Cat Stevens a quitté le milieu du show-biz dans les années 70, après une tournée mémorable contre l’apartheid à travers les États-Unis en 1977. Il disait que s’il ne s’était pas converti à l’Islam au bon       moment, il serait mort d’une overdose de drogue ou d’une dépression. La rappeuse française à l’instar de Cat Stevens a quitté le milieu du Rap en pleine gloire. Elle a vendu des milliers de disques à travers   l’Hexagone, et a rempli les plus grandes salles en France et à l’étranger.

diamsDiam’s, de son vrai nom Mélanie Georgiades, a sorti récemment un livre qui s’intitule « Mélanie, française et musulmane » aux Editions Don quichotte. Ce livre, elle avait décidé de l’écrire après l’attentat de Charlie Hebdo pour mettre fin aux amalgames, et à la stigmatisation des musulmans de France dont elle fait partie maintenant.

Comment passe-t-on du Rap à l’Islam ?

Son voile avait fait l’objet de toutes polémiques, mais elle ne s’est jamais expliqué sur le sujet.
Elle dit que le voile a totalement guéri son cœur, car aujourd’hui elle se sent sur terre, contrairement à l’électron libre qu’elle était avant. Elle sait pourquoi elle est là, et quand on a l’amour de Dieu on est comblé. Elle dit que si elle avait fini comme la chanteuse anglaise Amy Winhouse, personne n’aurait dit qu’elle était un danger pour les jeunes. Vouloir vivre une vie apaisée en quoi est-ce un danger ? Prôner la paix et la tolérance, en quoi est-ce un danger ? Si les jeunes sont attirés par des destins « trash », tant pis pour eux.
Quand elle était au sommet de sa gloire, Diam’s vivait dans la solitude et l’angoisse, elle a fait plusieurs dépressions, avec un passage dans un asile psychiatrique. Le monde des paillettes ne lui convenait pas, elle en souffrait. En effet, Diam’s a vendu plus de 4 millions de disques, a fait plus de 50 fois le Zénith, elle a acheté une maison à sa mère, et un grand appartement pour elle dans un quartier huppé de Paris. Appartement où elle se sentait seule et malheureuse, et puis la descente aux enfers. Diam’s était un cœur qui bat mais qui ne sert plus. C’était le chaos ! Et puis vint un jour où elle était accompagnée de deux copines, Charlotte et soussou, la première est catholique et l’autre musulmane. Sousou a exprimé le désir de faire sa prière, et Diam’s a rétorqué qu’elle aimerait prier aussi. En fait Diam’s a toujours été croyante, mais elle n’en faisait pas un axe central de sa vie. Elle croyait en un Dieu unique, un créateur, mais elle avait du mal à se raccrocher à ce Dieu. Avec cette copine musulmane, elle s’est pour la première fois prosternée et a mis son front sur le sol. Elle a fait quelque chose qu’on ne fait que pour Dieu. Pourtant les grand- parents de Diam’s sont catholiques et elle a été élevée dans cette religion, même si sa mère ne lui parle jamais de religion.

Pourquoi avoir choisi l’Islam ?

Diam’s a opté pour la religion musulmane au début, parce qu’elle sentait la spiritualité musulmane, elle est présente par le ramadan, par la prière du vendredi où tout le monde se rassemble pour prier un Dieu unique. Et aussi, dans l’Islam, il n’y a pas de sacerdoce comme dans la religion catholique. On s’adresse directement à Dieu sans passer par une tierce personne, comme c’est le cas de la religion catholique où on passe systématiquement par un prêtre. Pour en savoir plus sur la religion musulmane, Diam’s est partie en voyage à l’Ile Maurice, en emportant le Coran avec elle. Après avoir lu le Coran en entier, Diam’s a eu la révélation, car elle a eu l’intime conviction que Dieu existait. Le choix du voile est un choix pour Diam’s, elle voulait plus de pudeur, même si le port du voile n’est pas obligatoire, elle a choisi de le porter, elle se sent plus proche de Dieu. Pour elle, sans aller par quatre chemins, une fille catholique qui se convertit à l’Islam suscitera toujours des réflexions du style, elle s’est convertie pour deux raisons : soit on l’a endoctrinée, soit c’est son mari qui l’a forcée.
En mettant le voile, Diam’s donne l’impression à certains qu’elle n’a plus de personnalité, car la rappeuse dénonçait dans ses textes les problèmes de la société, et de l’inégalité. Alors qu’en réalité sa conversion à l’Islam n’a rien changé à sa liberté de pensée.
Diam’s est revenue à l’essentiel grâce à la religion musulmane, elle a perdu tous ses amis d’antan, elle en a gardé juste quelques-uns uns. Elle a une vie apaisée, une famille qui lui est chère et vit en paix avec elle-même.

