Le 15 mars 2018, le Maroc a officiellement déposé à Zurich, siège de la Fédération Internationale de Football Association(FIFA), son dossier de candidature pour l’organisation de la coupe du monde de football 2026. Ainsi, après les échecs enregistrés pour l’accueil des éditions 1994, 1998, 2006 et 2010, le Maroc revendique, pour la cinquième fois, le droit d’abriter une phase finale de la coupe du monde, l’événement-phare de la FIFA.
Lors des éditions passées, le Maroc a été écarté pour des raisons plus ou moins compréhensibles et acceptables (manque d’infrastructures sportives fonctionnelles, capacités d’hébergement insuffisantes et largement en deçà du niveau requis, transport …), et dans des exercices où il devait confronter plusieurs candidats lors des votes des membres du comité exécutif de la FIFA. Cette fois-ci, les données ont complètement changé.
En effet, le Maroc se présente avec un dossier sérieux et consistant qui s’appuie sur un développement notoire et tangible des infrastructures sportives( 6 terrains fonctionnels mais à rénover complètement et 8 autres en projet ou en construction), plusieurs aéroports internationaux , un réseau autoroutier développé qui pourrait permettre un déplacement rapide des supporters entre les villes hôtes des compétions, une capacité d’hébergement acceptable et perfectible, ainsi qu’une expérience avérée en matière d’organisation des grands événements internationaux ( coupe du monde des clubs de la FIFA( 2013 et 2014) , COP 22 en 2016 .. ).
Mais au lieu d’être en concurrence avec plusieurs postulants comme c’était le cas lors des quatre éditions où il a échoué, cette fois-ci, le Maroc doit faire face à un seul concurrent, mais de taille, à savoir le puissant trio nord-américain composé des Etats Unis d’Amérique ( USA), du Canada et du Mexique, qui ont préféré présenter une candidature conjointe, malgré l’échec de cette option lors de la coupe du monde 2002, organisée conjointement par la Corée du Sud et le Japon.
Tout en étant conscient de la position de premier ordre et de l’immense influence qu’exercent ses concurrents et notamment les USA sur le monde entier, le Maroc, et contrairement à d’autres pays, plus puissants économiquement et disposant d’appareils diplomatiques redoutables, a décidé de se présenter dans une compétition où il doit confronter, sportivement, la candidature conjointe des trois pays de l’ALENA( Accord de libre échange nord-américain ), qui regroupe les Etats Unis d’Amérique, le Canada et le Mexique. Ces trois pays, qui dominent la CONCACAF (Confédération de Football d’Amérique du Nord, d’Amérique Centrale et des Caraïbes), occupent respectivement les rangs de la première, la 10ème et la 15ème puissance économique mondiale.
Le Kazakhstan, et après avoir minutieusement évalué ses chances de s’adjuger l’honneur d’organiser la coupe du monde 2026 a décidé de se retirer, prématurément, de la course. La Chine, qui confère au sport une dimension stratégique et qui mise sur le sport pour asseoir sa suprématie économique sur la planète, a préféré ne pas rivaliser, pour le moment, avec le trio nord-américain. Par contre, le Maroc a opté pour une autre option plus courageuse en décidant de se présenter candidat pour la coupe du monde 2026 qui se déroulera, pour la première fois, dans le cadre d’un format élargi (48 équipes au lieu de 32 actuellement et 80 matchs au lieu de 64 ).
La campagne de promotion d’un dossier de candidature requiert l’affectation d’un budget énorme qui doit être soustrait des fonds publics devant servir au financement des projets de développement du pays. A titre d’exemple et selon des sources officielles marocaines, la promotion des dossiers de candidatures pour l’organisation des coupes du monde 2006 et 2010 a coûté plus de 24 millions d’Euros au contribuable marocain. C’est une dépense colossale pour un pays qui aspire réduire le large fossé qui le sépare des pays développés. Au cas où sa candidature sera retenue pour l’organisation de la coupe du monde 2026, le Maroc devra engager une dépense globale de l’ordre de 15,8 milliards de dollars( 14,4% du PIB actuel) pour honorer ses engagements envers la FIFA.
