Israël est traversé en ce moment par un dilemme stratégique. En effet, Voilà maintenant 7 ans qu’Israël a imposé un blocus sur la Bande de Gaza pour punir la population d’avoir soutenu le Hamas. L’idée initiale était de pousser la population à se retourner contre le Hamas.

La stratégie d’Israël ayant échoué, et en 7 ans Israël a mené 3 opérations sur la bande de Gaza chacun avec son lot de morts, 895 civils tués dans l’opération plomb durci et nous avons franchi les 1000 morts civils dans le présent conflit.

Tsahal s’est donné comme moyen stratégique de faire disparaitre le Hamas et d’éliminer tous ses combattants. L’armée israélienne a essayé de remplir ses objectifs uniquement par la voie aérienne et maritime. Ces bombardements de hautes altitudes ne font que tuer des civils et n’entrave que très peu la logistique du Hamas. Le dilemme est qu’Israël n’a pas les moyens politiques de ses ambitions stratégiques. En effet, pour désarmer totalement le Hamas, il n’y a pas d’autre choix que de lancer une opération terrestre de grande envergure. Or, Israël, malgré les équipements militaires modernes dont elle dispose, n’a pas d’armée professionnelle de métiers, mais compte uniquement sur ses réservistes, tirés parmi la population. Ces soldats ne sont pas volontaires, ce sont des femmes et des hommes obligés de servir pour éviter la prison et qui disposent d’un entrainement limité.

Pour beaucoup, leurs seules missions opérationnelles ont été de mener la vie dure aux Arabes en tenant des check points. Même les hauts gradés de l’armée israélienne qui ont le plus d’expériences militaires, sont ceux qui ont combattu en 1967 l’Armée égyptienne et n’ont par conséquence aucune expérience quant à la stratégie militaire à adopter face à une guérilla. Néanmoins, la supériorité technologique dont bénéficient les Israéliens permettrait de venir à bout des combattants du Hamas.

C’est là que l’élément politique intervient.

Bien que les Israéliens dans les dernières élections aient porté au pouvoir une coalition d’extrême droite, la population n’est pas prête à acceptée un nombre de morts importants, car la société repose sur un engagement militaire. Si la confiance est ébranlée entre la population et l’armée, alors le socle de la société est mis à mal. Le Hamas est au fait de cette situation, depuis le début de l’excursion terrestre de Tsahal, l’armée israélienne a perdu 65 soldats, soit la moitié de ce qu’elle avait perdu en 2006 face au Hezbollah au bout de 34 jours de guerres. À Tel-Aviv des milliers de personnes protestent contre la politique belliqueuse du gouvernement, et le nombre de soldats qui refusent de servir est en nombre croissant. Quant à ceux qui ont répondu à l’appel, beaucoup, de retour de mission, dénoncent les exactions commises par l’armée à Gaza ou même en Cisjordanie.

Israël en poursuivant ses bombardements aveugles comme à son habitude avec des chasseurs en hautes altitudes et des frégates à 15 milles marins connait une pression grandissante de la part des pays émergents. Beaucoup de pays à l’image du Brésil et de l’Argentine n’hésitent pas à restreindre leurs relations diplomatiques, même les traditionnels alliés d’Israël hors caméra se désolidarisent de la politique israélienne, commeen2011, aux marges d’un sommet du G20 où Sarkozy et Obama fustigeaient Netanyahu ne sachant pas que leurs micros étaient allumés.

Néanmoins si Israël se lance dans une guerre terrestre dans la bande de Gaza,c’est de la part de sa propre population que le gouvernement connaitra une pression grandissante, a avec des déserteurs de plus en plus nombreux et des familles qui refusent d’envoyer leurs enfants au front de peur de ne jamais les revoir, pour une cause qui leur échappent bien souvent.

Ainsi, tandis que l’agressivité était le maitre mot de la diplomatie israélienne dans la région, il est fort probable que dans les prochaines années, le gouvernement israélien va devoir trancher entre la pression internationale, la pression interne, ou s’assoir dans la table des négociations après que les gouvernements successifs est rendu la création de deux états impossible. Quel que soit le choix qui sera fait, Israël risque de recevoir un violent retour de bâton. Celui d’avoir abuser du soutien de ses alliés, ou d’avoir rendu impossible la création de deux états au moment où Tel-Aviv sera enfin porté à faire la paix.

Par Anas Abdoun (Étudiant en Sciences politiques à l’Université de Montréal, candidat à une Maîtrise en Relations Internationales) pour Maghreb Canada Express, N°08, Volume Xii, Août 2014.

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