Et dire que la théorie du grand remplacement était née en France ; le pays qui a vu naitre la déclaration des droits de l’homme. Grand paradoxe ! La France a joué un rôle important dans l’élaboration du droit international des droits de l’homme. Cependant, la France s’est vue à de nombreuses reprises condamnée par les organisations internationales des droits de l’homme.

Il se trouve que  le père de la théorie du grand remplacement est français. « Le Grand Remplacement est le choc le plus grave qu’ait connu notre patrie depuis le début de son histoire puisque, si le changement de peuple et de civilisation, déjà tellement avancé, est mené jusqu’à son terme, l’histoire qui continuera ne sera plus la sienne, ni la nôtre. » C’est en ces termes alarmistes que l’écrivain Renaud Camus, proche du Front national, a lancé en septembre 2013, un manifeste intitulé : « Non au changement de peuple et de civilisation ».

Depuis deux ans, cette « théorie du remplacement » du peuple français « de souche » par d’autres peuples, principalement venus du Maghreb et d’Afrique, connaît une popularité grandissante dans les milieux d’extrême droite, voire de droite. Cet écho mérite qu’on s’y arrête, car cette théorie cristallise des peurs profondes et des discours de plus en plus radicaux.

L’Attentat de Christchurch

Le 15 mars 2019, un terroriste australien de type caucasien perpètre un lâche et horrible attentat meurtrier contre deux mosquées de la ville de Christchurch, en Nouvelle-Zélande. Cet attentat islamophobe est la pire tuerie de masse de l’histoire de la Nouvelle-Zélande : Pas moins de cinquante et une personnes ont perdu la vie et autant de blessés dont une dizaine entre la vie et la mort. Un effroyable massacre. Un acte barbare d’une horreur absolue. Cet odieux attentat a immédiatement suscité une très forte réprobation dans le monde entier.

Un Adepte de la théorie du « grand remplacement »

L’auteur du carnage y évoque Renaud Camus, le théoricien du « grand remplacement», du titre du livre qu’a publié l’écrivain français en 2011. Dans les heures qui ont suivi le drame, Renaud Camus a dénoncé les deux attaques, les qualifiant de « terroristes, épouvantables, criminelles, désastreuses et imbéciles ».

Dans son manifeste, le suspect motive ses attaques en estimant combattre ce qu’il juge être une submersion culturelle des peuples européens blancs par l’immigration, multipliant notamment les références à la France, étape clé de son cheminement. Il se déclare « fasciste », dénonçant un « génocide blanc » avec des références aux thèses suprématistes.

Il ajoute également s’être inspiré d’Anders Beiring Breivik, l’extrémiste de droite norvégien qui avait tué 77 personnes en 2011 à Oslo et sur l’île d’Utoya. « J’ai eu seulement un bref contact avec le Chevalier Justicier Breivik, et reçu une bénédiction pour ma mission après avoir contacté ses frères chevaliers« , écrivit-il.

Comme Breivik avant lui, le tueur de Christchurch ose dans son texte faire la comparaison avec Nelson Mandela, disant même s’attendre à recevoir un jour, comme lui, le prix Nobel de la paix. Le Norvégien avait lui aussi publié un manifeste (de plus de 1.500 pages) avant de commettre son attentat.

De nombreuses références à la France

Le tireur confie avoir prémédité son geste il y a deux ans, lors d’un voyage « en tant que touriste en Europe de l’Ouest, en France, en Espagne, au Portugal et ailleurs ». L’attaque au camion de Stockholm, en avril 2017, serait l’un des déclencheurs de sa radicalisation, tout comme la défaite à l’élection présidentielle de Marine Le Pen face à Emmanuel Macron, qu’il qualifie de « mondialiste anti-blanc ». « La situation politique en Europe m’était impossible à accepter. Ma foi dans une solution démocratique s’est évanouie », avance-t-il. Il se montre toutefois sévère avec le Front national (devenu Rassemblement national), qu’il qualifie plus loin de « parti de chiffes molles nationalistes, totalement impuissants à créer un réel changement et sans plan viable pour sauver leur nation« .

Des Néo-Zélandais exemplaires

Des centaines de Néo-Zélandais ont entamé les démarches pour rendre leurs armes, dans la foulée de l’interdiction de la vente des fusils d’assaut et armes semi-automatiques en réponse à la double tuerie des mosquées de Christchurch, a annoncé la police.

Immédiatement après le carnage, la Première ministre Jacinda Ardern avait annoncé un durcissement d’une législation qui avait permis au tueur d’acheter en toute légalité l’arsenal ayant servi à l’attaque, y compris des armes semi-automatiques. L’interdiction de vendre ces armes est entrée en vigueur et une période a été décrétée pour la restitution des armes.

