Par Anas Abdoun …tudiant en Sciences politiques ‡ líUniversitÈ de
MontrÈal, candidat ‡ une MaÓtrise en Relations Internationales.

anas abdounAvec la probable création de deux partis incessamment, l’un qui va se créer sur les cendres de l’UMP et l’autre sur celui du Front National en plus du premier ministre Manuel Valls qui désire changer le nom du parti socialiste, le paysage politique français serait effectivement en train de changer  profondément, à l’image des défis politiques et Économiques de la France.

L’UMP se voulait rassembleur de la grande famille de la droite républicaine en regroupant l’aile droite des centristes de l’UDF et le parti gaulliste du RPR. Cette cohabitation a tenu à peine 12 ans . L’alliance, forte de sa nouvelle victoire en 2002, a connu son âge de gloire jusqu’à 2007. Nicolas Sarkozy menant une politique très à droite dans laquelle les centristes et les gaullistes ne se reconnaissaient pas, mais auquel seul la victoire et la redistribution de certaines circonscriptions permettait de garder une alliance de façade.
La campagne de 2012 a clairement marqué le divorce. Et pour cause ! Le président Sarkozy, déjà très à droite, a cherchè à chasser sur les terres du Front National durant la campagne Électorale, tenant clairement des propos anti immigrants et islamophobes. Les centristes et les gaullistes ne se  sont pas reconnus et se sont manifestés seulement après la campagne Électorale, conforme à ce célèbre adage  »la droite est comparable à des loups, ils se bagarrent tout le temps entre eux, mais ils chassent en meute ». La défaite Rectorale de 2012 a, par la suite, libéré la parole à droite et laissé le champ libre aux Égos et à la division.
L’UMP a d’abord connu cette guerre fratricide entre l’ancien premier ministre François Fillon et le chef de file du parti à l’assemblée nationale, Jean François Copé, en vue de prendre la tète du parti. Les différentes campagnes et les accusations mutuelles de fraudes à l’élection interne ont considérablement affaibli le parti et l’ont divisé entre deux camps qui ne travaillaient plus ensemble.
Après ce triste spectacle q’ avait donné le parti, c’est l’affaire Bygmalion qui plonge le parti au cœur d’un scandale juridique à l’heure où ? les français sont totalement désespérés de l’honnêteté des hommes politiques. Enfin, l’UMP sort divisé de ces primaires entre Bruno Le Maire et Nicolas Sarkozy, même si la vraie rivalité réside entre Alain Juppé et l’ancien président. Le maire de Bordeaux a eu l’intelligence de se positionner au dessus de toutes querelles politiques, il a la sagesse et l’expérience que les français recherchent et a le soutien des gaullistes qui voient en lui la continuité de la droite sociale et républicaine que Nicolas Sarkozy a tué. Le duel est donc déjà annoncé entre Juppé le rassembleur au centre et Sarkozy celui qui va chercher le soutien de l’aile droite.

LA CHUTE DU PS

Vers la gauche, jamais le Parti socialiste n’a été aussi impopulaire. Il n’a jamais été aussi divisé que depuis sa création dans les années 70 entre les partisans et les opposants de la sociale démocratie. Ainsi les militants socialistes sont déroutés de voir que le gouvernement de gauche appliquer des réformes libérales et fiscales que la droite a rêvé de faire mais n’a jamais eu le courage politique d’appliquer. La situation économique et sociale est critique et la côte de popularité du président est à peine à 12%; Dans beaucoup de pays du sud, des révolutions ou des coups d’état ont éclaté avec des chefs d’état plus populaires que cela.
Enfin, le sentiment de trahison dans les choix politiques du parti est palpable. En effet, lors de la primaire socialiste, le courant qui était arrivé en deuxième position était celui d’une gauche plus sociale et altermondialiste, celle d’Arnaud Montebourg. Tandis que le courant social libÈrale, Blairiste eut un très mauvais score, représenté par Manuel Valls. En díautres termes la base du parti rÈclamait une politique sociale et à l’arrivée c’est une politique très libérale qui est mise en place.
Arnaud Montebourg, plébiscité par la base du parti, s’est retrouvé évincè du gouvernement, tandis que Manuel Valls, boudé par les Électeurs se retrouve installé à Matignon. Les français retiennent de la droite un souvenir désastreux de sa gestion économique et sociale, force est de constater que le parti socialiste lui emboite le pas, donnant l’illusion que la démocratie n’est qu’un leurre.

