Le 1er décembre courant, le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, M. António Guterres, a nommé officiellement le canadien M. Colin Stewart comme son Représentant spécial pour le Sahara occidental et Chef de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (MINURSO).
Conformément à cette décision, la canadienne Mme Kim Bolduc, dont le mandat à la tête de la MINURSO a expiré le 22 novembre 2017, est invitée à céder les commandes à son compatriote, M Colin Stewart.
Mme Bolduc avait succédé, en 2014, à l’allemand, M Wolfgang Weisbrod-Weber qui était Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara occidental et Chef de la MINURSO, de 2012 à 2014.
Né en 1961, M Stewart est un diplomate canadien titulaire d’une licence de l’Université Laval de la ville de Québec au Canada. En sa qualité de membre du corps diplomatique canadien (1990-1997), il a assumé les fonctions de porte-parole du ministère canadien des affaires étrangères. M Stewart a cumulé une bonne expérience sur le terrain en tant que consultant indépendant dans le domaine des élections et du développement démocratique. Ses compétences avérées, cumulées grâce à 25 ans d’expérience dans le domaine de la paix, de la sécurité et des affaires internationales lui ont permis d’occuper plusieurs postes de responsabilité au sein de l’Organisation des Nations Unies( ONU)
Ainsi, de 1999 à 2004, il a travaillé à la mission de l’ONU au Timor oriental ( MINUTO), à l’administration transitoire de l’ONU au Timor oriental (ATNUTO) et à la mission d’appui de l’ONU au Timor oriental ( MANUTO). De 2004 à 2006, M. Stewart a représenté la Fondation Carter( Carter Center) en Cisjordanie et en République Démocratique du Congo ( RDC). De 2007 à 2009, il a occupé le poste de Chef de cabinet par intérim et Chef des affaires politiques à la mission intégrée des NU au Timor oriental ( MINUT). Plus récemment, M Stewart a assumé les fonctions de Directeur-adjoint et Chef de cabinet du Chef du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union Africaine à Addis-Abeba (BNUUA).
Il est à rappeler que la MINURSO a été créée par la résolution 690 adoptée par le Conseil de Sécurité, le 29 avril 1991, suite à l’acceptation par le Royaume du Maroc et le front « polisario » des propositions de règlement, le 30 août 1988 .Elle figure parmi les 15 missions onusiennes de maintien de paix dans le monde, toujours en cours. Son mandat, qui a été bien précisé et défini par la résolution susmentionnée du Conseil de Sécurité, est un mandat classique fondé sur le consentement des parties. Dominée par la composante militaire, l’équipe de la MINURSO est encadrée par son Chef qui est aussi le Représentant spécial du Secrétaire Général des NU pour le Sahara occidental et le commandant des forces armées de la MINURSO. Au 15 mars 2O17, la composante militaire de la MINURSO comptait 244 membres alors que la composante « police civile » n’était constituée que de deux membres.
Par ailleurs, Il convient de préciser que le quartier général de la MINURSO se trouve dans la ville de Laâyoune. Depuis le 19 octobre 1988, le poste de Représentant spécial du SG des NU pour le Sahara occidental a été occupé par 13 hauts responsables onusiens représentant 11 nationalités différentes, dont deux américains et deux canadiens. La nomination de M.Stewart se différencie de plusieurs nominations antérieures car, c’est la deuxième fois qu’un(e) Représentant(e) spécial(2) du Secrétaire général des NU pour le Sahara occidental cède la place à un compatriote. Ce cas de figure s’est produit en 2001 lorsque l’américain M William Lacy Swing a été nommé Représentant spécial du SG pour le Sahara occidental et Chef de la MINURSO à la place de son compatriote M William Eagleton, qui a occupé ce poste, de 1999 à 2001.
Avant la nomination de M. Stewart, le Secrétaire Général des Nations Unies a nommé, le 8 août 2017, l’allemand Horst Köhler, au poste de l’Envoyé personnel du Secrétaire Général des Nations Unies pour le Sahara occidental, à la place du diplomate américain Christopher Ross qui a remis, quelques mois avant, sa démission de ce poste au terme d’un mandat qui a duré un peu plus de 8 ans ( janvier 2009 – mars 2O17). M Köhler est le quatrième Envoyé personnel du Secrétaire Général après les deux américains, James Baker et Christopher Ross, et le néerlandais M. Peter Van Walsum.
2009, Horst Köhler a été élu président de la République fédérale d’Allemagne pour deux mandats successifs au nom du Parti de l’Union chrétienne-démocrate – CDU, dirigé par la Chancelière allemande, Mme Angela Merkel. Un premier mandat de cinq ans (2004-2OO9), puis un second mandat (2009-2014), suite à sa réélection le 23 mai 2009. Un deuxième mandat qu’il n’a pas pu terminer à cause d’une déclaration très controversée qu’il a faite sur l’utilité de l’action militaire de son pays à l’étranger pour ses intérêts économiques. Laquelle déclaration a déclenché, à l’époque, un tollé général en Allemagne. Ce qui a obligé M. Köhler à présenter sa démission, le 31 mai 2010. M Köhler fut aussi Directeur général du Fonds Monétaire International (FMI), de 2000 à 2004.
Avec le départ de M. Ross et de Mme Bolduc, les directions des deux équipes onusiennes chargées de la médiation et de la gestion de la question du Sahara ont été renouvelées. S’agit-il d’un simple changement de personnes, un changement pour le changement, ou un changement dicté par une nouvelle stratégie de l’ONU concernant le traitement et la gestion de la question dite du Sahara occidental ? Une question très sensible et que le peuple marocain, dans sa totalité, considère comme la priorité des priorités et une ligne rouge. Les premières initiatives et les premières décisions qui vont être prises par ces deux nouveaux hauts responsables onusiens vont nous permettre de disposer des éléments que requiert une appréciation objective des objectifs réellement recherchés par les stratèges de l’Organisation des Nations Unies.
Par A. Saber, Maghreb Canada Express, page 4, Vol. XV, N° 12, DÉCEMBRE 2017
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