L’Institut Africain de Recherche en Agriculture Durable (ASARI) à Laâyoune, relevant de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), concentre ses activités sur l’innovation agricole face aux défis du changement climatique, illustrant l’engagement du Maroc en faveur de pratiques durables et de la résilience environnementale.

Opérationnel depuis février 2020, l’ASARI se positionne comme un centre de recherche de pointe, dédié au renforcement des capacités des agriculteurs africains et de ceux des provinces du Sud du Royaume pour leur permettre de relever les défis économiques, environnementaux et climatiques auxquels ils sont confrontés.

Dans une déclaration à la MAP, le directeur de l’Institut, Lamfeddal Kouisni, a indiqué que cinq programmes de recherche sont déployés, en phase avec les besoins et les spécificités de la région, à savoir l’agriculture dans les milieux arides et les zones marginales, la bioraffinerie et la bioénergie, la valorisation de la chaîne de valeur animale, la gestion durable de l’eau et de l’énergie, ainsi que la culture et la valorisation des microalgues et des macroalgues.

Sur le plan scientifique, ASARI a déjà développé trois brevets à fort potentiel industriel, tandis que d’autres sont en cours de finalisation, a-t-il relevé.

Le premier brevet concerne une méthode novatrice d’extraction de biomolécules actives à partir de plantes aromatiques et médicinales du désert, permettant une amélioration notable de la qualité et du rendement des extraits, a-t-il dit, notant que le deuxième porte sur un bioréacteur hybride innovant, conçu pour produire biofertilisants et bioénergie à partir de diverses sources de biomasse.

Quant au troisième, il concerne la production d’un biopesticide à base d’algues rouges, efficace contre la cochenille, un parasite ayant ravagé des milliers d’hectares de cactus au Maroc, a détaillé M. Kouisni.

Il a également fait observer que l’Institut met à la disposition des agriculteurs des plantes alternatives résistantes à la sécheresse et à la salinité, notamment le Blue Panicum, une espèce fourragère constituant une alternative économique viable pour les agriculteurs et éleveurs de la région.

Dans cette optique, un programme de démonstrations a été lancé au sein des plateformes agricoles, offrant aux exploitants l’opportunité d’observer directement les résultats des recherches et d’échanger avec les scientifiques.

Par ailleurs, une serre de recherche et développement sophistiquée a été installée au sein de l’Institut, afin de permettre aux chercheurs de tester leurs cultures et leurs bonnes pratiques sous des conditions contrôlées de température, d’humidité et de lumière, a-t-il fait savoir.

Cette infrastructure de pointe, première du genre au Maroc, permet aux chercheurs d’accélérer le passage du laboratoire vers les champs agricoles, afin de valider les résultats à plus grande échelle et de préparer l’étape de l’industrialisation des concepts développés, a-t-il précisé.

De son côté, Dennis Ashilenge, professeur assistant originaire du Kenya à l’ASARI, a indiqué avoir mené depuis quatre ans des travaux sur les cultures et les sciences du sol. Ses recherches portent sur l’agroécologie, une approche innovante de l’agriculture durable qui valorise les services écosystémiques rendus par les cultures et approfondit la relation bénéfique entre le sol et les plantes.

“Notre mission consiste à bâtir un modèle de recherche appliquée adapté aux conditions de salinité et d’aridité extrêmes”, a-t-il expliqué, ajoutant que l’Institut développe des cultures tolérantes à la salinité tout en promouvant des systèmes de culture résilients.

“Nous utilisons des méthodes innovantes d’amendement du sol, destinées à renforcer sa fertilité et sa vie biologique, afin de garantir une production performante et respectueuse de l’environnement”, a-t-il poursuivi.

Selon lui, le Maroc tirera un bénéfice direct de la valorisation de ses terres arides grâce à la diffusion de ces technologies et au renforcement des capacités locales, avec pour ambition de les étendre à d’autres régions africaines confrontées à des contraintes agroécologiques similaires.

Parallèlement à ses programmes de recherche ambitieux, les 32 chercheurs de l’ASARI, dont sept sont étrangers, collaborent étroitement avec les agriculteurs et les communautés locales afin de mieux maîtriser les ressources naturelles, d’améliorer durablement les moyens de subsistance et de contribuer activement au développement agricole à travers des solutions innovantes et pérennes.

Maghreb Arabe Presse (MAP)

By AEF