Par Abderrazaq MIHAMOU (Maroc)
Un tournant historique dans le dossier du Sahara : Ce vendredi 31 octobre 2025, au siège des Nations Unies, le Conseil de sécurité a adopté sa résolution 2797/2025 sur la question, résolution qui marque un basculement majeur. Pour la première fois avec une telle clarté, le plan d’autonomie sous souveraineté marocaine est placé au cœur du processus politique visant une solution définitive; Ainsi, après des décennies de statu quo, la dynamique change de camp.
Un vote qui parle de lui-même : 11–0–3
Le verdict est net : 11 voix pour, 0 contre, 3 abstentions et un membre du conseil (la Chine?) qui n’a pas participé au vote. Cette photographie du vote raconte une histoire simple et puissante. Sans opposition, et avec une large majorité parmi les 15 membres, le Conseil valide une lecture devenue dominante dans la communauté internationale : l’initiative marocaine est « sérieuse et crédible » et s’impose comme le socle incontournable des prochaines étapes.
L’absence de tout vote négatif, y compris parmi les membres permanents, n’est pas un détail technique. Elle signale un isolement croissant des approches qui, hier encore, tentaient de pousser des schémas dépassés. C’est la reconnaissance, au grand jour, qu’une voie pragmatique peut l’emporter sur l’immobilisme.
Fin d’une impasse, début d’un paradigme
Plus de cinquante ans d’un conflit gelé ont figé des générations entières dans l’attente. Cette résolution fait bouger les lignes. Elle appelle les parties à s’engager sans conditions préalables, en prenant explicitement pour base la Proposition d’autonomie du Maroc. Deux messages se détachent clairement du texte :
- Autonomie sous souveraineté : le Conseil entérine que ce plan constitue la voie « faisable » pour parvenir à une solution politique mutuellement acceptable.
- Référendum d’indépendance écarté : la non?référence à une consultation incluant l’option de l’indépendance acte, de facto, l’abandon d’un mécanisme qui avait paralysé le processus.
En d’autres termes, la raison a pris le dessus. Il ne s’agit pas d’un simple ajustement lexicographique, mais d’un véritable changement de cadre.
Un revers pour les adversaires du Maroc.
Pour Alger et le Polisario, l’heure est amère. Les tentatives d’amender la résolution pour y réinjecter d’anciens paradigmes n’ont pas prospéré. Le Conseil a préféré la cohérence d’une ligne désormais partagée par une majorité d’États: avancer avec une solution réaliste, opérable et tournée vers la réconciliation. L’idée que le dossier pouvait rester indéfiniment suspendu aux mêmes impasses s’est étiolée. Le consensus international, lui, s’est affirmé.
Cette séquence est aussi la consécration d’un travail diplomatique de longue haleine. Années après années, le Maroc a entretenu la constance, convaincu par le fond, patient dans la forme. Aujourd’hui, cette constance trouve sa traduction au plus haut niveau multilatéral.
Ce que cela change concrètement
Au?delà du symbole, la résolution redessine le terrain de jeu. Pour le Maroc, elle offre un cadre normatif renforcé pour avancer dans la mise en œuvre graduelle de son plan. Pour les autres parties, elle crée une obligation politique: s’asseoir, écouter, proposer — mais sans conditions préalables et dans le respect d’un périmètre désormais clarifié.
Concrètement, cela ouvre la voie à :
- Des discussions focalisées sur des paramètres applicables, plutôt que sur des postures de principe.
- Un calendrier de travail recentré sur l’autonomie comme horizon de compromis.
- Un climat propice à la confiance, indispensable pour aborder les questions sensibles de gouvernance locale, de représentativité et de mécanismes de garantie.
Rien n’est automatique, tout reste à construire — mais la direction est tracée.
Les mots et leur portée
Dans la diplomatie multilatérale, chaque omission compte autant que chaque ajout. La qualification de l’initiative marocaine comme « sérieuse et crédible », répétée de résolution en résolution, prend aujourd’hui une intensité nouvelle à la lumière du vote. À l’inverse, l’absence de référence au référendum d’indépendance n’est pas une simple ellipse: elle ferme une parenthèse qui a longtemps servi de mirage et de prétexte à l’inaction.
Cette avancée ne gomme pas la complexité du terrain ni la charge mémorielle du dossier. Elle propose, toutefois, une grammaire politique lisible, capable de transformer une opposition frontale en négociation utile.
Et maintenant? Le regard tourné vers l’avenir
L’adoption de cette résolution n’est pas une fin; c’est un commencement. Elle appelle au réalisme, au respect mutuel et à la mise en mouvement. Il s’agit désormais:
- D’installer des mécanismes de dialogue réguliers et productifs.
- De bâtir des passerelles économiques et sociales qui rendent l’autonomie tangible pour les populations.
- D’ancrer, au quotidien, une culture de confiance et de responsabilité partagée.
Le Maroc, conforté par ce signal fort, dispose d’une fenêtre d’opportunité pour accélérer la consolidation de son projet, associer les acteurs locaux, et donner de la chair aux principes. Aux autres parties, le message est clair: tourner la page des querelles stériles, choisir la construction plutôt que le blocage.