Les dernières élections provinciales ont été très dures et gorgées d’émotivité. Les enjeux ont été au delà de la gouvernance, au delà des pistes d’intervention pour une meilleure gestion des finances publiques et au delà des batailles des visions économiques et sociales dont carburent les campagnes électorales.

Par Majid Blal, Écrivain et poète.

MajidLes blessures ont été assénées au nom d’une Laïcité qui n’en est pas une puisque les fondamentaux de la laïcité n’y étaient en postulant. La dimension pédagogique qui  fait de l’exercice de prêcher par l’exemple un devoir de la majorité détenant le pouvoir du rapport de force, a été occultée pour désigner une frange démographique comme bouc émissaire de nos maux sociétaux.

BLESSURES PROFONDES

Les blessures ont été profondes  parce que les minorités ont, soudain, pris conscience qu’il n y a pas d’acquis même en démocratie et les droits ne sont plus que des privilèges conjoncturelles que le moindre vent idéologique peut gommer comme effacent les écumes enragées des vagues les contrats sociaux écrits sur le sable fin des plages de la citoyenneté.

Les blessures ont été inquisitoires au point de diviser la population entre les bons et les méchants. La hiérarchisation de la citoyenneté s’est arrogé la vertu de protéger le grain contre l’ivraie au détriment de la démocratie égalitaire.  Le discours de l’exclusion s’est  affiché soudain comme le protecteur de la morale bienfaitrice d’une identité en mal de vecteurs.

Les blessures étaient bien chirurgicales car elles ne visaient que certains groupes de la diversité tant galvaudée. Les reflexes primitifs d’intolérance, de rejet et d’exclusion ont été non seulement réveillés mais cautionnés et banalisés. Au delà d’une charte qui  aurait pu rassembler en encadrant les accommodements et en appuyant la neutralité de l’état, la dérive de l’acharnement sur les plus vulnérables a officialisé  » la coupure entre la population de souche et les nouveaux venus, la peur de l’immigration qu’elle a nourrie »

Les lésions se soignent, les cicatrices demeurent en témoins de l’histoire. Les meurtrissures ont marqué au fer rouge les prises de positions. On ne peut aspirer à encadrer les accommodements si on n’encadre pas les débats qui dérapent. Les individus comme les groupes ont été laissés se nourrir d’animosité, de ressentiments et d’hostilités au point d’instaurer l’inimitié entre  les plus grands complices. Nous avons vécu l’ultime essentialisme des minorités au nom de principes fallacieux et démagogiques.

Les ecchymoses sont superficielles mais les déchirures internes occasionnent les hémorragies emmurées fans les fins fonds des dignités écorchées.

L’épisode de cette campagne électorale a eu un effet monstre et monstrueux car il a mis les citoyens, même les plus avisés, réfléchis et modéré au pied des murs de la pensée binaire: Pour ou contre. Sans laisser la place à d’autres alternatives intelligentes qui raisonnent en terme de citoyenneté.  Il y a eu radicalisation des jugements de valeurs au point où chaque individu n’a plus à argumenter, il cible et attaque ce qu’il perçoit comme une menace. . Il fallait choisir sa bataille et se définir en fonction de l’insignifiant qui avait pris l’essentiel en otage.

L’identité de chacun de nous devrait être perçue en fonction du statut de citoyen qui fait de chacun un membre à part entière de ce beau coin de pays qui a tout pour favoriser le vivre ensemble dans le respect des règles, des lois et surtout dans le partage d’une vision commune pour réaliser des objectifs inclusifs. Les valeurs humanistes sont universelles.

SANS APPANAGE NI MONOPOLE

L’identité de chacun de nous, se définit par la convergence vers une appartenance chérie, voulue et une citoyenneté qui n’ostracise personne de la de la population en générale et de la diversité en particulier.  On devrait se définir comme citoyens à part entière et non par nos origines, nos confessions, nos couleurs, nos sexes…

Être québécois n’est ni l’apanage d’un clan, ni le monopole d’une entité. Les cicatrices sont là et les blessures encore ouvertes mais l’espoir et la détermination de prévenir le mépris, la stigmatisation et la division, devrait nous alarmer et nous pousser à être de bonnes individualités pour prévenir les mauvais courants d’air.

Aucun mouvement intégriste, aucune idéologie extrémiste, aucune ignorance crasse, aucun courant de pensée démagogique racoleur, aucune religion, aucun ethnocentrisme, aucun courant dissident de la diversité, ne devraient nous éloigner de l’objectif du vivre ensemble et de nous enraciner sur le même terroir.

Les blessures passent, les cicatrices demeurent et tant mieux car la devise de chez moi est « Je me souviens ».

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By AEF