Chris AlexanderL’immigration a toujours fait du Canada un État moderne ouvert sur le monde et fier de sa diversité. Cette diversification croissante se présente désormais comme une tendance forte de l’évolution démographique canadienne. En effet, et dans le cas du Québec, les contacts interculturels au sein de la population ont augmenté . Ce contexte ne doit toutefois pas faire oublier l’existence de certains problèmes, notamment l’exclusion fondée sur l’origine ethnique ou la religion. Pourtant, ces problèmes ne résultent pas seulement de comportements discriminatoires et peuvent s’expliquer de multiples façons. Il n’en reste pas moins que des actions concrètes sont nécessaires pour les atténuer.

 Dans l’interview (qu’il avait accordé à notre consœur Fayrouz Fawzi, le 30 octobre dernier),  M. Chris Alexander, ministre fédéral canadien de l’immigration, a déclaré  que le Canada est l’un des pays les plus ouverts et généreux du monde envers les nouveaux arrivants. « Nous affichons également le plus haut pourcentage d’immigrants qui viennent de différentes communautés culturelles, de plusieurs horizons, avec des expériences professionnelles variées et décidés à s’intégrer dans la société canadienne. Un résultat dont nous sommes fiers et qui témoigne bien de notre ouverture traditionnelle aux contributions des nouveaux arrivants, qui nous aident à bâtir notre pays» a-t-il souligné. Et d’ajouter : «la notion de flexibilité occupe une place privilégiée pour l’intégration du nouveau arrivant en vu de s’ajuster à des cultures nouvelles, minimiser les conflits qui résultent de la confrontation de cultures et de religions, rechercher des solutions à la coexistence de populations d’origines différentes et permettre le dialogue, le partage d’expériences et le travail en commun». 

POINTS FORTS DE L’ENTERETIEN

Pourriez-vous nous éclairer, M. le Ministre, sur cette question de partage des responsabilités, entre le Canada et le Québec, des responsabilités en matière d’immigration ?

L’l’immigration est en effet une responsabilité partagée entre le Canada et le Québec. Cet accord balise le partage des responsabilités liées à l’immigration entre l;e gouvernement fédéral et cette Province. On associe alors l’immigration à quatre objectifs interdépendants : Le redressement démographique; la prospérité économique, la pérennité du Français et l’ouverture sur le monde.

Il semble qu’au Québec le taux de chômage chez les immigrants est de deux à trois plus élevés que chez les natifs. Y aurait- t- il une incompatibilité entre politique d’immigration et politique d’emploi?

Le gouvernement fédéral fera en sorte que les immigrés nouvellement arrivés ou établis depuis longtemps, puissent s’épanouir pleinement et contribuer à l’avancement de la société dans toutes les sphères d’activité. Nous proposons des moyens d’action novateurs, biens ciblés et adaptés aux réalités d’aujourd’hui afin de favoriser une intégration harmonieuse des nouveaux arrivants et d’assurer la pleine participation des immigrés de communautés culturelles au devenir du Canada.

Concernant les nouveaux arrivants d’origine maghrébine, chez qui le chômage semble être le plus fort, , ne serait-il pas commode de rattacher une cellule d’orientation professionnelle aux candidats à l’immigration vers le Canada (…) ?

On veut absolument raccourcir le chemin vers le travail pour les immigrants du Maghreb. Nous travaillons sur trois voies: premièrement, leur donner les informations concernant leur facteur de compétence et leur dire clairement ce qu’il faudrait faire pour travailler. Et nous exigeons  d’analyser leurs compétences professionnelles au début du processus de l’immigration pour pouvoir les orienter.

Que peut-on dire à ces immigrants qui ont été choisis pour leur fort potentiel d’intégration, qui souvent ont abandonné une situation correcte dans leur pays d’origine et qui se retrouvent, ici, sans emploi ?

Il ne faut pas lâcher prise… Plusieurs se retrouvent sans emploi. Il faut alors considérer d’autres domaines car notre économie est en pleine effervescence mais en pleine transformation aussi. Il y a certains  domaines qui connaissent de vraies pénuries d’emploi. De plus, il faut s’ orienter à l’échelle du pays; Comme canadien, on a le droit de s’installer partout au canada.

Quel est, selon vous, le rôle que joue la société civile et les instruments gouvernementaux pour favoriser aux immigrés de s’approprier les valeurs et le mode de vie de la société d’accueil canadienne ?

L’accueil et l’intégration réussie des nouveaux arrivants et immigrés sont des responsabilités que nous devons tous partager. Nous essayons d’offrir aux immigrants au Canada et au Québec des programmes d’orientation et d’intégration. D’ailleurs, les programmes sont livrés par le gouvernement du Québec sur le territoire du Québec et nous travaillons tous ensemble pour trouver les meilleurs façons pour relever les défis auxquels les immigrés font face.