Malgré cet énorme coût financier, le Maroc a pris la décision « de croiser le fer-sportivement » avec les USA, première puissance économique et militaire au monde. Une décision très importante qu’on ne peut prendre que si l’analyse coûts/avantages globaux est clairement favorable. C’est ce qu’on va essayer d’affirmer ou infirmer en présentant, même brièvement, le rôle politique et diplomatique du sport en général et du football en particulier.
Le rôle éminemment politique et diplomatique du football
Né en Angleterre vers la fin du 19ème siècle, le football a vite conquis les villes côtières européennes, grâce aux marins anglais qui y trouvaient un moyen de distraction au cours de leur période d’escale ou de repos sur terre. C’est pourquoi, le premier club professionnel français de football a vu le jour en Normandie et plus précisément au Havre en 1884 sous le nom « Le Havre Athletic Club –HAC », c’est pourquoi aussi on a noté au départ « l’anglosaxonisation »des noms attribués aux clubs de football en Europe et ailleurs.
L’un des premiers leaders et dirigeants politiques qui a bien compris le rôle politique du foot fut le Général Francisco Franco qui gouverna l’Espagne de 1939 à 1975. Bien qu’il n’ait pas été un vrai fan du football, le Général Franco avait été profondément convaincu par le rôle politique que pourrait jouer le football, érigé en vecteur de transmission des messages politiques et un « soft power » qui pourrait facilement faire passer des messages sur l’unification de l’Espagne et la grandeur du pouvoir.
Au départ, il a misé sur l’Athletic de Madrid qui domina le paysage footballistique espagnol de 1939 à 1952. Il est même allé jusqu’à changer le nom de l’Athletic par l’Athlético pour que le club fasse plus castillan que basque. En 1953, et lorsque l’Athlético ne parvint plus à maintenir sa suprématie sur le football espagnol, Franco décida de favoriser le Real Madrid. Fortement soutenu par le régime politique en place en Espagne à cette époque, le Real Madrid avait pour mission de lutter contre la percée du FC Barcelone et surtout sa devise( Mésque un club qui signifie « plus qu’un club en catalan) .
C’est à partir de cette date que naquit la grande rivalité, qui dure jusqu’à présent, entre le Real Madrid et le FC Barcelone – fief de la résistance linguistique et identitaire en Espagne. Grâce à l’appui de Franco, le Real Madrid parvint à dominer le football espagnol et européen : 5 coupes d’Europe entre 1956 et 1960.
la guerre des cent heures
En 1969, le football a été le catalyseur d’un conflit armé entre le Honduras et Le Salvador. C’est ce que les latino-américains appellent « la guerre des cent heures » déclenchée, en juillet 1969, suite aux événements malheureux et violents provoqués lors des 3 matchs de qualification disputés par les équipes nationales des deux pays pour la coupe du monde, organisée au Mexique en 1970. Les dictatures militaires qui sévissaient en Amérique Latine durant les décennies 60 et 70 du siècle dernier ont cherché à faire du football « un opium réservé aux classes démunies », un moyen de canaliser la violence populaire vers les stades de football, et un outil pour consolider et améliorer l’image des pouvoirs en place, comme c’était le cas pour l’Argentine qui a arraché l’honneur d’organiser la coupe du monde 1978, au moment où le peuple argentin était soumis à une dictature militaire impitoyable, imposée par une junte militaire sanguinaire dirigée par le Général Videla. Ce dernier a quitté le pouvoir 32 mois seulement après la coupe du monde, remportée par l’équipe nationale argentine, qui a battu la Hollande en finale.
Au fil des ans, le sport en général et le football en particulier a pu devenir un moyen politique déterminant et un élément incontournable des relations internationales. Les deux médailles d’or remportées en 1984 par Said Aouita et Nawal El Moutawakel lors des jeux olympiques de Los Angeles, les 4 qualifications aux phases finales de la coupe du monde de football( 1970,1986 , 1994 et 1998) et les deux médailles d’or en athlétisme remportées par Hicham El Guerrouj lors des jeux olympiques 2004 d’Athènes , ont eu plus d’effets positifs sur l’amélioration de l’image de marque du Maroc à l’étranger que toutes les actions menées par la diplomatie marocaine durant des décennies.
