Par Mustapha Bouhaddar

Mustapha Bouhaddar (1)Charles Pasqua fait partie des personnalités politiques qui accumulent des casseroles, et qui à l’instar de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et Patrick Balkany, arrivent toujours à s’en sortir.
Il faut dire qu’ils ont fréquenté le même banc d’école.
En effet, comme on peut le lire sur le site « internaute.com », Nicolas Sarkozy a réussi à conquérir la mairie de Neuilly indirectement, grâce à Monsieur Charles.

Le loup dans la bergerie

« Achille Peretti, l’un des parrains de Nicolas Sarkozy lors de son adhésion à l’UDR et maire de Neuilly, le fait entrer dans son conseil municipal. Lorsqu’en 1983, Achille Peretti meurt, Charles Pasqua compte sur Nicolas Sarkozy pour l’aider à conquérir la mairie de Neuilly. Mais le jeune loup choisit de travailler pour son propre compte. Il visite les conseillers municipaux, séduit les Neuilléens et, enfin, rafle la mise au détriment du dirigeant RPR. Un « court-circuitage » qui n’est pas du goût de celui qui fut son témoin lors de son premier mariage ! A 28 ans, Nicolas Sarkozy devient donc le maire de la ville la plus riche de France, formidable tremplin pour sa carrière politique. »
Charles Pasqua n’était pas la seule personnalité connue que Nicolas Sarkozy avait trompée. Il a trahi Chirac plusieurs fois, il s’était rallié à Balladur contre ce dernier en faveur de Balladur. Résultat : Édouard Balladur a perdu les élections contre Chirac. Ce dernier fera subir à Nicolas Sarkozy une traversée du désert pendant quelques années. Chirac lui tendra la main plus tard, et le nommera ministre de l’intérieur lors de son second mandat.
Nicolas Sarkozy a trahi aussi le célèbre animateur de télévision Jacques Martin. Il avait marié ce dernier avec Cécilia, et quelques années plus tard, il a séduit cette dernière, et l’a épousée.
Jacques Martin évoquera sa blessure, ses pleurs et la tentation du suicide en 1992 dans une interview miroir – Jacques Martin interviewe Jacques Martin – pour l’émission Double jeu de Thierry Ardisson. Il y fait cette déclaration choc quand il se demande quelle est la dernière personne qu’il a eu envie de tuer.
A l’enterrement de Charles Pasqua qui est mort dans l’indifférence générale, on retrouve quand même quelques gaullistes, mais il manquait un certain Sarkozy.

Sa mort, un délivrance… Pour plein de monde !

Comme le rapporte « L’Express » du 29 juin, le communiqué du ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve est pour le moins expéditif: « M. Bernard Cazeneuve, Ministre de l’Intérieur, salue la mémoire de M. Charles Pasqua, dont la carrière politique fut notamment marquée par deux passages au ministère de l’Intérieur. Il adresse à sa famille et à ses proches ses plus sincères condoléances républicaines ».
Mais le journal qui a consacré pratiquement une page entière à la mort de Charles Pasqua, est « Le Canard enchaîné » du 18 juillet 2015. Normal, Charles Pasqua était un bon client pour ce journal satirique, à l’instar du couple Balkany. Le Canard a brossé un portrait très pertinent et objectif de l’ancien sénateur des Hauts-de-Seine qui possédait des dossiers sur toutes les personnalités de la classe politique française, c’est pourquoi à mon humble avis, il a réussi à échapper à la justice, et surtout à la prison pendant toutes ces années. Sa mort va soulager plein de monde.
Voici quelques morceaux choisis, que j’ai relevés dans le Canard cité ci-dessus. Un vrai régal !

L’âme d’un poète

« Serait-ce son passé de VRP Chez Ricard ? Charles use d’un langage fleuri et tout à fait galant. En 1978, lors d’une passe d’armes au Parlement, il juge les députés gaullistes trop naïfs et déclare : « Ils se sont conduits comme des pucelles qui voudraient faire l’amour sans que cela se fasse mal. » Même veine poétique en 1989, quand il renâcle à s’allier aux centristes pour les Européennes : « Ce n’est quand même pas le voisin qui décide comment on baise chez soi. » Et, prix du féminisme en 1998, à l’occasion des régionales, Pasqua propose que les militantes qui briguent l’investiture du parti soient « baisables ». On croirait du Ronsard.

