Par Majid Blal

MajidPendant que le déferlement d’obus, de feux roulants, d’impuissance des peuples et de complicité tacite des porteurs de discours humanisant s’abattent sur la population civile de Gaza, les médias sociaux subissent le déferlement des indignations, des solidarités mais aussi des discours haineux et des raccourcis de tous genres pour banaliser les sentiments les plus vils et les plus dégradants chez l’humain en quête de prétextes pour ‘’faire dans la catégorisation’’, l’essentialisme et l’appel à plus de violence, aux lois du talion et à la réduction du conflit à des argumentations biaisées.
Défendre les droits des opprimés, s’insurger contre la dégradation prémédité de la dignité des dominés, revendiquer la justice des uns et la sécurité des autres, dénoncer les violences et les agressions physiques, économiques et psychologiques dont jouissent ceux qui découvrent qu’ils sont surarmés et qui en usent pour coloniser les caractères après avoir spolié la terre, afficher sa solidarité avec les plus vulnérables et les oubliés des « civilisés » des sociétés de « droit »…est légitime.
Toutefois, tout cela ne donne pas le droit de banaliser la haine du juif parce qu’il est juif ou du musulman parce que des illuminés ont investi le terrain des valeurs obscurcissant. Les perceptions identitaires et les révoltes contre les partialités, finissent souvent par sortir la question du lit de la rivière des causes initiales et des doléances véritables des peuples dans ce Moyen-Orient que les Dieux ont maudit et que les humains enflamment pour finir par propager la haine et la réciprocité de la haine.

SURENCHÈRE DE LA HAINE…

La surenchère de la haine ne sera jamais la solution et la paix ne viendra que par la prise de conscience que ces lieux dits saints ne peuvent qu’être un espace de diversité, de respect de l’autre et de promotion de la dignité et des droits de tous.
Défendre les palestiniens n’est pas une attaque contre le judaïsme et défendre les palestiniens n’est ni un monopole arabe ni une composante d’une guerre de religions. Défendre Israël Ne devrait pas être un asservissement des non juifs, un déni d’humanité aux habitants non hébreux, ni une volonté divine d’épurer les territoires occupés de sa population palestinienne.
Aucun des deux peuples n’a le droit ni la légitimité du souhait de jeter l’autre hors des frontières. La cause palestinienne n’est pas une cause religieuse, ni une cause arabe mais une question territoriale entre une volonté d’expansion d’un coté et une volonté de survie de l’autre.
Les théories les plus simplistes et les plus viciées voudraient que le conflit palestinien ne serait que la prolongation d’une guerre millénaire entre juifs et arabes. Ce qui est faux car les pays arabes (surtout le Maroc) ont toujours pris soin de ces juifs et qu’une partie de ceux-ci qui avaient vécu les mêmes affres que les Mauresques obligés de se convertir au christianisme ou de quitter l’Andalousie, avaient trouvé refuge sous l’ombre des Atlas dans le respect total de leurs croyances, rites et dignités… Les confrontations entre croisés et musulmans sont plus vieilles et gardent toujours des relents contemporains plus qu’une foutue rancœur avec les juifs.

MYOPIE VOULUE ET AVEUGLEMENT VOLONTAIRE…

C’est vrai aussi qu’en occident, La myopie voulue ou l’aveuglement volontaire, se sert de l’ignorance comme justificatif de l’indifférence ambiante pendant que d’autres peuples se fassent massacrer en direct.
Peut-on se draper d’indifférence en plaidant la suffisante ignorance?
– Ces conflits-là nous sont lointains et incompréhensibles! se soustrait-on…
D’autres thèses mesquines à l’eau de rose, avancent hypocritement et parfois avec naïveté que la solution aux carnages des uns par les autres et de la révolte des uns contre les autres, ne peuvent être résolues que par l’amour. !
L’agression des palestiniens n’est pas due à une carence d’amour mais à un déficit de justice et à un déni de droits !
L’amour est un sentiment qu’on ne commande pas. L’amour ne tolère pas l’impératif. On ne dit à personne « aime » si cela ne vient pas de son consentement profond à » amourer ». Quand il y a divorce, l’amour ne peut être forcé. La paix passe par le partage équitable du patrimoine et le respect du choix de l’autre de vivre sa vie par ses propres prérogatives.
Redonnons leurs territoires et leur dignité aux palestiniens pour créer un état viable qui vivra en paix aux cotés de l’état d’Israël. Communiquons, dialoguons avec tout le monde car tout le monde est concerné. Nuançons, évitons les intrusions et la propagation des rhétoriques de tous les extrémistes du sionisme et de l’islamisme politique. Écoutons les gens réfléchies d’Israël et le peule palestinien pour les départager dans l’honneur et la dignité.

En attendant et pour minimiser les dégâts, Espérant que la communauté internationale puisse mettre les palestiniens sous protection de l’ONU »…

Majid Blal (Maghreb Canada Express, N°08, Volume Xii, Août 2014)

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