Sur le plan interne, les jeux olympiques de 1984 ont permis au gouvernement marocain de l’époque de gérer une situation économique très difficile causée par une succession de cycles de sécheresse durant la fin des années 70 et le début des années 80 du 20ème siècle, mais aussi par des politiques économiques et sociales désastreuses, qui ont contraint le Maroc à demander l’assistance du FMI.
C’est pour ces raisons que la FIFA a toujours cherché, vainement, à demeurer une organisation strictement sportive, apolitique afin de se soustraire à l’emprise et à l’influence des puissances mondiales. C’est pourquoi aussi, certains Etats n’hésitent pas à attaquer, même en justice, la FIFA chaque fois que cette dernière oublie de promouvoir leurs intérêts. La FIFAGate est un exemple très édifiant à ce sujet et qui mérite d’être analysée, surtout qu’il s’agit d’une affaire qui peut expliquer certaines décisions prises récemment par la FIFA concernant l’évaluation des dossiers de candidature pour l’organisation de la 23ème édition de la coupe du monde de football, qui aura lieu en 2026.
La Fifagate, serait une action déclenchée par la justice américaine pour punir et déstabiliser la FIFA .
Il serait difficile de comprendre parfaitement les grandes décisions prises récemment par la FIFA concernant la généralisation du droit de vote pour la désignation du pays ou des pays organisateurs des prochaines éditions de la coupe du monde, le rôle déterminant de la Task Force, les critères et le système de notation introduit pour évaluer les capacités des pays en lice pour 2026, sans analyser les tenants et les aboutissants du séisme qui a secoué profondément la FIFA en 2015 et que certains observateurs ont appelé la FIFAGate.
Mécontents de leur défaite face au Qatar lors du vote pour l’attribution de la coupe du monde 2022, les Etats Unis d’Amérique, fortement soutenus par l’Angleterre, ont attaqué la FIFA pour soupçons de corruption massive. Ainsi, 16 des 24 membres du comité exécutif de la FIFA ayant participé au vote en décembre 2010 pour l’attribution des coupes du monde 2018 et 2022 ont été soit avertis, soit écartés, soit suspendus ou sérieusement inquiétés. Sepp Blatter, le puissant président de la FIFA à l’époque, ses proches collaborateurs et son futur successeur, Michel Platini, président de l’UEFA (2007-2016) ont été débarqués par la justice sportive.
Le choc amorcé a touché aussi des confédérations continentales dont la CAF avec le départ de son président, le camerounais Issa Hayatou, élu président de la CAF en 1988 au Maroc et qui a pu cumuler 7 mandats successifs qui lui ont permis de passer 29 ans à la tête de la CAF, avant d’être débarqué en 2017.
L’éviction de Sepp Blatter a ouvert la voie à un italo- suisse Gianni Infantino qui a été élu président de la FIFA, en 2016 grâce à l’appui des Etats Unis. Evidemment, tout le monde sait que les USA ne prennent pas de décisions d’une façon hâtive ou fortuite et sans l’existence d’un projet alternatif à moyen et long termes garantissant « un retour sur investissement satisfaisant ».
Des rumeurs ont circulé sur le rôle déterminant joué par Sunil Gulati, président de la fédération des USA de Soccer entre 2006 et 2018, dans l’élection de Gianni Infantino. Il est à souligner que Sunil Gulati est actuellement un des 37 membres du Conseil de la FIFA.
Déstabilisée et rappelée à l’ordre, la FIFA a compris que le football n’est pas un simple jeu qui ne devrait prendre en compte que la passion des fans. Il doit être géré par la logique de la géopolitique qui doit primer sur le calcul et la qualité technique du dossier de candidature.
Fortement secouée, la FIFA a fini par bien saisir le message américain: les rapports de force géopolitiques et les intérêts des superpuissances mondiales est une ligne rouge à ne pas dépasser, car le football n’est pas une simple discipline sportive, c’est un terrain de confrontation entre les puissances mondiales pour la suprématie et la domination économique, politique et culturelle du monde. Le fait que la Chine accorde, depuis quelques années, une importance cruciale au développement du football n’est pas un fait anodin, c’est un élément stratégique de sa politique visant à concurrencer les USA et à contester l’hégémonie américaine sur le monde.
