affrontements fida 2 grillesUn mauvais comportement de quelques migrants d’origine subsaharienne à l’égard d’une jeune femme casablancaise résidant au Derb El Kébir aurait été, selon certains habitants du quartier, l’étincelle qui a embrasé le quartier en provoquant l’éclatement d’affrontements violents entre des migrants subsahariens et un groupe de jeunes casablancais, dans la soirée du 24 novembre 2017, près de la gare routière Ouled-Ziane.

La jeune femme, qui aurait fait l’objet d’un harcèlement de la part de quelques migrants aurait ameuté un groupe de jeunes de son quartier dans « une expédition punitive » qui a provoqué des incidents malheureux avec des jets de pierres, l’incendie de pneus, de déchets et des bennes à ordures.

Les forces de l’ordre et des éléments de la protection civile (des pompiers) ont dû intervenir, vite, pour disperser les foules, calmer les esprits, rétablir l’ordre, contrôler les incendies et ramener la quiétude dans la zone embrasée. Heureusement, le samedi 25 novembre 2017, le quartier retrouve sa quiétude et son ambiance normale. Tout est entré dans l’ordre et les migrants reviennent à leurs places habituelles et lieux de rencontres, sans être inquiétés.

Abstraction faite de l’intensité de leur gravité, ces incidents sont inacceptables et condamnables dans un pays connu par sa solidarité agissante avec les migrants, sa culture de partage et l’altruisme de sa population. Les plats de couscous offerts, gracieusement, chaque vendredi aux migrants subsahariens par les habitants de Derb El Kébir et de tous les quartiers à proximité de la gare routière Ouled Ziane et surtout du jardin public qui abrite le camp de fortune installé par les migrants subsahariens, est un exemple qui illustre parfaitement cette solidarité inaltérable avec l’étranger, sans distinction de race, de genre ou de religion.

Tout en insistant sur le devoir de condamner les travers qui auraient pu être commis par certains migrants et toute mauvaise conduite de la part de toute personne à l’égard d’autrui, nous nous inscrivons en faux contre toute tentative de recourir à « la justice de la rue » dans un État de droit. L’expédition punitive doit être vigoureusement condamnée et la « justice populaire » doit être sévèrement réprimée car, dans un État moderne et démocratique on ne peut pas accepter le fait que la prérogative de l’usage de la force physique soit partagée entre l’État et des groupes de personnes privées qui agissant à leur guise. Seul l’État détient le monopole de l’usage légitime de la force physique. Tolérer, même tacitement, que des personnes s’arrogent le droit d’agir à la place de l’État est un mauvais pas vers l’érosion des fonctions régaliennes de l’État (dont police et justice …) qui pourrait engendrer une anarchie, lourde de conséquences.

Le visionnage des multiples vidéos filmées sur place et l’observation minutieuse des images ayant circulé sur les réseaux sociaux, le recoupement des informations et l’analyse des déclarations recueillies auprès de certains témoins oculaires et des habitants des quartiers à proximité du « champ de bataille », nous ont permis d’épouser la thèse selon laquelle le harcèlement supposé de la jeune casablancaise ne serait que la goutte qui a fait déborder le vase. A cet égard et sans minimiser l’effet de le harcèlement d’une femme sur les esprits dans un pays comme le Maroc, il parait que les causes principales et déterminantes des affrontements du vendredi 24 novembre 2017 sont à rechercher dans les conséquences néfastes qui découlent de l’installation d’un camp de migrants subsahariens dans un jardin public. Il s’agit d’un espace vert que la population des quartiers voisins considère comme un des rares lieux où elle peut aller s’alimenter en air non pollué et jouir des moments de détente pour lutter contre le stress. Le camp en question a privé la population des quartiers voisins des bienfaits d’un jardin public et d’un petit terrain de sport qui, naguère faisait le bonheur des jeunes de cette zone d’habitation. Soumis à une forte pression, le « jardin squatté » aurait été complètement délabré. Ce qui explique les très mauvaises conditions de vie de ses occupants.

Alerté par de mauvais symptômes et des signes avant-coureurs qui annonçaient un orage imminent, un journal électronique a réalisé, en septembre dernier, un reportage sur les conditions de vie dans ledit camp. Selon ce reportage, les dizaines de migrants subsahariens souffrent de la précarité extrême et de très mauvaises conditions de vie. Ces conditions déplorables et l’érosion, au fil des jours, du rêve pour lequel ils ont marché des mois en traversant le grand désert, rendent les habitants du camp très vulnérables psychologiquement, susceptibles et surtout fortement agressifs. C’est pourquoi ils réagissent violemment à tout comportement mal raisonné d’un citoyen marocain irresponsable, en taxant tous les Marocains « de racistes et xénophobes ». Les locataires du camp de Casablanca et certainement aussi ceux qui ont élu domicile dans d’autres villes marocaines dont Rabat, Fès, Taourirt, Oujda, Nador, Tanger, entres autres, refusent toute intégration/insertion dans la Société marocaine puisqu’ils continuent de considérer le Maroc comme une simple terre de transit vers l’Europe. Un habitant du camp a tout résumé dans cette déclaration faite au journaliste qui a réalisé le reportage en question : « Ouvrez les frontières, nous ne voulons pas rester au Maroc, notre objectif c’est l’Europe ».

