Par Mustapha Bouhaddar (Photo)
Comme le rapporte le Canard enchaîné » du 22 avril sous le titre « Europe, Terre d’accueil », « Selon le Haut commissariat pour les réfugiés, 800 migrants ont péri dans l’océan, victimes du naufrage d’un chalutier hors d’âge au large de la Libye, dans la nuit du 18 au 19 avril. Ces 800 morts viennent s’ajouter aux 400 d’un autre bateau, le 12 avril, dans les mêmes eaux. Ces 1200 morts sont l’équivalent, en nombre de victimes, de 8 Airbus de Germanwings en moins d’une semaine. »
Cette dernière tragédie nous donne l’impression que l’Europe n’a pas tiré des leçons du passé.
A l’époque du drame du Kosovo, l’Europe a défendu les droits de l’homme, et les combattants de jadis, sont devenus des terroristes, le Kosovo une plaque tournante du terrorisme. L’Afghanistan c’est 90% du trafic d’héroïne, l’Irak un trou noir islamiste où sévit DAECH. La Libye, on aurait quand même pu tirer des leçons du passé.
On nous dit défendre des causes humanitaires, c’est tout à fait légitime. Mais on n’a jamais eu la preuve de l’imminence de la réalité des bombardements aériens par la Libye sur la population civile. On sait aujourd’hui que c’est faux. On a discrédité les droits de l’homme en bombardant des êtres humains au nom de la démocratie. Tout ce que l’Europe a fait, c’est accentuer la haine envers l’occident.
Il est clair que remplacer le Chah d’Iran par Khomeiny, Saddam Hussein par personne, si ce n’est par des gens qui veulent instaurer la charia était une grosse erreur.
L’Europe va-t-elle adopter la technique d’Australie qui a réussi récemment à faire 0 mort. Une technique, il est vrai qui a choqué tout le monde, et qui consiste à donner de l’argent aux pays d’où partent les migrants, en bloquant les bateaux sur place.
Ces derniers ne peuvent pas partir vers l’Australie. Faire en sorte que les bateaux ne partent pas, c’est démanteler les filières. Mais voilà, comme le souligne bien l’hebdomadaire cité plus haut, « des bateaux et des financements supplémentaires. Et des projets de lutte contre les passeurs, qui, dans le chaos libyen, ne s’annoncent pas comme une mince affaire. »
La Libye, l’Irak français
Je me souviens encore de Nicolas Sarkozy, en septembre 2011, fêtant sa victoire sur Kadhafi en prenant un bain de foule à Benghazi. Avant de rentrer à Paris, il avait affirmé en bombant son torse : « Nous croyons dans la Libye unie, mais pas dans la Libye divisée ».Mais voilà, les Libyens n’ont pris aucun compte de ce conseil. Résultat : la chute de Kadhafi a entraîné le pays dans l’anarchie et la guerre civile. Si bien qu’aujourd’hui, on se demande si on a bien fait de chasser Kadhafi.
Première conséquence : les migrants venus de tous les coins d’Afrique, déferlent aujourd’hui sur toute l’Europe. On ne sait comment les accueillir. Sous Kadhafi, c’était plus facile, car en 2008, Berlusconi a investi trois milliards en Libye, contre la promesse de Kadhafi de contrôler l’immigration. Le pire c’est que ça a marché, l’année suivante, le nombre de clandestins débarquant en Italie, avait diminué de 90%.
Autres conséquences : la révolution libyenne a déstabilisé les pays voisins. Si bien que la France avait envoyé des troupes au Mali pour faire en sorte que ce pays ne tombe entre les mais des djihadistes.
Enfin depuis la chute de Kadhafi, DAECH a pris position en Libye. Et puis c’est d’ailleurs en Libye qu’ont été formés les terroristes qui se sont attaqués au musée du Bardo à Tunis.
Bien sûr on se demande si tout ça, ce n’est pas un peu de la faute de Sarkozy.
Est-ce qu’il n’aurait pas attaqué la Libye pour faire oublier que la France avait soutenu jusqu’au bout Ben Ali et Moubarak ? Peut-être même pensait-il que son succès militaire l’aiderait à être réélu en 2012. Aujourd’hui l’enthousiasme pour le printemps arabe, c’est du passé. Peu importe que l’Egypte soit dirigée par un dictateur, on est ravi de vendre des Rafales au président égyptien. Ainsi, ce dernier pourra bombarder les djihadistes en Libye. Comme quoi les dictatures à l’ancienne arrangent bien les affaires de la France !