Pour le moment, il parait que la Chine n’est pas encore prête pour « la guerre footballistique », c’est pourquoi elle a préféré ne pas présenter sa candidature pour 2026. Selon certaines informations, la Chine vise la coupe du monde 2034, car il est fort possible que c’est la candidature conjointe Argentine-Uruguay qui sera retenue pour l’organisation de la coupe du monde 2030.La FIFA s’offrira ainsi l’occasion de célébrer le centenaire du lancement de la coupe du monde en Uruguay, pays qui a organisé la première édition de la coupe du monde, en 1930. La décision des 10 membres du CONMEBOL (Confédération Sud-Américaine de Football) de voter en faveur de la candidature nord-américaine a été certainement prise en application d’un accord instituant un soutien réciproque entre les deux parties.
Contrairement à la Chine et d’autres pays influents dans le monde, le Maroc qui semble ignorer ou au moins sous estimer la pertinence des rumeurs qui circulent sur le FIFAGate et la prétendue partialité de la FIFA, s’est attaché fermement à un droit légitime de pouvoir se présenter candidat, même dans un exercice où le trio nord-américain dispose d’atouts sans comparaison avec les siens.
C’est pourquoi, il est certain que les autorités marocaines compétentes n’ont pu oser prendre la décision de soumettre cette cinquième candidature pour l’organisation d’une phase finale de la coupe du monde qu’après des mois de réflexion et une analyse minutieuse des coûts à supporter et des gains escomptés. Jusqu’à présent, et en attendant le verdict final qui sera connu à l’issue du vote qui aura lieu à Moscou, le 13 juin prochain, il parait que le Maroc a déjà atteint son objectif prioritaire.
Le Maroc aurait déjà réalisé un de ses objectifs principaux en attendant le résultat du vote
Le 27 avril 2018, le président américain Donald Trump a eu recours à son outil de communication privilégié pour publier un Tweet dans lequel il menace, d’une façon à peine voilée, les pays qui ne soutiendront pas la candidature du trio nord-américain. Le fait que le président de la première puissance militaire et économique au monde, qui était silencieux sur le sujet jusqu’à cette date, sorte de sa réserve est une victoire à mettre à l’actif du Maroc. En effet, toute sortie médiatique du chef de l’Exécutif américain permet au pays concerné de jouir d’une large publicité sur le plan international.
Ceux qui n’ont jamais entendu parler du Maroc dans les coins les plus reculés de ce monde seront amenés à chercher des informations sur « ce petit pays » qui a fait sortir Donald Trump de sa réserve.
Sur le plan interne, et comme il l’a fait après les candidatures ratées de 2006 et 2010, et abstraction faite du résultat du vote du 13 juin 2018, le Maroc qui a inscrit sa candidature dans le cadre d’une stratégie de développement globale et à long terme est décidé à respecter les engagements consignés dans son Bid-Book, dont la rénovation totale des 6 stades existants pour les rendre conformes aux normes de la FIFA et la construction de 8 nouveaux terrains .
Le Maroc continuera d’œuvrer pour concrétiser les chantiers lancés en vue d’améliorer d’une façon significative ses capacités aéroportuaires, le degré de connexion des villes hôtes à l’axe principal du réseau autoroutier, ses capacités d’hébergement…
La poursuite de la réalisation des chantiers ouverts pour hausser le niveau de développement global du Maroc ne dépendra pas de la décision qui sera prise par les 211 associations membres de la FIFA, car les projets sur lesquels s’appuie la proposition marocaine font partie d’une vision de développement à long terme qui prend en considération, certes, les engagements pris par le Maroc envers cette instance footballistique internationale, mais qui reste une stratégie nationale et autodynamique dont la mise en œuvre n’est soumise à aucun facteur extérieur. L’attribution de l’organisation de la coupe du monde 2026 pourra accélérer le rythme de développement du Maroc.
Par contre, un vote négatif et ce que nous ne souhaitons pas, n’aura aucun effet sur la concrétisation des projets consignés dans l’offre marocaine.
