Décidément depuis l’apparition du coronavirus, le climat et l’environnement ne cessent de s’améliorer.
En effet, vu le nombre d’avions cloués au sol, la vente de vélos en augmentation exponentielle et les usines qui fonctionnent au ralenti, l’air est moins pollué. Il faut ajouter à cela l’implication des gens dans l’environnement, et ce, en équipant leurs foyers de chauffe-eau solaire, et d’appareils photovoltaïques.
Par ailleurs, et récemment, le skipper franco-suisse Yvan Bourgnon a imaginé avec le Manta un voilier géant, véritable centre de tri, de recyclage et de dépollution sur l’eau !
Le Manta pourrait très bientôt naviguer dans les estuaires ou au large des littoraux, au plus près de la source des déchets qui peuvent encore être récupérés et recyclés. Ce voilier de 56 mètres de haut pour 26 mètres de large est né de l’imagination de Yvan Bourgnon, le skipper qui après avoir parcouru toutes les mers du globe, fut le témoin direct de la pollution de l’océan.
Du carbone à la mer
D’après Boštjan Videmšek de « GEO Magazine », en Norvège, un nouveau procédé est testé actuellement pour enterrer le dioxyde de carbone sous le plancher marin. En effet, à Klemetsrud, des panaches de fumée blanche s’échappent de l’incinérateur de déchets de Fortum Oslo Varme, le plus grand de Norve?ge. Cette usine cogérée par le Finlandais Fortum et la ville d’Oslo produit 400 000 tonnes de dioxyde de carbone par an, soit 20 % des émissions de la capitale. Mais, depuis août 2018, le site abrite un projet de captage et de stockage du carbone – dit CSC – qui pourrait bientôt faire disparaitre cette pollution. Le procédé?, breveté? par l’entreprise pétrolière Shell, consiste d’abord a? capter le CO2 issu de la combustion des déchets.
Dans l’unité? pilote de l’usine, ou? sont effectués les premiers tests, 1000 tonnes de dioxyde de carbone ont déjà? été? re?cupe?re?es. Puis, le CO2 a été? «nettoyé?» a? l’aide d’une solution aqueuse d’amines. Résultat: plus de rejets polluants mais de la vapeur d’eau a? 99,78 % (et 0,22 % d’oxyde d’azote, ainsi que d’oxyde et de dioxyde de carbone). Au-delà? de la phase test, l’idée consiste a? liquéfier et embarquer le CO2 jusqu’a? une plateforme pétrolière, d’ou? il sera injecte? via des pipelines a? environ 3 000 m sous le plancher marin.
Enterrer le CO2 ?
Les experts du GIEC ont déjà? inclus cette solution, parmi d’autres, dans leurs scenarios pour limiter le réchauffement climatique a? 1,5 °C.
Le parlement norvégien se prononcera cette année sur le financement de ces installations (environ 1,3 milliard d’euros pour deux sites) et leur démarrage a? l’horizon 2024.
Un nouveau filon qui pourrait rapporter gros car d’autres pays, comme le Royaume-Uni, envisagent d’enterrer leur CO2 : «Nos capacités de stockage en mer du Nord sont quasi illimitées, affirme Martin Anfinnsen, le directeur commercial d’Equinor (le consortium en charge du transport et du stockage). Au lieu de réchauffer le climat, le CO2 sera stocke? en toute sécurité? sous le fond de l’océan. Selon le ministère norvégien du Pétrole et de l’Energie, la Norvège pourrait stocker a? elle seule 400 millions de tonnes de CO2 par an a? l’horizon 2050, l’équivalent des émissions de la France (1 % des émissions mondiales).
Vers un monde post carbone
Une alternative crédible aux énergies fossiles est-elle possible ? Pour quels pays ? Avec quels inconvénients ?
La Norvège est un curieux pays, il doit sa richesse aux énormes gisements d’hydrocarbures exploités en mer du Nord depuis les années 1970 mais sa capitale, Oslo, a été désignée la capitale verte de l’Europe en 2019. Il est le huitième producteur mondial de gaz et le quatorzième de pétrole, ressources qui représentent 20 % de son PIB et 67 % de ses exportations, mais il affiche une belle longueur d’avance sur toute l’Europe en matière de mobilité sans moteur à combustion : la voiture électrique y rencontre un succès fou. Son gouvernement, ambitieux, l’un des pionniers mondiaux de la taxe carbone en 1991, a même prévu l’interdiction pure et simple de la vente des véhicules à essence ou diesel d’ici à 2025 !
Enfin, classée numéro 1 (sur 153 pays) du dernier Good Country Index, qui évalue la performance des politiques environnementales des États, la Norvège est pourtant encore l’un des sept plus gros pollueurs de la planète, en termes d’émissions de carbone. Alors comment les Norvégiens, rois européens du pétrole, ont-ils fait pour devenir rois de l’électricité ?
Dans les rues d’Oslo, la capitale, quand le feu passe au rouge, il n’est pas rare de voir s’arrêter une file de véhicules électriques et hybrides, Tesla, e-Golf ou encore Nissan Leaf. En septembre 2018, pour la première fois, les Norvégiens ont acheté plus de voitures électriques, hybrides (et, marginalement, à hydrogène) que de véhicules à essence.
En mars 2019, 58,4 % des nouvelles immatriculations concernaient des véhicules «propres». La ville entend réduire ses émissions de CO2 de 95 % avant 2030 par rapport à 2009, objectif qui dépasse de loin les engagements pris lors de l’accord de Paris (moins 40 % d’émissions avant 2030 par rapport à 1990).
Pour conclure, le reporter Slovène Boštjan Videmšek et son compatriote le photojournaliste Matjaž Krivic ont mis le cap sur la Norvège. Pour Boštjan, un habitué des terrains dangereux (Irak, Soudan, Gaza…), c’était une destination presque insolite. Matjaž, lui, se souvient de Kirkenes, au nord-est du pays, en janvier 2019 : « Les aurores étaient féeriques, mais la température, de 3°C, était trop élevée pour la saison…Leur mission : donner à voir la transition énergétique de l’intérieur. Le royaume scandinave se veut à l’avant-garde de la civilisation « post carbone » et mise sur la mobilité électrique pour réduire ses émissions polluantes. Ironie de l’histoire : c’est avec les revenus tirés des hydrocarbures que la Norvège, monarchie pétrolière, finance sa transition énergétique…
A bon entendeur salut !
Par MUSTAPHA BOUHADDAR pour Maghreb Canada Express, Vol. XIX, N°02 , page 13 , Février 2021