Par Abderrahman El Fouladi, Ph.D., Géo Planète Solutions Enr.
Malgré l’aveuglement de certains dinosaures, parmi les purs et durs climato-sceptiques, il serait difficile de nier maintenant que la lutte pour une justice climatique planétaire, ainsi que pour le droit des générations futures à une planète vivable, doit être le principal souci des décideurs de la Planète… D’autant plus que les impacts des changements climatiques, qui se présentent comme un réel défi du développement durable, pourraient avoir de graves incidences, non seulement sur l’environnement, mais aussi sur le développement social et économique dans n’importe quelle partie du monde; et pas juste dans les pays vulnérables et sous développés !
Le Maroc, plus africain et plus conscient de cet enjeu que jamais, vient d’organiser la COP22. Et comme l’avait déjà souligné le souverain marocain , le Roi Mohammed VI, dans son message adressé à la COP21 l’année dernière, «la crise climatique est l’ultime injustice qui frappe les plus vulnérables. Et les effets du changement climatique concernent autant, sinon plus, les pays en développement, surtout les États d’Afrique et d’Amérique Latine les moins avancés ainsi que les petits États insulaires», avant d’ajouter que «le Continent africain mérite une attention particulière…Un continent qui partout s’éveille et se découvre et prend confiance. C’est donc en Afrique, continent de l’Avenir que se jouera l’avenir de notre planète».
Est-ce pour cela que le Souverain marocain multiplie les déplacements dans les pays africains , avant et après la COP22 ?
Tout est-il que selon plusieurs observateurs, cette ouverture marocaine, tout azimut, sur l’Afrique dépasserait de loin la traditionnelle approche sur fond de la question de son unité territoriale, et met en exergue ’’une seconde nature’’ du pays ’’résolument africaine’’ .
Cela démontrerait aussi à tel point le Maroc prend au sérieux sa présidence de la COP22 et à tel point il tient , pour l’Afrique et avec l’Afrique, à transmettre les doléances du continent à la prochaine COP23 tout en faisant profiter ce même continent de son expérience dans les secteurs des énergies propres (comme moyen d’atténuation des impacts des gaz à effet de serre) et dans les secteurs de l’agriculture, de la lutte contre la désertification, de la gestion du littoral ainsi que des ressources halieutiques comme moyens d’adaptation.
Par ailleurs, et en vu de faire du pays un hub de coopération nord-sud et surtout sud-sud, le Maroc peut compter sur un secteur tertiaire aguerri, sur ses réseaux de recherche en agronomie, sur sa production d’engrais et… bien-sûr sur sa diaspora; prête à importer non pas un ‘’savoir-faire’’ mais une ‘’autre façon’’ de faire; celle pouvant être garante d’une complémentarité entre le savoir-faire du Nord et celui du Sud.
Et le temps presse car la COP22 aurait laissé en suspens l’important dossier du financement de l’initiative marocaine ‘’AAA’’ (Adaptation de l’agriculture africaine) et n’aurait même pas abordé celui des migrants climatiques.
Or si l’initiative AAA serait toujours programmée pour les prochaine rencontres climatiques avant la COP23, il n’en serait pas de même pour la question des migrants climatiques pour laquelle l’accord de Paris avait déjà ouvert une petite brèche en mentionnant cette catégorie de migrants dans son préambule.
Cette brèche pourrait être maintenant élargie sous la pression africaine et lors de la présidence marocaine de la COP22 pour se transformer en ‘’initiative africaine pour les réfugiés climatiques’’ à présenter lors de la COP23.
Il serait pertinent de souligner, dans ce sens, que les recommandations du Colloque ‘’Migrations climatiques : Tendances et enjeux’’ (un colloque labellisé COP22 et organisé par le ministère marocain chargé des Marocains résidant à l’étranger et des affaires de la migration et dont les Actes furent distribués lors de cette COP22) pourraient fournir plusieurs pistes de réflexion en ce sens.
Pour plus d’infos concernant les Actes de ce colloque , consulter le lien :
www.geops.ca/DOC/actes-migrations.pdf