Il y a des événements et des actualités qu’on ne peut ignorer ni  pousser subtilement sous le tapis de l’histoire parce que cela nous indispose et que cela nous  éclabousse collatéralement comme coupables par association, uniquement parce qu’on s’appelle Ahmed,  Ali ou Fatima.

En ces moments troubles et bien pris en otages par les extrémistes de tous  bords et de toutes obédiences, il est devenu bien difficile et délicat de réagir sans offusquer d’autres sensibilités qui elles mêmes se retrouvent dans des positions inconfortables car tout le monde est en zone grise et rien n’est tout blanc ni tout noir.

Seulement, le constat décevant de la radicalisation vient avec l’actualité souvent porteuse du mal de l’homme vis à vis de l’homme. Les personnes qu’on croyait sensées et les personnes censées être nuancées basculent dans des camps où l’appartenance idéologique ou confessionnelle dans le rejet de l’autre ou encore dans le déni de ce qui pourrait être perçu comme touchant à une identité postulée.

Nous avons vécu, sur les médias dont les médias sociaux, pendant la dernière campagne électorale au Québec, les affres de la division, de la désolante constatation de l’affirmation d’une tendance xénophobe, islamophobe, adepte de l’exclusion de l’autre et d’un nationalisme identitaire refusant la diversité et la société plurielle. Nous en avons débattu, argumenté, nuancé et indigné quand il était nécessaire.

Puis vinrent les massacres de Boko Haram au Nigéria, la condamnation d’une soudanaise à mort pour avoir changé de religion, la lapidation d’une femme par sa propre famille au Pakistan, le massacre dans un musée juif à Bruxelles et rebelote! mais cette fois-ci, ce sont des biens pensants de l’islam, des musulmans de culture, des musulmans identitaires, des musulmans non-pratiquants, des musulmans pratiquants, des musulmans frustrés par tous les ostracismes depuis le 11 septembre, des musulmans qui n’en peuvent plus de s’excuser pour des gestes odieux posés ailleurs par des illuminés ou des groupuscules difficilement identifiables, des sympathisants de musulmans ou de certains courants de l’islam politique, qui réagissent mal ou carrément tombent dans le déni de l’actualité sanas aucune empathie ni considération envers les victimes innocentes et des familles endeuillées.

On prend note mais on ne condamne pas car cela suppose un parti pris avec les barbares. On se refuse l’empathie car cela pourrait être compromettre la reconnaissance des autres victimes musulmanes ailleurs comme au Mali.

Pour certains, le déni de reconnaitre publiquement les gestes barbares commis au nom de la religion musulmane, peut s’expliquer par quatre axes:

1) – L’argument le plus courant est défensif. Il ne faut pas donner aux islamophobes déjà nombreux des arguments pour attaquer la belle famille. Argument  souvent galvaudé en couples maghrébins qui évite de donner au conjoint des munitions qu’il peut utiliser contre nous. Ce qui veut dire qu’on peut être sensibles aux malheurs des autres mais on ne le reconnais pas tant que les malheurs subis par des musulmans des ailleurs ne sont pas reconnus par la communauté internationale.

2) – La conspiration et la théorie du complot médiatico-politico- occidental et sioniste. Tout le monde est en croisade contre l’islam et les musulmans.

Ce volet ne supporte aucune analyse car les plaidoyers n’ont pas d’argumentaire établi. Uniquement un ensemble de fabulations paranoïdes et imaginaires qui pourraient être associées aux autres hallucinations qui voient en la présence des musulmans en occident comme des cellules dormantes d’Al Quaïda.

3) – Il y a les plus futés qui jouent aux politiciens aguerris en négociant toujours par leurs propos la symétrie de la souffrance humaine.  Quand on invoque Boko haram ou un autre événement, il ne peuvent s’empêcher de faire d’autres parallèle au lieu de juste condamner le tout. Ils ne peuvent être ni sensibles, si empathique tant que la réciprocité n’est pas un geste de l’occident. Ce genre n,a aucune considération pour la souffrance des victimes et des familles. Il est dans une démarche froide.

4) – Le refus de considérer la souffrance humaine d’où parvient-elle! vient de ce segment qui parle d’humanisme, de solidarité, de compassion, d’amour, d’amour divin mais qui reste très lié à l’interprétation froide des textes dont il abuse. Ce segment se refuse à sentir et à réfléchir car les individus du clan, ne veulent que réciter des textes et à instituer leurs propres explications des écritures comme la vérité suprême.

Je dis tout simplement que pour ne pas donner d’arguments aux islamophobes,  il est important de se positionner dans une posture où on est juste.  Qu’importe d’où le mal surgit, on le dénonce. Les islamophobes, les xénophobes et cela ne m’empêche pas de dénoncer les terroristes de tout azimut.

Du constat, au déni, à la colère, à la négociation et surtout à l’acceptation de la réalité. C’est le chemin de la thérapie dans la diversité aussi.

La première chose qui devrait rallier l’humanité et les humanistes est d’avoir de la compassion et de l’empathie envers les victimes innocentes de toutes les violences ou les dérives.

Je ne cherche pas de coupables car il y a tellement de dédalles, de méandres et des entités qui sont compétentes en la matière qui ont comme mandats de faire la lumière.

Pour ma part, je demeure compatissant avec les victimes et les familles des attentats de Marrakech, de Casa, de Bruxelles, de Madrid, de Boston, de la Syrie, de L’irak et de toutes les dérives racistes, xénophobes, islamophobes, antisémites….

Par Majid Blal, Maghreb Canada Express, Volume Xii, N°6, Juin 2014.

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