Photos : A. El Fouladi (MCE)

J’ai fait la connaissance de ce vilain petit « Cafard », qui est le scarabée japonais, il y a environ 3 mois.
Ce fut vers la fin de juin dernier quand un couple de retraités était en train de scruter la haie entourant notre jardin. Ce fut l’époux qui s’empressa de m’éclairer :Cette année, ils sont arrivés plutôt que depuis leur première apparition ici , à Sherbrooke, il y a environ deux ou trois ans, dit-il en me montrant deux scarabées en plein accouplement sur la feuille de la plante grimpante. Puis il tendit les doigts, saisit les deux insectes et les écrasa l’un contre l’autre.

Voyant mon dégoût s’afficher sur ma face, Il crut bon de souligner qu’ils ne mordent pas. On a donc le choix soit de les écraser soit de les noyer dans de l’eau savonneuse car aucun insecticide selon lui ne vient à bout de ces bestioles.
Comme je n’ai jamais vu cet insecte auparavant; ni ici au Canada ni ailleurs, la première réflexion qui m’est venu à l’esprit, pour expliquer sa présence ici fut le changement climatique. En effet, parmi l’impact du réchauffement de la planète on souligne, entre autres, que la hausse de température pourrait obliger des espèces vivant en basses latitudes de migrer vers les pôles (animaux sauvages, insectes, poissons…)

Dispersion géographique

Mais une fois le « Cheikh Google »‘ consulté (Sites WEB du Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, wikipedia, jardinierparesseux.com…) j’ai eu la surprise d’apprendre que cet insecte fut vu pour la première fois au Canada dès 1939. Et ce fut le voisin du Sud paraît-il qui nous envoya ce cadeau empoisonné que lui-même avait reçu (par accident) de l’Asie-de-l’Est, et ce, dès 1916 ! Aujourd’hui toute la côte nord-américaine est infestée et l’invasion s’étend en profondeur sur 30 états.

En ce qui concerne le Canada,  » Les provinces de l’Ontario, du Québec, du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et de l’Île-du-Prince-Édouard ont été déclarées zones réglementées pour le scarabée japonais en vertu de la Loi sur la protection des végétaux.  » (Source : wikipedia)

Jusqu’à tout récemment cependant, la présence de ce « parasite » semble être très localisée, surtout en Estrie. En effet, une paroisse pourrait être complètement infestée alors que la paroisse voisine pourrait n’avoir aucun dégât. Ceci serait dû aux préférences gastronomiques et de reproduction de l’insecte; lequel a une attirance toute particulière pour certaines espèces (roses, plantes grimpantes, vivaces…) et passe à côté d’autres espèces (conifères par exemple).
Personnellement, j’ai remarqué que dans notre potager, il ne s’attarde jamais sur les laitues, les concombres, les tournesols, la menthe, les citrouilles…) mais s’affaire à transformer en squelettes une bonne partie des feuilles de quelques arbres et plantes grimpantes de la haie vivace, et ce, pas plus de 10 mètres plus loin !

Lutte contre le scarabée japonais

Photos : A. El Fo uladi (MCE)

Il semblerait qu’une fois adulte, cet insecte n’a plus aucun prédateur naturel… À part bien-sûr certains retraités en mal de passe-temps ou certains jardiniers enragés et engagés, avec leurs bols d’eau savonneuse, dans une lutte de David contre Goliath; s’acharnant à vouloir éliminer, en le noyant, ce Goliath plus petit que nature mais qui passe son temps à se reproduire (quand il n’est pas occupé à dévorer feuilles, fleurs et fruits). D’autres essaient de capturer vivants ces petits monstres en installant des pièges à phéromones (Photo ci-contre). Mais ces pièges attirent plus ces insectes vers les plantes avoisinantes que dans leur sac vert.

Couper le mal à la racine

Reste alors l’action directe ; chimique ou biologique contre les larves du scarabée japonais. Celui-ci a la fâcheuse habitude de pondre ces larves dans les pelouses de gazon; ce qui les ammène à se nourrir des racines de cette plante, grandir, remonter à la surface ou creuser ensuite jusqu’à une trentaine de centimètres plus profondément pour échapper aux rigueurs de l’hiver, remonter ensuite à la surface en été , se nourrir des plantes basses pour remonter ensuite en hauteur car ce coléoptère adore le soleil et la chaleur !

Selon le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, « le chlorpyriphos et l’isophenphos sont les deux principaux produits qui peuvent être utilisés. L’isophenphos peut éliminer 100 % des larves jusqu’à 250 jours suivant son utilisation ». Selon cette même source, et à défaut des insecticides ci-hauts mentionnés, on peut faire appel à des nématodes prédateurs des larves. « Deux espèces en particulier, Neoaplectana carpocapsae et Heterorhabditis heliothidis, peuvent tuer les larves, et ce, avec une efficacité pouvant atteindre 90 % » Fin de citation.

Par Abderrahman El Fouladi

pour Maghreb Canada Express, Vol. XIX, N°08 , page 08 , Août 2021

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