; comme durant les années de plomb.
Et le tout aurait pu être au mieux dans le meilleur des pays, si ce n’était ce caillou délibérément mis dans les bottes du Maroc, par le voisin, pour l’empêcher de parachever son intégrité territoriale. L’armée marocaine, qui fut décapitée après les tentatives de coup d’état (1971 et 1972) , renaît de ses cendres et mit un frein aux tentatives de déstabilisation (contre le Maroc) du voisin de l’Est… par milice du polisario interposée.
Et la contestation des uns fait le bonheur du Voisin
Certains ont trouvé, semble-t-il, dans la contestation et l’attaque des symboles de l’État marocain, le chemin le plus court et le plus rapide vers la renommée, devenant ainsi (consciemment ou inconsciemment) un outil de propagande subversive dans les mains du voisin de l’Est qui ne cache pas ses intentions belliqueuses contre le Maroc. Car, sinon pourquoi ne cherchent-ils pas à conscientiser ceux qui prêtent leurs mains pour qu’on puisse les gifler avec ? Ceux qui, pour quelques centaines de dirhams, vendent leur voix lors des élections aux ‘’loups qui font la promesse de devenir végétariens’’ s’ils gagnent les élections !
Pourquoi ne s’attaquent-ils pas à cette base populaire qui, pour quelques dirhams, corrompent le fonctionnaire pour voler leur prochain. Car même passer devant un citoyen dans une file est un vol !
Certes, il y a des voleurs au pays. Certes, il y a des richesses mal acquises. Mais force est de constater que ce sont à d’autres riches qu’on préfère s’attaquer : Depuis la nuit des temps le peuple marocain est généreux ; Surtout avec les gens du Savoir et de la foi. Des fquih, des marabouts et des chérifs (descendants du prophète) se sont ainsi trouvé à la tête de fortunes que leurs descendants (dont certains sont devenus parmi les piliers de l’État) n’ont pas dilapidé après la mort de leurs parents, mais qu’ils ont investi là où il faut et surtout dans le pays et non ailleurs !
Il y a aussi ces simples citoyens dont les ancêtres avaient trimé dur en commerçant avec des produits agricoles, miniers ou énergétiques d’importation; À dos d’âne, puis sur des charrettes tirés par des mules, puis avec des véhicules motorisés, sillonnant le pays de souk en souk , puis s’établissant ensuite dans des villes, remplissant magasin après magasin… jusqu’à ce que leur fortune devienne colossale.
Tout au long du parcours de ceux-ci des générations de fainéants se livrant à leur sport favori (la paresse) se comportaient comme dans l’adage marocain ‘’Errijal tekseb wa erra3awin tehseb’’ (les hommes gagnent et les fainéants comptent-le gain- de loin) … jusqu’à ce que l’envie se transforme en jalousie puis la jalousie se transforme en haine contre tout riche, mais non pas contre toute richesse.
Bien-sûr, et nous tenons à le redire: il y a des richesses bien mal acquises. Et le pays a tout un arsenal juridique pour lutter contre ça. Il suffit de fournir les preuves… pas de semer des calomnies à tout vent pas à jeter tous les bébés avec l’eau du bain.
Mais certains lanceurs d’alerte, profitant de ce qu’ils croient être un abri de double nationalité, faute de lancer des alertes, se mirent à faire dans l’insulte, la diffamation et la calomnie comme M. Jourdain faisait dans la prose; versant ainsi, et allégrement, du combustible dans la machine de guerre de l’adversaire.
Qui serait à blâmer en cette année 2024, où le Maroc fait face à une agressivité étrangère sans précédent et tout azimut ? Le riche qui investit au Maroc ou le lanceur de calomnies de l’extérieur contre le Maroc ? À suivre…
Par Abderrahman El Fouladi, pour Maghreb Canada Express, Vol. XXII, N°07, pages 2 et 3, Édition Septembre 2024