LE FN À LA CONQUÊTE DU POUVOIR

Dans cette grande crise Économique et sociale et cette mauvaise gestion des deux principaux partis politiques, c’est le Front National qui sort le grand gagnant de cette crise sociale. En effet, le FN connaît ces dernières années une popularité en constante croissance. Cette ascension politique fulgurante, le parti la doit essentiellement à la brillante stratégie de sa présidente, Marine le Pen.  Dès son arrivée à la tête du FN, Marine le Pen développe une politique de dédiabolisation du parti, évitant soigneusement de déraper comme avait coutume de le faire son père Jean-Marie le Pen, l’actuel président d’honneur du parti. Marine le Pen, maitrise les outils de communication, polisse son discours et change la terminologie du programme: On ne parle plus de priorité nationale mais de préférence nationale. Enfin le Front national qui a toujours été un parti catholique et misogyne se réconcilie avec la laïcité et le féminisme, dans une finalité moins noble en revanche, celle de s’opposer encore mieux à l’islam tout en restant dans le cadre du politiquement correct.
Cette politique fonctionne: L’avancée du Front National dans le paysage politique Français est un fait et depuis 2007 le parti d’extrême droite a su gagner la confiance de nombreux français et fait de bons scores dans les Élections cantonales, régionales et municipales… pour finalement arriver en tête dans les dernières Élections européennes.
Au delà de la maitrise de la communication politique, Marine le Pen a initié une véritable stratégie politique qui est celle de se positionner comme un parti au dessus de la querelle traditionnelle gauche-droite. En effet, le FN est de loin devenu le premier parti des jeunes et le premier parti des ouvriers; la classe populaire a déserté le Parti socialiste et se reconnait davantage dans le discours très social du Front national. Le FN parle du maintien de la très couteuse politique sociale française, dans le soutien aux travailleurs qui se font licencier en raison de la délocalisation de leurs entreprises pour faire face à la mondialisation, ou de la baisse des salaires en vue d’être compétitifs dans l’Union européenne.
De la même manière, le FN récolte de nombreuses voix de droite sur la question de l’identité nationale, de l’arrêt de l’immigration, et la question de l’islam et des musulmans qui sont devenus les boucs Émissaires désignés de la crise Économique et sociale qui sévit en Europe.
L’intelligence du FN est de paraitre plus social que la gauche et plus conservateur que la droite.
Enfin le fameux discours de bonnet blanc-blanc bonnet, fait mouche quand on voit la politique du parti socialiste qui se retrouve dans la lignée de
celle de la droite en terme socioéconomique mais surtout fiscale.
Ce n’est pas la situation économique ou budgétaire qui est la cause de la situation désastreuse de la France, c’est l’union européenne, les musulmans sont la cause de notre crise identitaire, et la mondialisation la cause de notre chômage.
Ce discours, aussi simpliste soit-il, fait Écho auprès d’une population française largement pessimiste quant à la capacité de la France à se sortir de la crise. Le débat sur la laïcité touche à ce qui est au cœur de l’identité française, à un moment où cette identité est remise en cause par le haut, dans l’intégration européenne et la mondialisation, alors on s’accroche a un consensus de valeurs républicaines et nationales qui seront mise ‡ mal par le bas, dans les banlieues et à l’Ècole Avec un nouveau nom, un nouveau parti, de nouveau cadre et une excellente maîtrise de la communication, le FN est aujourd’hui un parti incontournable dans la vie politique française. Aujourd’hui les deux grands partis de France ne se demandent plus s’ils vont gagner l’Èlection présidentielle, mais bien s’ils vont arriver au deuxième tour face au FN qui semble déjà avoir son ticket pour la finale. En 2002 Jean-Marie Le Pen a créé le choc et la stupeur au sein de la population française en arrivant au deuxième tour. En 2017 tout le monde sait que sa fille sera au second tour avec un très bon score sans que cela ne choque personne et c’est peut-être ça qui serait le plus inquiétant !
Source : Maghreb Canada Express, Vol. Xiii, No 5, Page 9, Mai 2015.

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