Les affaires sont dans le SAC

En pleine campagne présidentielle de 1981, et juste après l’affaire des diamants de Bokassa, révélée par « Le Canard », de mystérieux commandos piratent les affiches électorales de Giscard. De petits papiers en forme de diamant sont collés à la place des yeux sur les portraits du président sortant. Effet électoral garanti ! Attribuée à tort aux Jeunes socialistes, l’initiative vient en fait, de Pasqua et de ses amis du SAC (Service d’action civique), une officine gaulliste où se croisent barbouzes et truands, et qui a longtemps compté Charly parmi ses dirigeants.
Cinq ans plus tard, en 1986, une brochure aussi anonyme que fielleuse, intitulée « L’autre visage de Raymond Barre », sort à la veille des législatives. Il s’agit alors de couper la route de Matignon à l’ancien Premier ministre de Giscard.
Coïncidence ? Quelques mois plus tard, alors que Pasqua vient d’être nommé ministre de l’Intérieur, une vague de cambriolages frappe successivement Raymond Barre et son entourage, puis des proches de Mitterrand. Chaque fois, des dossiers ont été fouillés ou ont disparu. Et Charly de jurer, la main sur le cœur : « Ce n’est pas moi qui les ai volés. J’ai bien rigolé quand j’ai vu ça, mais ce n’est pas moi. » Parole d’expert.

Le flambeur des Hauts-de Seine

Au temps de sa splendeur, Pasqua 1er, empereur des Hauts-de Seine, s’attache les services de 26 attachés de presse pour chanter ses louanges au conseil général. Soit plus que le président de l’époque (Mitterrand). Dans ce Pasqualand, la moindre action charitable devient l’occasion d’une débauche de factures de communication.
En 1991, une subvention de 230000 francs à une association de handicapés donne lieu à 150000 francs de dépenses pour faire connaître cette bonne action aux électeurs. Comme on le dit dans la famille, un bien fait ne doit jamais être perdu. »
Charles Pasqua est la preuve vivante que quelle que soit la personne pour laquelle on vote, il ne faut pas s’attendre à ce qu’elle tienne ses promesses.

Gagner un gouvernement; jamais le Pouvoir …

Croire ça, c’est croire vivre dans un pays de « bisounours ». On a connu Sarkozy qui s’agitait dans tous les sens et qui promettait à toutes les Françaises et à tous les Français, qu’il ferait reculer le chiffre du chômage, et que s’il ne réussissait pas, il ne se représenterait plus. sarko-pascua
Résultat : il se représentera en 2012, alors que les chiffres du chômage ont augmenté de façon exponentielle. Et, il n’a pas oublié de tripler son salaire au passage, en pleine crise économique, au moment où les Français se serraient la ceinture. Sarkozy va essayer de se représenter en 2017, alors que plein d’affaires lui pendent au nez. Tous les mois, il y a une affaire qui sort. La dernière est son implication dans l’affaire de corruption au sein de la FIFA. Mais qu’à cela ne tienne. Il a été à bonne école, il va user les juges comme l’ont fait jadis Chirac et Pasqua.
Il paraît qu’en 1981, Danielle Mitterrand avait demandé à son époux, pourquoi il n’a pas fait ce qu’il avait promis lorsqu’il a accédé au pouvoir. François Mitterrand lui a répondu qu’il n’avait pas le pouvoir d’affronter la Banque Mondiale, le capitalisme, le néolibéralisme. Il avait juste gagné un gouvernement, mais pas le pouvoir.
Danielle Mitterrand rajoutera qu’elle a appris ce jour-là, qu’être le gouvernement, être président, ne sert pas à grand-chose dans ces sociétés sujettes, soumises au capitalisme. Elle a vécu l’expérience directement durant quatorze ans. En France, on élit, et les élus font des lois qu’ils n’ont jamais proposées et dont nous n’avons jamais voulu. La France est-elle une démocratie ? Une puissance mondiale ?
En tant que Française, Danielle Mitterrand l’affirme : « Cela ne veut rien dire. »

Référence : Maghreb Canada Express, N° 08, VOL. XIII, page 4, AOÛT 2015

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