Par Radouane Bnou Nouçair
L’Islamophobie est devenue, aujourd’hui, sans aucun doute, une issue de secours des gouvernements qui n’arrivent plus à faire face à leurs responsabilités dont la plus incontournable est celle d’assurer le bien-être de leur population. Malheureusement pour nous, le gouvernement québécois actuel se trouve dans cette situation.
En effet, le gouvernement de Mme Marois présente beaucoup de points faibles qui en font un gouvernement impuissant à résoudre les problèmes réels des québécois :
Le PQ (Parti Québécois), qui forme le gouvernement actuel, est prisonnier de son passé qui lui impose des priorités (indépendance, loi 101, etc.) qui ne sont pas celles de tous les Québécois. Par sa partisannerie, ce gouvernement mobilise trop d’énergies pour des causes qui ne concernent que les électeurs du parti, et non l’ensemble des Québécois;
Ce gouvernement, malgré des promesses électorales encore vivaces, s’est montré incapable de faire face aux réels problèmes socio-économiques du pays parmi lesquels on peut citer :
- Le chômage et la précarité économique;
- Le déficit budgétaire;
- La gestion des investissements dans le Nord du Québec;
- Le vieillissement des infrastructures;
- L’adaptation du système de santé au vieillissement de la population;
- La survie des retraites;
- La lutte contre les décrochages scolaires;
- L’intégration des nouveaux arrivants;
- Le déficit en médecins de famille;
Etc.
Une charte pour gagner des électeurs sans résoudre les vrais problèmes
Pour pallier à son impuissance, le PQ a adopté une stratégie électoraliste et opportuniste en trois axes :
Récupérer toutes les brebis égarées et en faire de futurs électeurs :
- Les islamophobes potentiels;
- Les xénophobes étouffés;
- Les déçus du référendum;
- Quelques victimes de la précarité économique;
- etc.
2) Le deuxième axe, lié au premier, consiste à pourrir sciemment l’atmosphère en nourrissant les haines. Le PQ compte ainsi remonter rapidement dans les sondages et choisir le moment opportun pour se lancer dans des élections anticipées en vue d’obtenir un gouvernement majoritaire;
3) Troisième axe : ternir l’image du principal concurrent, le PLQ (Parti Libéral Québécois) par tous les moyens à sa disposition, notamment quelques médias sans scrupules et les travaux de la commission Charbonneau.
Pour bien apprécier cette tactique en trois axes, il faut rappeler comment va se dérouler le vote de la charte.
Comment va se dérouler le vote de la charte?
L’Assemblée Nationale comporte 125 députés; pour faire passer sa charte, le PQ a besoin de 63 votes POUR.
Le Parti libéral du Québec (49 députés) votera CONTRE;
Le Parti québécois (54 députés) est bien sûr POUR;
Le PQ a donc besoin de 9 votes;
Il ne peut les obtenir que chez la CAQ (Coalition avenir Québec) qui a 18 députés; mais ce parti a demandé au PQ d’apporter quelques aménagements au projet pour qu’il puisse y adhérer. La principale modification demandée par la CAQ, c’est de restreindre l’interdiction du port de signes religieux aux AGENTS D’AUTORITÉ : juges, magistrats, policiers. Mais il y ajoute les enseignants et les éducatrices des garderies. En fait, il n’exclue que les INFIRMIÈRES.
Le PQ a donc deux choix;
SCÉNARIO 1 : Accepter les modifications demandés par la CAQ et la loi sera votée avec les aménagements;
SCÉNARIO 2 : Y aller seul et il se retrouvera en élection.
L’Opportuniste PQ vise, bien sûr, le 2ème scénario mais il ne le retiendra que s’il est sûr d’avoir récupéré suffisamment de brebis égarés pour gagner les élections, avec une majorité.
Sinon, il adoptera, la mort dans l’âme le scénario 1.
Comme on vient de le voir, l’Islamophobie occupe une place importante dans les différentes tactiques de ce parti opportuniste; c’est pourquoi, une question importante vient à l’esprit : pourquoi les musulmans ne sont pas respectés?
Pourquoi les musulmans ne sont-ils pas respectés?
La population musulmane est hétérogène, dispersée (géographiquement et intellectuellement) et son discours est cacophonique. Et ceci résulte du fait que cette population est constituée de plusieurs groupes à l’idéologie et aux comportements distincts.
C’est ainsi qu’on peut distinguer au moins 6 catégories:
1) Les musulmans pratiquants : qui respectent les cinq piliers de l’Islam:
- AchchaHAda : Déclarer qu’il n’ya qu’un seul Dieu, Allah et Mohammed est son prophète;
- Faire la prière cinq fois par jours;
- Faire le Ramadan;
- Verser le Zakate (aumône sur le patrimoine);
- Faire le Hadj quand on en a les moyens, physiquement et matériellement.
2) Les fondamentalistes : ce sont des musulmans pratiquants mais peu tolérants. Pour eux, tous les autres qui ne font pas comme eux, sont impies;
3) Les musulmans non pratiquants : Ce sont des personnes qui croient en l’Islam mais qui ne font pas assidument la prière;
4) Les extrémistes : pour qui, l’Islam est un moyen d’assouvir leur haine de l’autre;
5) les Hypocrites : Ils ne croient pas à l’Islam mais ils ne l’affichent pas. Comme, souvent leurs noms sont à consonance musulmane, ils créent une certaine confusion.
6) Les assimilés-occidentaux : portent aussi des noms à consonance musulmane mais adhèrent totalement aux positions du pays d’accueil, même quant il s’agit d’Islamophobie.
Cette hétérogénéité de la population musulmane engendre une cacophonie dans le discours qui donne l’image d’une communauté divisée qui offre des couloirs par où peuvent circuler impunément des opportunistes de tout bord, et particulièrement les islamophobes, heureux d’assouvir leur haine, à moindre frais.
La communauté musulmane, dont l’effectif est très important, doit faire un grand effort sur elle-même pour que ses membres s’acceptent les uns, les autres et lutter contre ses propres « parasites » qui, par leurs réflexions hostiles à l’Islam, donnent de solides arguments aux islamophobes de tout bord.
Quant au PQ, si, par malheur, il arrive à ses fins, il aura réussi à créer une fracture au sein de sa population et il aura mis fin à la réputation, longtemps entretenue, d’un « Québec, pays d’accueil et de liberté ».
Par Radouane Bnou Nouçair (Maghreb Canada Express, Édition du mois d’octobre 2013, Page 5)