Deux jours après la tuerie, les «kiwis» débordent de solidarité envers la communauté musulmane de Nouvelle-Zélande, et rendent hommage aux victimes de l’attentat.

C’est une réaction à la mesure de l’horreur. Depuis 48 heures, c’est tout un pays qui se mobilise : des cagnottes en ligne, pour soutenir les proches des victimes, ont été créées dans les heures qui ont suivi l’attentat, plus de cinq millions de dollars néo-zélandais (3,5 M€) ont été récupérés. Des dons massifs de nourriture halal ont également été organisés, à tel point que les lieux de dépôt ont dû adresser un message à la population pour leur dire de ne plus rien ramener, pour éviter le gaspillage.

Et sur les réseaux sociaux, ont également fleuri des propositions spontanées à l’intention de musulmans, qui auraient eu peur de se déplacer seuls, de les accompagner dans leurs trajets du quotidien.

D’autres offrent plus simplement du réconfort. C’est le cas de ce groupe de femmes maories, qui, en apercevant un homme pleurer à chaudes larmes devant le mémorial qui a été érigé à proximité de la mosquée Al-Noor, se mettent à l’entourer puis à chanter en chœur une oraison funèbre, avant de le prendre dans leurs bras.

Des fidèles de l’Église anglicane de Christchurch ont prié dans ce qui est surnommé leur « cathédrale en carton », bâtie après un terrible séisme survenu en 2011. « Nous nous tenons solidaires de la communauté musulmane », a déclaré le doyen Lawrence Kimberley.

A qui profite la haine ?

Une chose me taraude : ce terroriste abject, je n’ai pas envie de le nommer dans cette article, tellement il m’inspire du dégoût, affirme s’être rendu dans des « villes de taille moyenne de l’Est de la France ». « Dans toutes les villes françaises, dans tous les villages français, les envahisseurs étaient là« . Ce qui est totalement faux ! Car s’il y a un endroit où les musulmans sont rares c’est dans l’Est de la France. Je me souviens qu’une fois, le FN a battu le record des voix dans une petite ville de l’Est où il y a zéro immigré.

Il faut dire aussi que des personnes comme Éric Zemmour, et Alain Finkielkraut, adeptes de la théorie de remplacement, (on le voit bien dans leurs livres qui se vendent comme des petits pains), contribuent énormément à la montée de l’extrémisme blanc en France et dans le reste du monde. Ce terroriste en est la preuve.

Attentat terroriste et danger international

Un réseau terroriste droitier secret, comprenant des centaines de membres, a été démasqué au sein des forces armées allemandes. Ce réseau, dont les membres sont protégés par le système judiciaire, avait des plans détaillés pour assassiner des personnalités en vue du gouvernement et attaquer des organisations juives et musulmanes.

Aux États-Unis, les démocrates et les républicains ont cherché à faire des immigrés les boucs émissaires de la crise sociale en Amérique. Ils se servent tous deux de la politique de l’ethnicité dans le but de diviser la classe ouvrière.

Le président Trump, que Tarrant a décrit comme «un symbole d’identité blanche renouvelée», a cherché à cultiver une base fasciste. Dans un message de solidarité adressé à sa base fasciste, Trump a déclaré aux journalistes, après l’attaque de Christchurch, qu’il ne considérait pas le « nationalisme blanc » comme une menace.

Malgré tout ça, j’ai foi en la jeunesse, et je suis sûr que cette dernière, va  sauver ce monde, en écartant ces vieux dinosaures fascistes à l’image de Trump.

Je pense à la jeune Suédoise Greta Thunberg, vedette de la lutte contre le changement climatique, qui se demande pourquoi elle va à l’école, alors que le monde va partir en éclat à cause des industries qui mettent à mal ce monde où nous vivons pour faire du profit à n’importe quel prix.

Ni un chef d’Etat tonitruant, ni un millionnaire flamboyant ou un patron innovant : la vraie vedette de l’édition 2019 du Forum de Davos,  Greta Thunberg, 16 ans, deux longues nattes, et une détermination à sauver la planète qui a impressionné l’élite mondiale, et qui je l’espère va entrainer avec elle, des millions de jeunes, voire des milliards à travers le monde pour prendre soin de cette terre qui va à la dérive.

« Dans la haine nazie, il n’y a rien de rationnel. Nous ne pouvons pas la comprendre ; mais nous pouvons et nous devons comprendre d’où elle est issue, et nous tenir sur nos gardes. Si la comprendre est impossible, la connaître est nécessaire, parce que ce qui est arrivé peut recommencer, les consciences peuvent à nouveau être déviées et obscurcies : les nôtres aussi. » (Primo Levi , Nous devons savoir …)

Par Mustapha Bouhaddar pour Maghreb Canada Express,, pages 12 et 13, Vol. XVII, N°4 , Avril 2019.

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ÉDITION AVRIL 2019

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