Par Abderrahman El Fouladi
Ce fut en 1887, que Clemenceau, alors député, aurait lancé en pleine assemblée nationale, et en face d’un certain général Boulanger ministre de la guerre, sa fameuse diatribe ’’La guerre est une chose trop grave pour être confiée à des militaires’’. Et s’il était de ce monde 130 ans plus tard, il se serait peut-être insurgé contre son propre clan (celui des politiciens) pour s’écrier que ’Le climat est une chose trop sérieuse pour le confier aux seuls politiciens. »
Car ce serait à cause des calculs politiques terre-à-terre que la planète en serait arrivée là; car il y aurait eu des politiciens qui auraient cédé à des lobbys croyant qu’on peut régler la température de la planète comme on réglerait la température de son four; laissant cette température monter juste ce qu’il faut pour profiter des effets bénéfiques des gaz à effet de serre; Puis arrêter ensuite !
L’appât du gain
Et pour cause ! Le dioxyde de carbone (qui représente près de 70% des émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique) a un effet fertilisant et augmente le rendement de certaines cultures !
De son côté, le développement économique est hélas (presque toujours) intimement lié à l’utilisation des combustibles fossiles ainsi qu’à certaines pratiques agricoles et industrielles responsables de l’émission de l’extrême majorité des gaz à effet de serre anthropiques;
Par ailleurs, le réchauffement de la planète pourrait permettre d’ouvrir de nouvelles routes navigables plus économiques (entre l’Europe et l’Asie), faciliter l’exploitation des gisements pétroliers et gaziers en mer et permettre l’exploitation des richesses minières; le tout dans le nord et dans les régions arctiques.
La question à 3° Celsius
Que ferait un politicien devant tous ces avantages ? Lui qui justement s’est fait élire en promettant d’éradiquer le chômage, créer des richesses et faire vivre son électorat dans un paradis sur terre ? Certainement pas une prêche pour un retour à l’ère préindustriel !
Il semblerait donc que les politiciens dans certains pays ‘’sont plus préoccupés par la gestion future des retombées positives des changements climatiques que par des politiques visant à en diminuer l’ampleur ou à s’y adapter. Sinon comment expliquer les maigres résultats obtenus par toutes ces conférences des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) ?’’
À qui confier donc le Climat, M. Clemenceau ?
À vos amis militaires ? Surtout pas; car ils seraient tentés de neutraliser la ‘’cible’’ à coup de hausse du niveau moyen de la mer, de sécheresse et de désertification. Et comme les foyers ‘’terroristes’’ se trouvent (comme par hasard) dans les zones qui seront affectées le plus par ces aléas climatiques, il y aurait à parier que certaines États-majors seraient tentés par l’aventure.
Mais blague mise à part, il serait temps de soustraire, au seul contrôle politique, un phénomène qui se déplace librement dans l’espace ‘’au gré des vents’’ sans respect des frontières ni des conventions humaines.
D’où le rôle de la société civile (de plus en plus présente dans les conférences des parties (COP) de la CCNUCC et qui le sera encore davantage durant la COP22 de Marrakech) pour éduquer les citoyens afin qu’ils puissent ramener les politiciens à la raison. Car ce sont les citoyens qui font les politiciens… car les politiciens ne sont que le reflet de leur électorat.
Et le défi majeur pour la société civile serait d’abord de décontaminer les esprits des préjugés et des idées préconçues. Et cela ne va pas être facile. Un exemple tout simple : Si on pose la question »Qui, du chinois ou du canadien, contribue le plus au réchauffement de la planète? » . Il y a des fortes chances de recevoir comme réponse : Le chinois ! . Or le chinois n’émet que 7,4 tonnes/an de gaz à effet de serre… alors que le canadien en émet 15,7 tonnes/an.
Par A. El Fouladi, Maghreb Canada Express, Page 3, Vol. Xiv, N°11, Novembre 2016,
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