Le digital  appliqué à la communication politique a fait ses preuves et secoue de plus en plus les pronostics dans toute les sociétés qu’elles soient à la pointe de la technologie ou en voie de développement.

Abderrazaq MIHAMOU
Expert digital & organisation

Le Maroc durant la compagne des élections du 8 septembre 2021, n’a pas échappé à ce mode opératoire. En effet, nous avons vu surgir des profils présents sur les réseaux sociaux pour agir sur l’opinion des électeurs en influençant les tendances. Ainsi ils s’y prennent en expliquant des programmes via des podcasteurs ou en  mettant à plat soit les  réalisations,soit les échecs des candidats.

Ce néo métier d’influenceur en vogue actuellement, utilisé jusqu’à présent pour la promotion des services et des produits, touchant un grand nombre d’internautes, contribue à la croissance de la marque et à sa notoriété.Mais il peut également intervenir en cas de crise où il est primordial de prendre position rapidement. Il a ainsi un rôle de protection de l’image et de la réputation de l’entreprise. L’exemple le plus frappant au Maroc fut celui de la campagne de boycottage menée en 2018 à travers les réseaux sociaux sur les produits de la Centrale Laitière et Danone et qui a coûté à l’entreprise une chute de son chiffre d’affaire de près de 50%.

Aujourd’hui,la scène politique au Maroc, n’a pas échappé à ce phénomène qui a eu ces galons avec la pandémie du COVID 19 et les restrictions imposées par le couvre-feu à partir de 21H, au détriment  des meetings habituels pour la campagne électorale.

Pour information il y a plus de  28 millions  d’internautes au Maroc, dont plus de 22 millions d’utilisateurs de médias sociaux,autrement dit  59,3% de la population, en considérant cependant les personnes disposant de  plusieurs comptes internet. Selon une étude réalisée par NIEME il y a 22 millions d’utilisateur du net  avec une croissance permanente et un taux de pénétration de plus de 74%,près de 50 millions de connexions mobiles  sinon plus avec la COVID 19.

Ces chiffre donne une idée sur la présence des marocains sur le net. Ceci fait d’eux une proie des influenceurs du net. La campagne électorale n’a pas échappé à ce phénomène et s’en est trouvée de facto impactée.

Les résultats dans plusieurs régions du Maroc l’ont prouvé et dire que le PJD a été le premier parti à user des médias sociaux pour véhiculer son influence (voir article publié 2007 https://www.maghreb-canada.ca/journal/2007/n46_21.pdf).Mais ils se sont vus dépasser par la nouvelle génération d’influenceurs qui a occupé la place entre des indépendants (Mayssa Salama Ennaji et Said Abarnous) et les partisans du RNI, PAM et du PI. Ces derniers doivent une fière chandelle au digital vu le recrutement de jeunes portés sur le net et qui ont  drainé des jeunes votants en présentant  les  engagements et les mesures de leurs partis.

Les autres partis sont restés à la traîne quant à l’usage du net ou à l’absence d’influenceurs efficaces pour cette mission qui se professionnalise au Maroc.

Jamais dans l’histoire politique du Maroc nous n’avons eu autant de WEBINAIRES et de meetings numériques pour débattre des élections ou faire campagne permettant au citoyen lambda d’émettre son avis.

Les réseaux sociaux ont servi de  supports à des conversations politiques qui ont toujours existé, mais qui autrefois n’étaient pas visibles. Toutefois ces réseaux ont constitué  une nouvelle arène politique, qui collecte des idées du pour et du contre permettant d’influencer les indécis et drainer les jeunes autrefois loin de la politique.

Ce nouvel espace public à faciès numérique a maximisé la visibilité des candidats, sans contrôle de d’agenda des discussions comme c’est le cas dans l’espace audio-visuel contrôlé par la SNRT, l’application  WHATSAPP  ayant été utilisée même dans l’isoloir.

Désormais la « techno politique » via le  phénomène d’influence digitale s’est imposée en douce et se poursuivre sûrement, pour l’après élection. Il sera utilisé cette fois-ci pour faire le suivi de l’état d’avancement de la chose publique et permettra à tout un chacun d’être à la veille à travers un canal d’information libre et non maquillé. Le nombre de personnes influençables par ce média ne feront qu’augmenter dans le temps avec une prise de conscience générale, sans ingrédients fallacieux.

By AEF