Fort du soutien de plusieurs pays amis dont notamment la France, les pays arabes et africains, entres autres, le Maroc est déterminé à aller jusqu’au bout, malgré les difficultés auxquelles il doit faire face dont la grille d’évaluation et le système de notation adoptés par la FIFA.
Après la visite au Maroc des 5 membres de la Task Force , du 16 au 19 avril 2018,une autre délégation composée de 4 experts hautement spécialisés de la FIFA a séjourné au Maroc, du 24 au 26 avril, en vue de demander de plus amples détails sur les projets de construction des nouveaux stades, l’adaptation des stades existants aux normes de la FIFA, le concept des stades modulaires et l’augmentation des capacités d’hébergement. A ce sujet, Il sied de préciser que la Task Force de la FIFA est un groupe de travail dominé par de hauts administrateurs qui a été doté du droit d’éliminer un dossier avant le vote final.
Ce pouvoir exorbitant attribué à la Task Force et les changements de dernière minute concernant les critères d’évaluation des candidatures ont poussé le président de la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF) à envoyer, le 25 mars dernier, une lettre à la FIFA dans laquelle il a estimé que le processus de désignation du pays organisateur de la coupe du monde 2026 n’est pas équitable. Selon le patron de la FRMF, neuf nouveaux critères adoptés par la FIFA risquent d’avoir un impact négatif sur l’offre marocaine.
Evidemment, le comité de candidature du Maroc a le plein droit d’interpeller la FIFA pour lui signifier ses inquiétudes et ses appréhensions chaque fois qu’il estime que celle-ci prenne des décisions en contradiction flagrante avec son statut de juge neutre et impartial. Mais cela ne veut nullement dire que le Maroc s’arroge le droit, fortement nuisible, de ne pas prendre en considération les exigences, les critères et la philosophie générale de la FIFA, bien qu’elle soit une organisation soumise à la logique purement libérale, voire mercantile.
Les exigences et le cahier des charges de la FIFA : des règles impératives à respecter pour ceux qui aspirent adhérer au club des grands
En faisant sortir de sa réserve le président de la première puissance mondiale, le Maroc a administré la preuve que son dossier est solide, sérieux et crédible. Le Maroc aurait ainsi gagné une première bataille.
Certes, on a le droit de se réjouir des victoires et de savourer les triomphes, mais on a l’obligation, aussi, d’être objectif et réaliste et accepter volontairement de réagir d’une façon positive et sereine aux remarques et aux critiques même si celles-ci s’avèrent gênantes ou en contradiction avec le message officiel. Les rapports publiés par des ONGs internationales sur les droits de l’Homme au Maroc ne sont pas tous inéquitables et non objectifs.
La conception classique et rigide de la souveraineté des Etats n’est pas toujours un argument à faire valoir chaque fois qu’il y aurait une erreur d’appréciation, mal appréciée par des pays étrangers. La promotion et la protection des droits de l’Homme n’est pas une question purement interne, c’est une exigence imposée par les démocraties occidentales qui dominent le monde. Qatar et malgré sa richesse financière colossale a finalement compris que les droits de l’Homme et surtout les droits des travailleurs étrangers est une question sacrée qu’il faut bien respecter.
La non conformité des stades avec les normes de la FIFA, relevée par la TASK Force, doit inciter le Maroc à revoir de fond en comble les critères de désignation des responsables et instaurer un système démocratique de nomination aux postes de responsabilité où seuls les critères de compétence et de mérite doivent primer. Il est inacceptable que des stades, nouvellement construits, soient non conformes aux normes de la FIFA.
Le Maroc a dû savoir que le développement des infrastructures sportives et autres sont une condition nécessaire mais non suffisante pour l’attribution d’une phase finale de la coupe du monde. Ce privilège ne peut être attribué qu’aux pays actifs, forts et utiles pour les superpuissances. Des pays respectant les valeurs occidentales dans leur globalité. Comprendre parfaitement ces exigences et s’engager à les respecter pourraient constituer, déjà, une victoire pour le Maroc.
Par Ahmed Saber pour Maghreb Canada Express, , pages 10 à 12, Vol. XVI, N° 05, Mai 2018