Ceaffrontements fida 1 grilless propos tenus par un migrant subsaharien ne doivent pas être négligés car le taux de réussite des efforts qu’entreprend inlassablement les autorités marocaines compétentes pour régulariser les « sans-papiers » dépendent largement de l’adhésion de la population ciblée à savoir les migrants clandestins, les réfugiés et les demandeurs d’asile. A cet égard, il convient de souligner que le Maroc a adopté, en septembre 2013, une nouvelle politique migratoire axée sur une approche globale et humaniste en parfaite conformité avec le droit international et les engagements internationaux du Royaume du Maroc en la matière. Lancée le 31 décembre 2O13 dans le cadre de la mise en œuvre de cette nouvelle politique, la première campagne de régularisation qui a duré une année (31 décembre 2013-31 décembre 2014) a permis à 18000 étrangers vivant au Maroc en situation irrégulière d’obtenir un titre de séjour. Le taux de satisfaction des demandes de régularisation a été de l’ordre de 65,85% puisque le nombre des demandes exprimées étaient de l’ordre de 27 332. Ce taux a été nettement amélioré après les décisions favorables de la commission nationale de recours et de suivi de l’opération de régularisation. Selon une source officielle, le taux de satisfaction final a dû passer à 82%, ce qui a permis d’accéder favorablement 22412 demandes déposées auprès des bureaux mis en place, à cet effet, dans toutes les provinces et préfectures du Maroc.

La deuxième opération de régularisation d’étrangers a été lancée le 14 décembre 2016 pour prendra fin le 31 décembre 2017. 26.000 demandes ont été déposées au niveau national. 52% des demandeurs sont des hommes et 9% des mineurs.

Dans le cadre de mise en œuvre de la nouvelle politique migratoire adoptée par le gouvernement marocain, le Ministère délégué auprès du ministère des affaires étrangères et de la coopération internationale chargé des Marocains résidant à l’étranger et des affaires de la migration, a adopté une stratégie d’immigration et d’asile. Celle-ci a été déclinée en 11 programmes d’action couvrant les centres d’intérêt, les besoins fondamentaux et les instruments de protection des migrants et leurs familles dont notamment, l’éducation, la formation professionnelle, la santé, les activités sportives, la culture, l’assistance sociale, l’emploi et la lutte contre la traite des êtres humains. En même temps, le ministère marocain en question a adopté un plan d’urgence pour subvenir aux besoins d’intégration des migrants qui ont pu obtenir leur carte de séjour. A cet effet, plusieurs conventions ont été conclues avec tous les départements ministériels concernés par la dimension migratoire.

Bien qu’elles soient placées entre le marteau et l’enclume, les autorités marocaines ne vont certainement pas lâcher prise et vont continuer à œuvrer, dans les limites du possible, pour le bien-être et l’intégration des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile. Le marteau, c’est le devoir de bien contrôler ses frontières en vue de protéger ses voisins, surtout l’Espagne et partant toute l’Europe occidentale, contre un déferlement massif de migrants illégaux. Pour réduire le taux de probabilité pour qu’un tel scénario se produise, les autorités marocaines sont contraintes de délocaliser des centaines de migrants pour les éloigner des villes du Nord du Maroc, perçues comme étant les lieux idoines pour la très périlleuse traversée de la Méditerranée. C’est cette action tactique qui a amené les migrants subsahariens à installer des camps de fortune à Casablanca, à Fès et dans d’autres villes marocaines situées au centre du Maroc. L’enclume, ce sont ces migrants récalcitrants qui rejettent toute possibilité d’intégration et des séjours prolongés au Maroc.

Malgré ces énormes difficultés, le Maroc reste fortement attaché à la réussite de son pari en peaufinant davantage sa politique migratoire. Ainsi , sur le plan juridique, le gouvernement du Maroc a adopté, le 25 août 2016, la Loi 27-14 . Cette loi qui entre dans le cadre des efforts qu’entreprend le Maroc pour lutter contre la traite des êtres humains concerne l’élimination du travail forcé. Il sied aussi de souligner que le Maroc a ratifié, le 21 juin 1993, la convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et leurs familles du 18 décembre 1990.Le Maroc figure, depuis le 7 novembre 1956, parmi les États parties à la convention de 1951 relative au statut des réfugiés-dite convention de Genève- et à son protocole de 1967, depuis le 20 avril 1971.

Par Ahmed Saber pour Maghreb Canada Express

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