L’attentat de Charlie Hebdo

Après l’attentat de Charlie Hebdo, Mélanie alias Diam’s a pris sa plume pour dénoncer les amalgames et la stigmatisation des musulmans. Elle évoque pour la première fois les attentats.
Comme elle l’écrit dans son livre cité plus haut, c’est elle qui souligne : « Comme tout le monde j’ai vécu les attentas de plein fouet, je suis derrière mon poste entrain de condamner de toutes mes forces ce qui vient de se passer. Parce que mine de rien tout d’un coup c’était les musulmans aussi qui étaient peut-être pointés du doigt, je suis musulmane maintenant. »
Ou encore, évoquant la revendication de l’attentat au nom de l’Islam par les terroristes présumés, elle souligne : « ça me dépasse, c’est évident pour moi que les terroristes sont des brebis égarées, c’est sûr et certain, ce n’est pas l’Islam. Nous, on est croyant, on lit dans le Saint Coran que quiconque tue un innocent, c’est comme s’il a tué l’humanité entière. Et puis tout d’un coup, on est réduit à quelques fous, quelques égarés qui tuent avec violence. » Pendant la manifestation pour l’attentat de Charlie Hebdo, Diam’s trouve dommage que personne n’ait soulevé le problème du blasphème. Pour elle, le blasphème n’était pas un dessin quelconque, comme tout le monde le répète dans les médias. Les dessins qui évoquent des positions sexuelles outrancières du prophète vis à vis de l’Islam, ou d’un pape qui sodomise un enfant. Ces dessins ont énormément choqué Diam’s, elle n’est pas en accord avec leurs auteurs, car on peut passer des messages sans blesser autrui, et c’est blessant. Au mettre titre qu’il faut défendre, qu’on peut tout dire, il faut défendre que quand on blesse, il y a des limites. On ne peut pas tout dire, si on doit blesser l’autre.
Le titre de son livre « Mélanie française et musulmane », est un titre qu’elle a choisi, mais elle trouve que le « et » du titre devient plus compliqué. Car ça devient difficile d’être de religion musulmane avec les temps qui courent. Depuis l’attentat de Charles Hebdo, les musulmans doivent faire profil bas. Depuis cet attentat, Diam’s est obligée maintenant de prendre des précautions quand elle sort. Elle écrit dans son livre : « un jour, une dame au centre commercial, lui a dit : « Rentre chez toi ». » Ce « rentre chez toi » pose un vrai débat, car Diam’s est française et musulmane, elle n’a pas à choisir. Elle s’appelle Mélanie, et elle est française. Elle a la foi, elle est musulmane. Le voile est toujours lourd à porter, on parle toujours du regard des gens sur le voile. Mais on parle rarement de la femme qui le porte, et de ce qu’elle ressent au quotidien. On nous fait passer pour des gens qui sortent de chez eux, brandissant presque une pancarte, « regardez, je suis musulmane, allez faites place. » Ce n’est pas du tout ça, au contraire, « chaque jour, je sors de chez moi en priant Dieu qu’il ne m’arrive rien, en rasant les murs, et en faisant profil bas.»
On n’a pas le droit de forcer quiconque à croire, la majorité des femmes qui portent le voile en France, l’ont fait par choix. Diam’s a plein d’amies musulmanes qui ne portent pas le voile. Il faut arrêter les amalgames.
Les femmes voilées défendent une liberté, à savoir la liberté d’être soi-même, la liberté d’être libre de ses choix. Libre de son corps, d’être libre d’en faire ce qu’on veut. En quoi suis-je indigne, moi Mélanie femme voilée, qu’une femme nue dans une pub pour un pot de yaourt ?
Elle, elle aurait le droit d’être toute nue, et moi de couvrir mon corps, c’est tout ce que je demande. Je ne demande rien d’autre.
« Mélanie, française et musulmane » est un livre que je recommande à tous ceux qui se posent la question, sur ce qui pousse un être quelle que soit son origine à se convertir à l’Islam, surtout quelqu’un qui jouissait d’une vie de star, une vie que Diam’s a menée depuis ses 17 ans.
Cat Stevens et Diam’s ont heureusement connu l’islam avant de connaître les musulmans, et c’est tout le mal que je souhaite à tous les convertis du monde entier. Découvrir et se convertir à une religion soi-même, c’est l’idéal.

Par Mustapha Bouhaddar

Source : Maghreb Canada Express, page 18, Volume Xiii, Numéro 06, Juin 2015

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