Tout un séisme ce 25 mai 2014 où le FN a fait un score historique de 25 %, et s’est placé loin devant les principaux partis : Le PS et l’UMP qui ont fait tout un score médiocre..!
Il y a deux mois, quand on pose la question à la présidente du FN, Marine Le Pen, sur l’avenir de son parti, elle n’hésite pas à afficher ses ambitions. Elle dit qu’elle n’a pas la motivation d’être présidente de La République à titre personnel, mais c’est le seul moyen qu’elle trouve pour appliquer ses idées, ou plutôt celles de papa. Et Si elle n’est pas élue en 2017, elle se présentera en 2022.
Dans le numéro du « Canard enchaîné » du 28 mai 2014, sous le titre « On touche le Front », on apprend que « l’arrivée de 24 députés d’extrême droite au Parlement européen ne va pas changer grand-chose à l’Europe. Certes la très forte abstention est la principale responsable de la montée du FN, qui, avec près de 5 millions de voix, fait moins que les 6,4 millions de Marine Le Pen en mai 2012. Cela n’empêche pas celle-ci de présenter aujourd’hui le FN comme le premier parti de France. Et de clouer le bec de ses adversaires avec cet argument massue : il est impossible que 25% des Français soient des fachos ; c’est donc que le Front national ne l’est pas. »
Comme le rapporte « Le Nouvel Observateur » du 25 mai 2014, « Interrogé sur un éventuel retour devant les électeurs avec une dissolution, demandée par la présidente du FN, Manuel Valls a tranché : « C’est Mme Le Pen qui propose cela. Un mandat a été donné au président de la République pour cinq ans, nous avons une majorité à l’Assemblée nationale, une feuille de route a été tracée, et moi je ne veux pas changer cette feuille de route », a déclaré le Premier ministre. Aussitôt, il s’est interrogé : « Vous voulez que je mente aux Français, que je leur dise qu’il ne faut pas faire des efforts ? »
Le chef du gouvernement, 5% des voix à la primaire socialiste de 2011, qui ne doit son entrée à Matignon qu’aux seuls sondages à « l’effet Bradley », a assuré qu’il n’avait pas l’intention de changer de « feuille de route ». Il a en revanche demandé du « temps », convaincu que « l’Europe peut être réorientée ».
Grosso modo, tout va très bien madame la marquise et on ne change pas une équipe qui perd. La réalité est que Manuel Valls a perdu son pari de lutter contre le FN en braconnant sans scrupules sur ses terres.
En adoptant la rhétorique guerrière du parti d’extrême droite aux relents xénophobes, le chef du gouvernement a largement contribué à banaliser ses thèmes et blanchi son fonds de commerce abject. Marine Le Pen se tient désormais aux portes de l’Élysée et si par hasard, elle franchissait le seuil (ce qui ne constitue plus aujourd’hui un simple fantasme), on se demande qui pourrait encore l’empêcher de passer aux travaux pratiques. La France, oui, on l’aime. Mais certainement pas celle de Vichy qui se profile à l’horizon. »
Faut-il le rappeler ? Le FN à ses débuts n’était qu’un micro parti xénophobe, antisémite, homophobe, un repaire d’intégristes, mené par un ancien papa, militant de la gégène. Et s’il a ravalé sa façade, s’il a siphonné les idées des altermondialistes en transformant leur slogan : « un autre monde est possible, fermons les frontières », le FN reste foncièrement d’extrême droite : partisan de l’ordre et de la matraque, obsédé par les immigrés, parfaits boucs émissaires de la crise, défenseur de la chrétienté sous couvert de laïcité. Aux lendemains de ces européennes historiques, il n’y a pas de quoi être fier d’être français.
Faut-il le rappeler encore ? La dernière fois que La France a essayé le pétainisme, ça a mal fini !
Par Mustpaha Bouhaddar, Maghreb Canada Express, Volume Xii, N°6, Juin 2014