Le Plan d’action économique de 2013 annonce l’intention du gouvernement d’améliorer davantage le système canadien d’immigration en vue d’alimenter la croissance économique et la création d’emplois. Ce plan d’action confirme-t-il également l’intention du gouvernement de créer un système de gestion de l’immigration nouveau et novateur, axé sur la «déclaration d’intérêt » ?

En s’appuyant sur les progrès réalisés, nous travaillons avec les provinces, les territoires et les intervenants en vue d’améliorer les processus de reconnaissance des qualifications professionnelles acquises à l’étranger et de répondre à la demande de travailleurs qualifiés au Canada dans un plus grand nombre de domaines professionnels. Nous prenons des mesures pour accélérer l’intégration des personnes formées à l’étranger à des emplois qui correspondent à leurs compétences et à leur savoir.

Premièrement, la procédure de l’immigration va être plus rapide dès qu’on invitera une personne qui a déjà déclaré son intérêt pour venir au Canada.

Deuxièmement, les applications soumises vont être traitées pendant  une période de mois et non plus en période d’années.

De plus ce plan d’action va rendre notre système d’immigration économique plus actif, en sélectionnant des gens dans un réservoir plus large.

Comme vous savez Mr le ministre, l’accès rapide et continu à l’emploi est essentiel à l’intégration des nouveaux arrivants. À votre avis, quelles sont les mesures qui peuvent aider ces nouveaux arrivants à entrer plus rapidement sur le marché du travail canadien?

Le gouvernement fédéral est conscient de cette vérité. Des progrès majeurs ont été accomplis afin d’aider les nouveaux arrivants à entrer plus rapidement sur le marché du travail canadien. En plus, c’est toute une question de flexibilité. Nous voulons que les compagnies et les employeurs ne fassent pas preuve de complaisance, mais ils doivent faire preuve de flexibilité.

Quelles seraient les mesures établies par votre gouvernement contre la montée de la xénophobie pour défendre des citoyens canadiens issus des minorités?

Vous savez qu’on est entrain de fêter la semaine de la citoyenneté. C’est aussi le moment idéal de rendre hommage aux générations d’immigrants dont le rôle a été si important pour façonner notre grand pays. La xénophobie n’est pas un mot que je rencontre souvent au Canada .Le Canada est un pays de diversité et avec énormément de potentiel. Deux langues dynamiques et des populations qui se comprennent, qui se respectent, avec un état de droit, démocratie, une économie de marché de plus haut niveau. Il faut savoir que notre avenir dépend de l’immigration. D’ailleurs, les vagues successifs de l’immigration ont bâti le Canada.

Concernant les réfugiés politiques ou autres, ne serait-il pas intéressant de les accueillir dans le territoire qui correspond à la langue secondaire du moins de l’un des membres de sa famille (père ou mère)?

Le Canada est reconnu partout dans le monde comme un chef de file dans la protection des personnes qui ont besoin d’asile. Tendre la main à ceux et à celles qui ont besoin d’aide… peu importe leur capacité linguistique: on veut les appuyer.

Dans le discours du Trône, de nouvelles mesures ont été annoncées en vue de mieux protéger les droits des passagers aériens, des utilisateurs de téléphone cellulaire et des abonnés au câble. Pourriez-vous nous éclairer sur ces mesures?

La chose la plus importante, c’est de protéger l’intérêt des consommateurs et de leur donner des pouvoirs. On promet de s’attaquer, par exemple, aux frais de téléphonie sans fil, trop élevés au Canada et on veut que les gens sélectionnent les chaines qu’ils veulent. Nous avons aussi des mesures qui ont un rapport avec secteur financier. Car le Canada est le chef de file dans le domaine de la libéralisation des marchés. Il est  le leader à l’échelle  mondial sur les questions économiques Dans ce volet, je mentionnerai l’accès au marché, on va continuer à élargir nos possibilités avec l’Amérique latine.

Concernant les transports aériens, nous continuons à favoriser la sécurité de l’aviation civile. Nous voulons bien favoriser le développement et la floraison de notre aérospatiale. Et dans le cadre de l’immigration et la citoyenneté, il y aura des mesures pour que la violence contre les femmes ne soit pas présente dans nos courants d’immigration. En plus, favoriser aussi le Canada comme destination pour les touristes et les étudiants.

Pour conclure, M. le ministre, quel serait votre position vis-à-vis le Projet de loi n°99 ?

Je pense que vous allez entendre du côté fédéral que la loi du Canada reste la même la loi qui se fonde sur la clarté. On ne veut pas entrer dans les vieilles chicanes. Les canadiens et les québécois  ne veulent pas mettre en question la vitalité de ce grand pays. Pour cela  on se concentre sur le pays dans son ensemble.

Propos recueillis par : Fayrouz Fawzi

 

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