Le soutien récent du Royaume-Uni à la proposition marocaine d’autonomie pour résoudre le conflit artificiel autour du Sahara marocain a porté un coup dur au mouvement séparatiste et à son allié algérien.
C’est, en effet, un tournant majeur
L’adhésion du troisième pays, membre du conseil de sécurité des Nations-Unis au Plan d’autonomie proposé par le Maroc, que le Polisario et son parrain algérien rejettent jusque-là, fait vaciller le mouvement des séparatistes de telle façon que la peur de l’abondant progressif de son protecteur algérien, commence à le ronger. Une peur qui rend son implosion plus que probable.
Bénéficiant jusque-là d’un certain équilibre diplomatique, grâce au soutien algérien, le Polisario constate que ce temps est révolu depuis que les USA, l’Espagne, l’Allemagne, la France et aujourd’hui le Royaume-Uni, soutiennent le plan marocain d’autonomie. En effet, plus d’une centaine de pays reconnaissent aujourd’hui la souveraineté marocaine sur son Sahara et des dizaines de pays ont ouvert un consulat à Laayoune ou Dakhla.
Ce basculement diplomatique signifie qu’à l’échelle internationale, la cause indépendantiste est considérée comme dépassée. Le referendum d’autodétermination réclamé depuis un demi-siècle n’est plus à l’ordre du jour des grandes puissances: Faute d’accord sur le recensement, elles le considèrent comme irréalisable.
Face à ce désaveu, des divergences commencent à apparaître au sein du mouvement séparatiste. D’un côté ceux qui sont alignés sur la stratégie de l’Algérie et refusent tout compromis. De l’autre, un courant de cadres plus pragmatiques se fait jour et qui se demande si le plan d’autonomie ne serait pas une issue viable. Cet état de chose engendre pour la première fois, la peur d’un effondrement du mouvement, qui alimente des réflexions alternatives. En tout cas, le Polisario n’est plus uni comme il veut le paraître.
En effet, dans les camps de Tindouf, des générations sont nées et ont grandi dans des conditions économiques et sociales dégradantes, sans avenir clair et sans perspectives politiques. A l’exception de la propagande idéologique des responsables du Polisario, que connaissent-ils du Sahara et des tribus sahraouis dont ils sont issus ?
Cette jeunesse commence à se demander pourquoi sacrifier encore des années pour une cause qui ne retrouve plus d’écho; ni au niveau régional ni au niveau international.
Pour beaucoup de jeunes sahraouis des camps de Tindouf, si l’autonomie garantie des droits et offre des opportunités, elle pourrait être une voie concrète contrairement à l’attente interminable d’un referendum illusoire. Un changement de mentalité qui commence à faire basculer l’équilibre interne du mouvement séparatiste.
Cet état de choses, place le Polisario à la croisée des chemins : Poursuivre sur cette voie solitaire au nom d’une cause idéologique en perte de vitesse ou négocier un nouveau cadre plus réaliste, plus porteur pour une population qui vit dans des conditions misérables. C’est dire qu’il est temps que les dirigeants du Polisario comprennent qu’il ne s’agit plus d’un conflit territorial, mais désormais d’une bataille d’idées, d’orientation stratégique et, certainement de survie !
Quant à au parrain algérien, ses dirigeants se trouvent face à un dilemme: Maintenir leur soutien qui coute très cher économiquement et politiquement à leur peuple, ou accepter le fait que le monde ait changé de cap. Car, chaque déclaration pro-marocaine renforce leur isolement diplomatique; Un décalage qu’ils n’arrivent plus à masquer et qui, de fait, sape peu à peu la cohésion interne du mouvement séparatiste qu’ils soutiennent aveuglement.
Faut-il rappeler que ce dossier retarde la marche de l’Union du Grand Maghreb « UMA »? Un freinage qui coute selon la banque mondiale deux pour cent (2%) du PIB aux pays Maghrébins y compris l’Algérie. Quand on sait qu’une augmentation du PIB de un pour cent (1%) produit au minimum cinquante mille emplois (50.000) par an, le calcul est clair.
Les responsables algériens, savent que le monde a changé, mais n’arrivent pas à l’admettre.
Pourtant, ils savent aussi que leur persistance d’entraver une résolution pacifique de ce conflit, pourrait les conduire à un affrontement avec les grandes puissances, lesquelles pourraient inscrire le Polisario dans la liste des organisations terroristes; ce qui constituerait un fardeau énorme pour l’Algérie.
En outre, devant le refus de se conformer aux résolutions du conseil de sécurité de l’ONU, ce dernier pourrait également leur imposer une solution sous l’article 7 de la charte des nations-Unis, ce qui constituerait un danger réel pour le régime algérien. Une éventualité plausible dont ils sont certainement conscients. Alors, pourquoi cet entêtement ?
Il est temps, me semble-t-il, que les responsables algériens retrouvent la raison et réalisent que la solution de ce conflit, passe nécessairement par une négociation entre l’Algérie et le Maroc sur la base des résolutions des Nations-Unies et… Dans le cadre du plan d’autonomie proposé par le Maroc.
Par Saîd Charchira (1) pour Maghreb Canada Express, Vol. XXIII, N°03, page 6, Édition MAI_JUIN 2025
LIRE L’ÉDITION : MAI_JUIN 2025 (PDF)
Au sujet de l’auteur :
(1) Said Charchira est :
- ¨ Ex-professeur en Histoire politique
- ¨ Ancien directeur du Centre Européen de Recherche et d’Analyse sur la migration
- ¨ Auteur, acteur et observateur de la scène migratoire
Coordonnées :
- E-Mail: charchira@gmx.net
- Site: www.charchira.com